A DANGEROUS GAME

44 | Nouveau secret

Lenny en média

— Alors ? se renseigne Lenny une fois que j'ai passé le pas de la porte de ma chambre. 

Mes larmes sont séchées depuis bien longtemps et Dieu merci, mon mascara est resté intact. Je tente un sourire insouciant. 

— Bien. Noah a été très gentil.

Ce n'est qu'un demi-mensonge.

— Vous vous êtes embrassés ?

— Ouais.

Ça, ce n'est pas un mensonge.

La poitrine de ma cousine se soulève sous l'effet de l'enthousiasme. 

— Oooh ! C'est la première fois ?

— Non, fais-je en secouant la tête. 

Ça aussi, c'est la vérité.

Elle émet un petit cri perçant. 

— C'est ton copain, du coup ?

Je secoue négativement la tête.

— Nan.

Également vrai.

— Il est amoureux de toi ? continue-t-elle en haussant un sourcil circonspect. 

— Je ne pense pas, réponds-je en m'éclaircissant la gorge. 

Sa question provoque un véritable remue-ménage dans mes émotions. Pourtant, je viens de lui mentir. Les seuls sentiments que Noah ressent à mon égard sont de l'attirance. Sexuelle, qui plus est. 

— Bon, je suis fatiguée, moi, déclaré-je en faisant mine de bâiller. Je vais me doucher. 

Habituellement, j'ajouterai la phrase « tu me tiens compagnie ? » car depuis toutes petites, Lenny et moi avons pour habitude de discuter même lorsque l'autre est sous la douche. Celle-ci ne semble rien remarquer et se glisse dans mon lit, son portable à la main. 

Il faut croire que je suis bonne actrice. 

*

Je bougonne à l'entente de mon alarme, mais fais l'effort de l'éteindre tout de suite pour ne pas réveiller Lenny. Totalement assommée par la fatigue, je prête à peine attention au jean que j'enfile, me brosse les dents et me maquille, tout en accentuant sur chaque partie de mon visage pour me donner un effet bonne mine. J'ai dû dormir quelques heures tout au plus. 

— Tu n'es pas au travail ? m'étonné-je en rencontrant ma mère dans la cuisine. 

— Je commence un peu plus tard. Tu ne vas pas partir comme ça, tout de même ? Avale quelque chose. 

Je hausse les épaules. 

— Je n'aime pas manger le matin. 

— Le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée, me rappelle maman. 

— Pas pour moi, soupiré-je. 

— Mange, insiste-t-elle d'un ton sans réplique. 

Je voudrais protester mais je sais pertinemment que c'est inutile. Après avoir avalé un toast et un verre de jus d'orange, je suis contrainte de me brosser les dents une seconde fois, puis quitte enfin la maison. 

Dans le bus, l'angoisse s'empare de moi tant j'apprenne de voir Noah. Je n'ai pas envie d'affronter son regard indifférent, ou même de lire une lueur de moquerie dans ses yeux. Je n'arrive pas à croire que j'ai pleuré devant lui hier.