35 | Parents issues

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Kendall en média

Ma fébrilité apparente, la sueur qui s'accumule sur le front de ma mère, l'ambiance pesante... tout laisse à croire qu'on est dans un film d'action. Jusqu'à ce que mon potentiel géniteur interrompe le moment en émettant un rire nerveux. 

— Excuse-moi, jeune fille ? Je n'ai pas d'enfant, sans vouloir te froisser. 

Je me renfrogne. Cet homme est entrain de mentir de façon éhontée. 

— Si ! Enfin, mais...

En réalité, je n'ai pas d'arguments. C'est la faute de maman qui a fait de lui un sujet tabou. Jusqu'à aujourd'hui, ça ne m'avait pas particulièrement dérangé mais se pourrait-il que cet homme dise vrai ? Qu'il n'est pas mon père ? 

Pourtant, tous les facteurs sont là : la relation que lui et ma mère ont autrefois entretenu et son prénom : Robert. Dans les rares fois où elle a bien voulu me parler de lui, maman m'avait appris qu'il se prénommait ainsi ! 

Et ma mère et lui se sont séparés alors qu'elle était enceinte. Il n'a rien voulu savoir de moi. Mais est-il assez cruel pour m'ignorer encore une fois, dix-sept ans plus tard ?

C'est lui. Il ne peut en être autrement. Et pourtant, les sensations qui sont miennes sont bien différentes de ce que j'aurais imaginé. Je ne suis ni heureuse ni triste. Je suis simplement en proie à une panique pure. Et à la peur qu'il parte et m'échappe comme de la fumée entre les doigts. 

— Maman. 

Cette interpellation suffit à réveiller maman. Son regard fait la navette entre cet homme et moi, épouvanté. 

— Robert, elle dit vrai. Kendall est ta...

Je retiens mon souffle.

— ... ta fille.

Je ne relâche même pas l'air que je contiens. J'aimerais mettre le monde entier sur pause non seulement pour digérer la nouvelle mais aussi pour observer de plus près l'homme qui a participé à ma conception. Ses pupilles sont du même bleu que les miennes et nos nez sont jumeaux. Je retrouve en lui quelques traits. 

Ce n'est pas à ma mère que je ressemble, physiquement. C'est à lui. 

— Je... ne peux pas le croire. 

Il n'a pas l'air bouleversé. Juste éberlué. 

Aucun mot ne reste bloqué dans ma gorge car je ne sais pas quoi dire. Après tout, c'est à maman de parler. Pourtant, elle ne desserre pas les lèvres, chose qui encourage mon irritation. Elle se conduit comme une enfant. 

Réalisant que si je ne décide pas d'ouvrir la bouche, personne ne le fera, je lance :

— Comment ne pouvez-vous pas le croire ? Après tout, vous avez bien abandonné ma mère quand elle était enceinte.

Le vouvoiement que je lui octroie est plus fort que moi. Ce n'est pas la découverte de notre lien de parenté qui va effacer les formalités. Je ne me sens aucunement liée à lui. 

Il m'agace, lui aussi. Comment peut-il se permettre de prendre d'être sous le choc alors qu'il a abandonné ma mère après l'avoir engrossée ? 

— Pourtant, lors de notre séparation, elle ne m'a aucunement informé de sa grossesse, riposte Robert. 

Sans le savoir, il vient de m'administrer une gifle phénoménale. Il n'était pas au courant de la grossesse de ma mère ? Elle m'a toujours laissé croire qu'il était parti en affirmant qu'un bébé n'était pas dans ses projets. J'ai l'impression que le sol du Starbucks s'écroule sous mes pieds, me laissant dégringoler dans le gouffre sans fin de la remise en question. 

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