Rose Potter et la Chambre des Secrets

44. Même un bout de papier peut couper

- C'est un peu débile non ?, fit Daphné en pouffant.

Rose sourit. Ça l'était. Pour se motiver à faire leur valise, alors qu'elles partaient dans deux heures, les filles avaient décidé de s'échanger leurs affaires. Rose trouvait ça étrange comme les gens trouvaient de la motivation à faire quelque chose pour les autres quand ils n'en avaient aucune pour eux. Elle imaginait que c'était pour nourrir ce besoin d'avoir l'impression d'être utile à quelqu'un, d'être quelqu'un. Alors Rose rangeait les affaires de Daphné, qui rangeait les affaires de Pansy, qui rangeait les affaires de Rose.

- Combien de boucles d'oreille tu as, Daphné ?, s'étonna-t-elle en rangeant sa boîte à bijoux.

- Ma grand-mère m'en offre en toute occasion, fit Daphné comme si c'était la chose la plus banale du monde.

Rose se rendit compte qu'elle n'avait jamais rencontré ses grands-parents. Ils devaient être morts aussi, de toute manière.

- Ma grand-mère aussi, elles sont toujours moches, se plaignit Pansy en secouant avec énergie la robe de Rose.

Un petit parchemin froissé tomba d'une des poches et Pansy le ramassa, intriguée. Elle acheva de plier la robe de Rose et déplia le parchemin avec curiosité. Elle reconnut avec un grand sourire la rose qu'elle s'amusait à dessiner dans tous ses cahiers.

- T'es vraiment narcissique hein, ria-t-elle en tendant le parchemin à Rose.

- Hein ?, fit Rose en prenant le papier.

Un parchemin froissé ? Rose ne froissait jamais ses parchemins. Elle les pliait, parfois, mais ça arrivait très rarement.

- C'est pas à moi, fit-elle sans même regarder le dessin.

- Mais si regarde ! Tu dessines tout le temps ça !

Rose fronça les sourcils en ouvrant la bouche, prête à contester. Mais c'était une rose, dessinée sur le parchemin. Et chaque pétale était rempli d'encre noir. Avec un sursaut de cœur, Rose se rendit compte que ce dessin n'était pas le sien mais celui d'Héloïse. Elle déglutit difficilement, la gorge serrée, le papier broyée dans son poing. Ça lui arrachait le cœur de dire ça mais, elle lui manquait.

Elle lui manquait.