promis.

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Nuit du 23 au 24 Décembre 2034.

Coincée entre mes poumons, cette douleur semble avoir attendu depuis des années, tapie dans l'ombre pour pouvoir me frapper au bon moment. Je ne sais plus quoi faire. Dae s'accroupit devant moi. Ses pouces caressent doucement mes joues. Son inquiétude est peinte sur ses traits fins. Je n'aime pas le voir comme ça et encore moins à cause de moi.

— Sun ? m'appelle-t-il, d'une petite voix me ramenant à la réalité.

— Ça va, dis-je par automatisme.

— Bien sûr, je vais te croire, réplique-t-il, ironique, en reprenant mes propres mots.

Il se redresse et s'éloigne de moi. Doucement, je tente de retrouver le contrôle de mon corps. J'inspire profondément à plusieurs reprises. Lorsqu'il revient vers moi avec un verre qu'il me tend, mes idées commencent à se rétablir. Son sourire est hésitant et ses craintes sont encore présentes au fond de ses iris.

— Pourquoi tu te mets dans un tel état ?

J'attrape le verre et le bois d'une seule traite, assoiffé. Je le repose derrière moi pendant que Dae s'assoit sur le rebord de la table.

— Je... J'ai passé ma vie à tout faire pour que tu sois heureux, Dae. Je t'ai aidé pour tout. Je suis même allé jusqu'à déménager à Londres pour te suivre... Je...

Je m'arrête et reprends mon souffle.

— Et maintenant, j'apprends que tu as été malheureux pendant tout ce temps. J'ai...

— N'exagère pas, Sun ! Je l'ai été quand même. Parfois.

Ses épaules s'affaissent. Ses doigts se lient devant lui.

— Je pense que tu as fait tout ce qu'un gamin de ton âge pouvait faire pour me rendre heureux. Mais... moi je n'ai rien fait pour l'être. Je suis resté renfermé sur moi-même, à ressasser constamment cette stupide promesse et tout ce que tu ne faisais pas pour moi au lieu de voir ce que tu faisais.

Ses mots me donnent l'impression d'avoir un autre jeune homme devant moi, comme s'il avait mûri en un claquement de doigts. C'est perturbant, déstabilisant pour moi. Pourtant, j'attendais ça depuis une éternité, mais j'avais perdu espoir que ça arrive. Il relève les yeux vers moi. Son sourire est moins timide. Il me paraît déterminé à se confier sur lui, sur cette facette de lui que je ne connais pas.

— C'est moi qui ai demandé aux parents de faire mes études ici, à Barnard Castle. J'ai refusé d'aller au lycée à Londres. Je souffrais trop là-bas à l'époque. Je me disais qu'en changeant d'endroit comme on l'avait fait avec Séoul, je pourrais repartir de zéro. Réellement.

Il se passe une main dans les cheveux alors que ses yeux semblent se rappeler. Il secoue la tête pour effacer ses souvenirs et continue :

— Franchement, je ne pensais pas qu'eomma et appa feraient les choses comme ça. Je m'imaginais juste aller à l'internat. Mais ça a marché quand même. J'ai rencontré de nouvelles personnes, je n'ai pas eu peur d'être trop quelque chose, tu vois ? Je suis resté moi-même et en plus, j'avais ma famille avec moi. J'ai été heureux, à partir du moment où j'ai accepté de l'être !

Ça me soulage un peu de l'entendre me dire tout ça. C'est vrai que le bonheur vient de nous-mêmes aussi. Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Je me frotte les mains au niveau de mes cuisses, pour évacuer mon anxiété.

— Maintenant tu m'expliques cette obsession que tu as ?

— Quelle obsession ? répété-je même si je vois de quoi il me parle.

someone like you. - idy 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant