Abasourdie, je dévisage la brune qui me fait face. Les rouages de mon cerveau se mettent enfin en marche et je devine que c'est elle, l'auteur de l'appel anonyme. Pas Noah. Pourtant, au téléphone, elle n'avait pas le même timbre de voix que d'habitude. D'ordinaire, sa voix est cristalline alors que tout à l'heure, elle était ferme.
— Toi ? fais-je bêtement.
Certes, j'aurais pu trouver mieux comme réplique. Je pourrais tout aussi bien la bombarder de questions mais mon étonnement est bien trop énorme pour me permettre de m'exprimer correctement.
Ma camarade de lycée hoche la tête.
— Oui, moi. Désolée pour tout ce mystère. Tu t'attendais à ce que soit qui ?
Noah, ai-je envie de répondre. Mais évidemment, ce n'est pas la réponse que je lui donne.
— Ben... pas toi.
Perturbée, je m'assois face à elle. Je ne comprends pas : Sana et moi ne sommes pas amies. Nos seules discussions se résument à la fois où l'on a papoté au bal d'automne et lorsque cet affreux article a paru sur moi dans le journal du lycée. Elle était venue me dire que j'avais tout son soutien, ce que j'avais trouvé plutôt gentil.
— Pourquoi tu m'as appelé ? enchaîné-je. Et pourquoi dans un endroit pareil ?
La jeune fille jette un coup d'œil circulaire.
— Je ne voulais pas qu'on surprenne notre discussion.
— Super. Tu m'as fait traverser toute la jetée de Santa Monica pour ce stupide salon de thé ? Si tu voulais tellement qu'on ne nous voie pas ensemble, il fallait me donner rendez-vous chez toi.
La femme au comptoir me lance un sale regard. Elle a probablement entendu mes critiques sur son café mais c'est le cadet de mes soucis.
Une grimace confuse déforme le joli minois de Sana. Elle a l'air tellement stupide.
— Je suis désolée, avoue-t-elle.
Puis, comme si elle se refusait d'être sympa, elle fronce les sourcils d'un air désagréable. Mais qu'est ce qui lui prend ? Et bon sang, pourquoi m'a-t-elle appelé ? Pourquoi a-t-elle l'air d'avoir quelque chose contre moi ? Des questions sans réponses se bousculent dans ma tête.
— Si je t'ai fait venir, c'était pour qu'on ai une petite discussion.
Je hausse les sourcils de façon significative comme pour l'inviter à prendre la parole. Elle inspire alors.
— Bien, récapitulons. Tu es le pion de Noah.
Je bats un instant des paupières, déroutée par sa grossièreté, puis l'assassine du regard. Pourquoi emploie-t-elle le mot pion de façon aussi suffisante ? Décidément
Pourquoi est-elle si suffisante ? Elle n'a rien à voir avec la Sana que j'ai rencontré il y a un mois.
— Il faut bien appeler un chat un chat, se défend-elle. Bon. Je vais être cash.
Elle marque une pause.
— Dépêche-toi, lui asséné-je bien décidée à me montrer aussi peu aimable qu'elle.
— Ok, capitule-t-elle. Noah me plaît.
Je dois avouer être déçue. À son intonation, on pourrait croire qu'elle vient de me faire une grosse révélation.
— Sans blague ? Tout le lycée vous a vu vous embrasser au bal !
— Non. Tu ne comprends pas. Je suis amoureuse de lui.
VOUS LISEZ
A DANGEROUS GAME
Novela JuvenilKendall se doutait-elle qu'en s'installant à Los Angeles, elle se jetterait tout droit dans la gueule du loup ? Car être une fille au lycée Turnwood, c'est vivre sous la constante menace d'un jeu. Le genre de jeu malsain et addictif, le genre de je...