Rose Potter et la Chambre des Secrets

Prologue

Rose mâchouillait un chewing-gum, allongée sur le lit de son frère. Il avait eu la chance d'hériter de la chambre, la seconde chambre, de Dudley, mais elle venait  souvent embêter Harry pendant la journée. Avant Poudlard, avant Voldemort, avant ce qu'il s'était passé dans les cachots, Rose serrait sûrement venue tous les soirs pour dormir avec son frère. Mais c'était après Poudlard, après Voldemort, après ce qu'il s'était passé dans les cachots. C'était avec les traumatismes. Les cicatrices. Les cauchemars.

Rose soupira. Les bras derrière la tête, elle observait le plafond qui fut autrefois blanc. Comment son porc, à prendre au sens figuré comme littéral, de cousin avait-il réussi à faire des taches vertes et violettes là haut ? Rose gonfla son chewing-gum et loucha sur la bulle,  se redressant sur ses coudes pour mieux l'observer. Quelle ironie. Le chewing-gum était rose.

Rose se languissait pendant ses vacances d'été, si longues vacances, si ennuyeuses vacances. Elle espérait pouvoir faire défiler les jours plus vites, comme les pages d'un journal, et retourner à Poudlard. Retrouver son dortoir avec Pansy. Ses petits-déjeuners avec Blaise. Ses instants de calme avec Théodore. Et... Et c'était tout. Si elle pouvait effacer Malefoy de sa vie, ça la rendrait bien meilleure. Mine de rien, elle n'aurait jamais cru se faire des amis à Poudlard. Et elle n'aurait jamais cru qu'ils lui manqueraient autant. Tous les soirs en fermant les yeux, elle voyait leur visage souriant sous ses paupières. C'était l'interface paisible qui précédait les cauchemars... La bulle éclata, emportant sa nostalgie avec elle.

Rose jeta un coup d'œil à son frère, assis à son bureau. Depuis qu'Hagrid leur avait passé cet album, elle passait presque entièrement ses journées dessus. Elle se nourrissait de chaque trait, chaque détail, sur le visage de ses parents. Les sourires que lui adressaient sa mère lui serraient douloureusement le cœur et voir son père rire en l'attirant par la taille lui donnait envie d'hurler. Rose n'avait jamais pu voir ça de ses propres yeux. Et pourtant, elle devait se contenter de simples photos. Tous ces moments avaient été immortalisés sur une feuille de papier glacé... Alors pourquoi semblaient-ils si morts ? Le cadeau d'Hagrid était autant une bénédiction qu'une malédiction. Oui. C'était douloureux. Alors Rose avait décidé de décrocher un peu de l'album, pour la journée, histoire de voire si elle se sentirait mieux. Elle savait  que parfois, Harry se réveillait dans la nuit, et qu'il tournait une à une les pages remplis de souvenirs qui leurs étaient inconnus. Ce qu'Harry ne savait pas, c'était que quand elle ne parvenait pas à dormir, elle revoyait en boucles dans sa têtes les sourires et les rires qu'elle n'avait jamais vu. Jamais entendu.  

Harry tourna une nouvelle page de l'album, et s'arrêta sur la photo. Même si il était installé sur son bureau, loin d'elle, Rose pouvait dire avec exactitude quelle photo Harry voyait. Elle connaissait le nombre de pages, le nombre de photos. Les dates, aussi. Sur celle-ci, Lily tenait bébé Harry dans ses bras, et James tenait bébé Rose dans les siens. Ils étaient assis dans ce qui devait être le salon. Tous les quatre, ils souriaient, plus heureux que jamais. C'était niais. Et répugnant.

Harry tourna la page et elle sut que son regard s'était attendri. Une photo de Ron, Hermione et lui. Ensuite, il y aurait une photo de Rose, entrain de rire aux écalts sur un banc du parc. La photo avait été prise à son insu, mais on y apercevait Pansy, Blaise, Théodore, et Malefoy qui arrivait au loin.

L'attention de Rose et d'Harry fut détournée sur Hedwige, qui s'acharnait avec une admirable détermination sur les barreaux de sa cage à coup de becs et de griffes. Rose se laissa retomber sur le matelas, ses bras pendouillant dans le vide. Cette satanée chouette des neiges adorait faire un boucan d'enfer depuis qu'ils étaient rentrés chez leur « famille ». Harry n'avait pas le droit de la sortir.

- Tu sais bien que je ne peux pas te faire sortir, Hedwidge, lui rappela-t-il une énième fois en gémissant. Je n'ai pas le droit d'utiliser la magie en-dehors de l'école.