limonade.

1.2K 155 133
                                    

26 Novembre 2034.

L'air envahit l'espace et me fait bouger la tête en rythme, les yeux fermés. Quand je me suis assis dans le salon, j'ai lancé une playlist au hasard. J'ignore les titres voire, dans certains cas, le nom des artistes, mais ça ne m'empêche pas de savourer chaque chanson. Cette ouverture d'esprit musicale, je la dois à Dae. Pour danser, il mettait tout le temps la radio ou des vidéos sur internet à fond à la maison, nous faisant profiter des sons en tout genre.

Je bâille, sans prendre la peine de cacher ma bouche grande ouverte derrière ma main avant de porter mon regard sur Crumpet qui tourne en rond dans le salon. Je souris en le voyant faire. Pancake, de son côté, est allongé sur moi, à ronronner doucement.

— Calme-toi, Crumpy, soufflé-je en caressant la fourrure de mon chat.

Si certaines personnes s'imaginent que les animaux n'ont pas de sentiment ou de pensées, c'est qu'elles ne connaissent pas ce chien. Il est adorable, mais surtout il tient tellement à Ezra. Dès que ce dernier part, Crumpet est comme perdu et je parierais presque qu'il est inquiet pour lui. C'est affolant et beau aussi de voir ce lien entre eux.

— Il va revenir !

Il s'arrête de trottiner dans la pièce, face à moi. Il penche la tête sur le côté en me regardant puis finalement vient se coucher aux pieds du canapé. Qu'est-ce que je disais ? Il comprend tout, c'est incroyable. Je lève les bras en l'air, les mains liées et laisse la position faire craquer quelques articulations de mon corps endolori. Je grimace.

Je sursaute de peur lorsque la porte d'entrée s'ouvre sur un Dae fatigué. Il retire ses chaussures en refermant derrière lui. Il me salue du bout des lèvres quand il se dirige vers sa chambre. Il disparaît dans la pièce. Crumpet qui avait relevé la tête à cette arrivée croyant que c'était son maître, reprend sa place initiale.

— Ouais, je suis déçu aussi, murmuré-je.

Mes bras se baissent tandis que je soupire. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me saute au cou comme il le faisait quand il avait huit ans. Cependant, après hier, je pensais que nous avions passé un cap important. Que nous redevenions amicaux, mais il semblerait que je me sois trompé sur toute la ligne. Ça ne serait pas la première fois, il faut dire.

Je bascule la tête en arrière. Mon pied commence à taper le rythme quand Dae ressort de sa chambre. Il me rejoint, son portable à la main. Il s'installe à l'autre bout, tourné vers moi. Les jambes contre lui, il plie ses bras sur le dossier du canapé et pose son crâne dessus. Vu les cernes qui courent sous ses yeux, aucun doute, il est fatigué, mais il lance tout de même la conversation en m'interrogeant :

— Ezra n'est pas là ?

Mon regard fait le chemin entre lui et sa chambre avant de revenir sur lui. Je mets quelques secondes pour réaliser que je ne suis pas en plein rêve. Surtout que Dae n'a pas son masque de méfiance mêlée à de l'insuffisance. Il est calme, serein et ouvert. Je déglutis et lui réponds enfin :

— Non, il... Il travaille cette nuit.

— Oh d'accord...

Il baille et se frotte le visage. On dirait un enfant et moi, ça m'attendrit.

— Elle a dû être cool ta soirée, dis-je, avec une pointe d'incertitude.

Cela fait tellement longtemps que nous n'avons pas eu une conversation normale que j'ignore ce que nous pouvons nous dire, ce qu'il va accepter venant de moi... c'est compliqué tout ça !

— Bof... Je ne suis pas allé, m'affirme-t-il en retenant un autre bâillement.

— Pourquoi ?

Il hausse les épaules en fermant les yeux. J'ai l'impression qu'il va s'endormir comme ça, d'une seconde à l'autre.

someone like you. - idy 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant