Mes yeux sont désormais grands ouverts : la lumière du soleil baigne ma chambre d'une manière scandaleuse. Visiblement, je suis une belle idiote puisque j'ai oublié de fermer les stores hier ici. Je tends le bras et attrape mon téléphone. Huit heures vingt. Mon réveil est censé sonner à huit heures trente, ce qui signifie qu'il me reste dix minutes pour profiter de la chaleur de mon matelas.
Dix minutes plus tard, je le quitte avec regrets. Dans la cuisine, maman est fraîche et dispo pour le boulot dans un de ses éternels tailleurs. Je me fais la réflexion que plus tard, ce serait une belle réussite d'être comme elle : une carrière brillante, constamment dans la bonne humeur...
— Chérie, me salue-t-elle. Tu as bien dormi ?
Je hoche la tête et émets un grommellement. Classe. On dirait un homme des cavernes. Espérons que plus jamais un tel bruit ne franchisse les remparts de ma bouche dans mon nouvel établissement. Ce serait une garantie pour déjeuner seule à la cafétéria.
— Tu es stressée, relève maman.
De nouveau, j'acquiesce vaguement. Évidemment que je suis stressée ! Mais extrêmement triste, aussi. Cette nouvelle vie est trop soudaine, trop brutale, trop nouvelle pour moi. Il y a encore huit mois, je pensais que je ferai mon année de terminale avec mes amis et me voilà dans un environnement totalement différent. Je me sens en décalage. Je ne suis pas prête à prendre un nouveau départ.
Ma gorge se noue. Comme rien ne lui échappe, maman approche et offre à ma nuque des caresses affectueuses.
— Je ne prétends pas que ça va être facile, mais je suis sûre que tu vas y arriver. Tu as toujours dit que tu voulais voir Los Angeles !
Voir, mais pas y emménager. Nuance.
— On va avoir une température super ici. Il y a plein de festivals cool. Tu vas pouvoir visiter Hollywood ! Tu ne peux que te plaire ici, c'est une certitude.
La femme qui m'a donné la vie ponctue sa tirade d'un sourire encourageant. Une bouffée d'espoir remonte en moi. Évidemment, maman a toujours de bons arguments puisqu'elle est avocate.
Je la trouve plutôt optimiste pour quelqu'un que la vie n'a pas épargné. Après tout, elle est tombée enceinte d'un type qui n'a rien voulu savoir de moi alors qu'elle était une étudiante.
— Tu vas tourner la page. Dans quelques mois, toute cette affaire avec Judith et Peter ne sera plus qu'un lointain souvenir. Tout va bien se passer.
Tout en me promettant ceci, elle dépose un baiser sur mon front, attrape sa palette de travail et prends la direction de la porte.
— À ce soir !
Un peu revigorée par le petit discours paternel, je termine de me préparer. Je réussis même à sourire en voyant à quel point le jean que j'ai acheté il y a une semaine dans une boutique du centre-ville me sied bien.
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A DANGEROUS GAME
Teen FictionKendall se doutait-elle qu'en s'installant à Los Angeles, elle se jetterait tout droit dans la gueule du loup ? Car être une fille au lycée Turnwood, c'est vivre sous la constante menace d'un jeu. Le genre de jeu malsain et addictif, le genre de je...