Ma respiration se couperait presque. Kendall a toujours eu cette aura charismatique, envoûtante. Un peu comme la mienne, sauf que moi, j'ai dû la travailler. C'est beaucoup plus naturel avec elle. Même sous la couche de maquillage, même sans sa robe qui souligne les courbes de sa taille, elle en jetterait.
Mon pion.
En revanche, son faciès est tout, sauf pur. Sa bouche entrouverte témoigne de sa stupeur et son regard bleu brille de colère.
Nous restons dix bonnes secondes comme ça, à nous fixer, avant qu'elle ne réagisse exactement comme je l'avais prédit. Elle fait volte-face et tente d'ouvrir la porte préalablement déverrouillée automatiquement.
Elle persiste pourtant. Continue, continue, continue à agresser cette poignée, ce qui provoque un bruit monstre. Je grimace, mi-irritée, mi amusée.
OK, ce n'est pas comme ça que j'imaginais nos retrouvailles.
Pauvre poignée de porte, en vrai.
— Rends-toi à l'évidence, soufflé-je un peu lassé par sa détermination. C'est fermé.
La brune pivote pour me toiser.
— Toi ! C'est toi qui a tout manigancé avec cette espèce de...
Sa bouche rose tordue en une moue dégoûtée, elle cherche les mots adéquats pour qualifier Rob.
—... avec cette espèce de Bryce, achève-t-elle enfin.
— Bryce ? répété-je, perplexe.
— Bryce Walker, précise la brune. Dans 13 reasons why.
— Jamais entendu parler.
— Sérieusement ? Tu vis où, dans un trou ? Oh, et pourquoi je te parle, d'abord ?
La jeune femme fait alors quelque chose d'imprévisible. Elle me tourne le dos et pose ses fesses à même le sol, fixant obstinément la porte comme si cette dernière avait des seins ou un truc du genre. La contrariété s'imprègne en moi : comment je fais pour coucher avec elle si elle ne veut ni s'approcher de moi, ni me regarder ?
— Tu devrais t'asseoir, il fait froid par terre, lui conseillé-je.
Mensonge. Le sol est recouvert d'un tapis azur assorti au reste du salon.
Sans m'adresser un seul regard, elle étend ses jambes devant elle comme à la plage. Elle se penche machinalement en avant et touche ses orteils. Ses doigts sont fins et graciles.
Elle est souple...
La voir ainsi pliée transmet à mon cerveau des images d'elle entrain de se cambrer de plaisir sous mes caresses. Je sens mon sexe palpiter dans mon pantalon.
Mon plan initial était de la baiser ce soir. Je ne suis pas idiot, je savais très bien qu'on allait passer par la phase colère avant toute chose. Mais je ne m'attendais pas à une telle ignorance. Et le seul moyen pour qu'elle m'accorde de l'attention, c'est de la provoquer.
VOUS LISEZ
A DANGEROUS GAME
Ficção AdolescenteKendall se doutait-elle qu'en s'installant à Los Angeles, elle se jetterait tout droit dans la gueule du loup ? Car être une fille au lycée Turnwood, c'est vivre sous la constante menace d'un jeu. Le genre de jeu malsain et addictif, le genre de je...