someone like you. - idy 3

BA.

19 Novembre 2034.

Je me penche par-dessus l'épaule d'Ezra et jette un œil à la grille que nous avons entamée en début d'après-midi. Les sourcils froncés, je remarque qu'il a rempli des définitions sans qu'il me le dise. Je me redresse et tout en recommençant à essuyer, je l'interroge :

— Comment t'as eu la créature fantastique ?

— Il y avait le h et le m, pas besoin d'être Einstein pour se douter que la réponse est chimère, dit-il simplement, en faisant graviter le crayon à papier entre ses doigts.

— D'accord et pour la divinité phrygienne ? continué-je.

Il se redresse puis tourne la tête vers moi, une moue aux lèvres.

— Tu me crois bête ou quoi ?

Je lève les yeux au ciel même si son ton est trop mignon.

— Je n'ai jamais dit ça...

— Mais Ezra, il faut avouer que phrygienne, quand même ! intervient Dae depuis l'autre côté du comptoir.

Nous relevons tel un seul homme le regard vers lui. Il s'étire, les bras au-dessus de sa tête tout en nous fixant, souriant.

— Par contre, la fille familière, c'est nénette et pas pépette, déclare mon frère en descendant le haut de son corps pour aller toucher le parquet de la paume de ses mains.

Avec Ezra, nous nous penchons aussitôt sur la grille et examinons ce que Dae vient de nous dire.

— Si on met nénette, ça donnerait brouillon ici, non ? me propose mon Blue en montrant de la pointe du crayon, la définition dont il parle.

— Ouais... Ouais c'est ça, soufflé-je, un peu abasourdi.

— Tu sais, ça fait cinq minutes que tu essuies la même casserole, me lance Dae en se dirigeant vers la chaîne hifi.

Je regarde l'ustensile que j'ai en main, prenant conscience qu'il a raison. Tandis qu'une mélodie envahit l'appartement, je me dépêche de la ranger puis jette le torchon sur le comptoir. Après un coup d'œil au four pour vérifier la cuisson de mon plat, je prends sans réfléchir Ezra dans mes bras. Il laisse sa tête se poser sur mon épaule et j'en profite pour l'embrasser au niveau de sa clavicule.

Je serre Ezra et hume son odeur, un mélange entre lui et mon gel douche à la fraise. Il est arrivé de très bonne heure ce matin, dès la fin de son service à l'hôtel. Ses coups portés à la porte d'entrée m'ont réveillé et après m'être étalé de tout mon long dans ma chambre, je lui avais ouvert, heureux qu'il soit venu.

Et son baiser... Doux, tendre et insatiable. J'aurais aimé qu'il recommence à l'infini. Maintenant, tout de suite. Malheureusement, je sais que cela n'arrivera pas. Déjà parce que nous nous embrassons peu et encore moins quand il y a mon petit frère dans les parages. Ezra est encore plus pudique que moi pour ces choses-là, mais ça me convient. J'aime aller à son rythme. J'adore que ce soit quelque chose d'intime entre nous.

Mon regard se pose sur Dae qui répète des mouvements comme un dimanche normal. Un fin sourire prend possession de mes lèvres. Tout va bien. Je suis bien. Jamais je n'aurais pu penser dire ça, mais Louis avait raison. Londres avait de belles surprises pour moi. Mes rapports avec Dae semblent s'améliorer et j'ai mon Blue à mes côtés à présent.

— Saucisse.

Les yeux grands ouverts, je me décale un peu pour réussir à voir le visage de Blue sans loucher. Il me fait un sourire avant de me signifier d'un geste du menton qu'il continue notre mots fléchés. Il reporte son attention sur les cases, me laissant le détailler sans honte. Tout ce que je connais de lui passe en boucle dans mon esprit. Ce n'est pas grand-chose. Juste des bribes d'informations qu'il a à peine daigné me donner. Mais ma curiosité est grande. Je ne devrais pas, je le sais, cependant...