someone like you. - idy 3

surprise.

17 Octobre 2034.

Depuis le dimanche où Ezra est venu à l'appartement, les heures sont passées avec une lenteur insoutenable. Grâce à lui, j'avais vécu ma meilleure après-midi en plus de deux mois à Londres. Pourtant, nous n'avions rien fait de spécial. Nous avions goûté, il avait adoré mes muffins. Puis tout en jouant avec les animaux, nous avions discuté.

Avec le recul, j'ai réalisé que tous les sujets me concernaient. Mon travail, mes parents, mes amis, mon déménagement, mes penchants musicaux... Pas une seule seconde, il n'avait dit un mot sur lui. J'avais, cependant, le souvenir de lui avoir posé des questions sur lui, mais il les avait toutes subtilement évitées.

Il m'avait fallu plusieurs heures après son départ pour m'en apercevoir. J'ignore ce que ça signifie sur moi, mais ça ne doit pas être bien beau. De plus, j'avais oublié de lui demander son numéro de téléphone. Maintenant qu'il était venu chez moi, il serait sûrement plus enclin à me le donner. Mais je l'avais laissé quitter l'appartement comme ça et je m'en veux. Comment j'allais faire pour le revoir ?

Je sais que ce n'est pas le moment de penser à ça. Dans moins de vingt minutes, je serai derrière mes fourneaux à préparer le déjeuner pour les clients. Il faut que je m'enlève tout ça de l'esprit pour ne pas avoir la tête ailleurs et me faire remonter les bretelles par le patron. Ça avait été déjà le cas hier et le samedi précédent.

Je tourne dans la ruelle du restaurant et me fige sur place, la main autour de la bandoulière de mon sac. Les premières secondes, je crois à une hallucination. Après tout, ça existe des personnes qui pensaient voir quelque chose devant eux à force de l'espérer. Mes paupières papillonnent longuement, pour être sûr et finalement, je me mets à sourire. Un immense qui me réchauffe le cœur.

— Quelle surprise ! lui lancé-je en reprenant ma marche vers lui.

Il a comme toujours la tête cachée sous un hoodie, mais je remarque quand même le coin de sa bouche se relever quand ma voix résonne entre nous. Il a les mains sur le guidon de son vélo, le tenant plus fermement que nécessaire.

— Salut, souffle-t-il simplement.

Il se mordille la lèvre, mal à l'aise.

— Tu es là pour Pancake ou moi cette fois ?

Ce n'est pas avec ça que je vais détendre l'atmosphère, c'est une certitude et pourtant, il ne fuit pas à toutes jambes, me déclarant :

— Toi.

Sa franchise me surprend, mais je me reprends vite.

— Ça me fait plaisir ! Je pensais justement à toi.

— C'est vrai ?

Je hoche la tête.

— Malheureusement, je ne peux pas trop discuter maintenant.

Je fais signe vers la porte du restaurant pour signifier que je dois aller bosser.

— Je sais... Mais je me demandais... Si on pouvait...

— Déjeuner ensemble quand mon service sera terminé ? lui proposé-je sans réfléchir en voyant son hésitation.

— Je... Je ne peux pas...

— Tu es déjà pris ?

— Non... Enfin... C'est juste que je n'ai pas...

Je comprends alors le souci. L'argent. Encore et toujours. J'aurais dû m'en douter avant de proposer. Ezra doit être étudiant. Donc même s'il a un travail, il ne doit pas rouler sur l'or en vivant dans cette ville.