textos.

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Nuit du 25 au 26 Novembre 2034.

Un mal de crâne carabiné semble commencer à pointer son nez quand Ezra déverrouille la porte d'entrée. Finalement, l'alcool n'a peut-être pas eu de l'effet que sur mes collègues. Je grimace en me maudissant de ne pas avoir grignoté des trucs pendant les différentes tournées.

— Tu dois envoyer un message à ton frère, m'annonce Ezra en pénétrant dans l'appartement.

Je l'observe retirer ses chaussures avant de prendre Crumpet dans ses bras alors que ce dernier était venu l'accueillir.

— Tu n'as pas eu trop peur, Crumpy ?

Ezra baisse la tête. Pancake passe entre ses jambes pour lui signifier que lui aussi voudrait bien un peu de son attention.

— Mais non, tu as Pancake maintenant, hein ?

À l'écoute de ce monologue, je ne peux m'empêcher de sourire, attendri. Dans mon entourage, il est le seul que je connaisse qui pourrait agir ainsi. Comme si ces animaux étaient des êtres humains. Ses amis. Sa famille. Peut-être parce que c'est un peu la vérité...

Je me reprends enfin lorsqu'il repose son chien pour pouvoir enlever son hoodie. Il porte un simple t-shirt noir. Celui qu'il utilise pour dormir. Comme le reste de sa garde-robe, il est beaucoup trop large pour son corps fin. Mon regard tente de découvrir ce qu'il se cache sous ce vêtement quand il va remettre l'oreiller de Pancake sur le bord de la fenêtre. Mais rien à faire.

Ce n'est pas que ce soit très important et encore moins parce que je suis en manque. De ce côté, tout va bien pour moi. Mais sa manière de s'habiller ou même sa relation avec son corps me donne l'impression qu'il se dissimule, se dénigre. Consciemment ou pas, je l'ignore. J'ai peut-être totalement tort, mais je suis incapable d'avoir cette conversation avec lui. Il n'est pas prêt, je pense.

— Sunny...

Sa voix me ramène au moment présent et je réalise que je suis toujours planté dans l'entrée et que je n'ai pas fermé la porte derrière moi. Je m'exécute aussitôt avant de poser à nouveau mes yeux sur lui. Ses sourcils froncés m'informent qu'il s'inquiète pour moi. Je lui souris alors pour le rassurer puis retire ma veste et mes chaussures. J'essaie ensuite de détourner son attention de mon comportement bizarre :

— Pourquoi je dois envoyer un message à Dae ?

Parler de mon frère ne va peut-être pas arranger mes affaires, mais bon... Qui ne tente rien, n'a rien ! Je m'approche de lui tandis qu'il me répond :

— Pour lui apprendre que tu es vivant et à peu près en bonne santé...

— Je suis en bonne santé, répliqué-je.

— Ouais, dis ça au toi qui es resté planté à la porte pendant cinq minutes.

— Je pensais !

— C'est ça...

Il caresse ma joue et sous son geste, je ferme les paupières, profitant de sa douceur.

— Écris-lui.

J'ouvre les yeux et les pose sur Ezra. Sa bouille. Son regard tendre. La pureté de ses traits. Il est beau, oui. Mais il y a quelque chose en plus. Il dégage ce truc qui me rend dingue, mais sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt.

— Il était inquiet, poursuit-il pour me persuader.

Instinctivement, je ricane.

— Dae ? Inquiet pour moi ? Laisse-moi en douter !

— Si je te le dis !

Je hausse les épaules en faisant une moue peu convaincue. Ça serait bien une première que mon petit frère stresse pour moi. Je me dirige vers la cuisine pour me prendre de l'eau. J'ai la sensation d'être complètement déshydraté.

someone like you. - idy 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant