15 | Règles

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Bientôt une heure que je me tourne et me retourne dans le lit. Le jour est levé depuis bien longtemps et Betty dort encore. Je n'ose pas la réveiller car je crains qu'elle vive mal l'habituel retour à la réalité du réveil. Je préfère la laisser dans le monde paisible qu'est le sommeil peuplé de rêves. 

Je ne parviens pas à expliquer ce que je ressens. C'est un mix de peur et de mélancolie. Je regrette tellement d'être allée à cette soirée que mon estomac est contracté puissance mille. 

Devrais-je en parler aux adultes ? À ma mère, peut-être ? Si la police ne ferait rien, ma mère me changerait de lycée et tout irait bien. Peut-être même qu'on retournerait vivre à New York. 

Tu rêves, ma pauvre Kendall

 De plus, aussi surréaliste soit cette possibilité, même si l'on retourne à New York, qui sera là pour me soutenir ? Judith ? Peter ? Tous mes prétendus amis qui continuent à traîner avec eux ? De toute façon, je ne pourrai jamais me réinstaller à New York car ma mère a été muté ici.

Je pourrais peut-être changer de lycée ? Je sais, c'est lâche mais je n'en ai absolument rien à foutre ! Qui pourrait m'en blâmer ? Mais changer de lycée, ce serait devoir en expliquer les raisons à ma mère...

De plus, est ce que je peux changer d'établissement en un claquement de doigt ? Je suis en dernière année et je passe mon diplôme. Ça ferait tâche sur mon dossier scolaire.

Je déteste ma vie

Betty remue dans son sommeil. Je m'immobilise aussitôt. Mon Dieu, faites qu'elle se rendorme, je ne me sens pas prête à affronter son reg...

— Kendall ?

Elle cligne des yeux et regarde autour d'elle, désorientée. 

— Euh... salut. Ça va ?

Ses sourcils se froncent et elle répond par l'affirmative. Dans les minutes qui suivent, elle converse avec moi comme si de rien n'était. Après que nous soyons passées par la salle de bains, elle propose même une session shopping.

Nous mangeons, nous habillons et nous préparons dans une ambiance pour le moins bizarre. Betty se conduit d'une façon parfaitement normale. Je réponds à ses sourires et ris aux moments opportuns mais l'atmosphère est assombrie par l'ombre qui nous pèse sur la conscience : le Temptation's Game.

Notre matinée au centre-ville se déroule anormalement bien. Nous faisons le tour des magasins et nous promenons sous le soleil californien. Mon humeur remonte en flèche tandis que nous arpentons les rues ensoleillées. Los Angeles n'est pas si horrible, finalement. 

C'est dans une énièmes boutique de vêtements que nous arrêtons de tourner autour du pot. Doucement, Betty repose un cintre sur la barre avec une expression résolue. 

— Alors... tu y as réfléchi ? attaque-t-elle avec prudence. 

Je détache mes iris d'une jupe noire qui semble hurler mon nom. 

— Réfléchi à quoi ? 

— À un plan à propos des garçons. 

— Ah... ça. Non, je n'y ai pas vraiment réfléchi et toi ?

Feignant la nonchalance, je m'empare de cette fameuse jupe et me dirige aux caisses, ma copine blonde sur mes talons. 

— Eh bien moi, j'y ai réfléchi, révèle-t-elle. J'ai beaucoup cogité et je me suis dit : qu'est ce qui énerve le plus les Tentateurs ? Je les connais bien après toutes ces années est la réponse est simple. Ce qui les met le plus en rogne, ce qu'on ne respecte pas leur jeu. Ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. 

A DANGEROUS GAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant