someone like you. - idy 3

Jeff.

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03 Novembre 2034.

Je sors de l'ascenseur et lui fais signe de me suivre. Je ne l'emmène pas chez moi tout de suite, mais me dirige vers l'escalier de secours. Comme je le fais souvent depuis Chuseok, je retrouve ma cachette.

À Barnard Castle, j'ai le talus et à Londres, j'ai ces marches en acier. Même si c'est cocasse comme endroit, c'est devenu mon refuge. Je sais que je pourrais juste rester dans ma chambre, mais j'ai besoin d'être dehors, de respirer et de ne plus être dans l'environnement de Dae.

Je m'installe sur la même marche que les fois précédentes et comme toujours, mon regard fait un état des lieux. La cour en contrebas et les appartements allumés en face. Je soupire et resserre mon écharpe autour de mon cou. Le froid a commencé à bien prendre ses aises ici. Puis finalement, je me tourne vers Jeff. Il s'est lui aussi assis, mais un peu plus bas.

Il a débarqué par surprise, il y a trois heures au restaurant, son sac à dos à l'épaule en m'affirmant qu'il venait en pèlerinage pour se changer les idées pendant ses révisions. Je le soupçonne surtout de s'inquiéter pour moi. C'est ce que font les amis et je le comprends totalement puisque je donne de moins en moins de nouvelles à lui et Hugo depuis de nombreuses semaines. Mais ce qu'il n'a pas saisi, c'est qu'il faut en avoir.

Tout ce qu'il y a de nouveau et de bien dans ma vie, c'est mon amitié avec Ezra et je n'ai pas envie de faire face à toutes leurs questions. J'ai déjà assez des regards interrogateurs de Dae. Malheureusement, je n'y échapperai pas pendant son séjour ici. Le sujet viendra forcément sur le tapis à un moment ou à un autre.

— Je t'avouerai que je m'attendais plus à visiter ton appartement plutôt que l'escalier de secours, tente-t-il de plaisanter quelques minutes plus tard.

Un ricanement passe mes lèvres.

— Je me doute, mais je sais que Dae est là et... je crois que j'avais envie de te parler sans qu'il puisse nous entendre.

— Je comprends.

Je replie un peu les jambes contre moi et pose les bras sur mes genoux. Il est tard, ayant fini mon service du soir, il y a moins d'une demi-heure. Quelques fenêtres d'immeubles aux alentours s'éteignent pour la nuit.

— Comment ça va ? m'interroge mon meilleur ami.

Je hausse les épaules, n'ayant pas réellement de réponses à lui donner. Je ne sais plus comment je me sens depuis une éternité. Je n'essaie même pas d'en avoir une.

— Le temps passe lentement.

— Ça va si mal que ça avec ton frère ?

— On en est arrivés à un point où on ne s'adresse plus la parole.

Il tend son bras pour pouvoir me presser la cuisse amicalement et ainsi me montrer son soutien. Ça me fait du bien de ne pas être seul.

— Il faut que j'arrête de me plaindre. Je suis responsable de tout ce qui se passe.

— Et en quoi tu le serais ? s'étonne-t-il.

— Si je n'étais pas le lèche-cul de mes parents comme me l'a balancé Dae, j'aurais peut-être eu le courage de leur dire merde et de le laisser gérer sa vie.

— Je ne pense pas que ce soit juste une question de courage, Sun, me déclare-t-il en retirant sa main.

Je tourne la tête vers lui. Il observe le bâtiment en face de nous, ne m'accordant pas le moindre regard en continuant de me parler :