A DANGEROUS GAME

24 | Fight

Lorsque mon réveil sonne, j'ai juste envie de mourir, littéralement. 

Jamais plus je n'irai à une soirée la veille d'un jour de cours. 

Je me fais ce serment tout en me traînant jusqu'à la salle de bain. Même après une douche qui aurait pu revigorer un mort, je suis claquée. Les yeux à demi-fermés, je me convaincs que je peux me passer d'efforts vestimentaires ; mon choix se porte rapidement sur un jean et un top. 

Je noue mes cheveux en pétard en un chignon  flou et me maquille plus que nécessaire pour camoufler les lourdes cernes qui encerclent mes yeux. Dans l'incapacité d'avaler quoi que ce soit, je saute le petit-déjeuner et me brosse les dents. 

Ou alors est-ce l'anxiété qui me tord l'estomac qui m'empêche de manger ? 

J'ai la désagréable impression qu'hier, on m'a ôté toute conscience et qu'on me l'a rendu aujourd'hui. Car ce n'est que maintenant que je me rends compte de toutes les catastrophes que j'ai enchaîné. 

Qu'est ce qui m'a pris d'embrasser Noah ? Qu'est ce qui m'a pris d'embrasser Carter ? 

Fomenter cette vengeance était totalement puéril de ma part mais je me refuse à avoir des regrets. Ne dit-on pas qu'il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets ? 

Je me répète ce mantra tout en rejoignant Betty et Nadine assises sur un banc dans la cour de récréation. 

— Hey, me saluent-elles sans grand enthousiasme. 

Décidément, je ne suis pas la seule à manquer de motivation. Les deux blondes ont le visage marqué par la fatigue et des habits ultra-banals. Cela change de la semaine dernière, lorsque nous sommes toutes arrivées en cours comme si nous nous rendions à un défilé de mode. 

La plus terne est sans conteste Nadine : c'est bien la première fois que je la vois vêtue aussi simplement ! Son jogging et son t-shirt contrastent avec son style habituel. D'ordinaire, elle est pimpante et perchée sur des hauts talons. 

— Des lunettes de soleil ? m'enquiers-je en m'apercevant de la présence d'une paire de lunettes sur son nez. 

En guise de réponse, elle les baisse, me dévoilant ainsi des globes oculaires injectés de sang. C'est bel et bien une grosse gueule de bois.

— On se demande bien ce qui t'as pris de boire autant, me moqué-je gentiment. 

 La brune replace ses lunettes noires sans l'ombre d'un sourire. 

— J'ai passé une mauvaise nuit, se plaint Betty. Qui a la stupide idée d'organiser une soirée un mardi soir ?

Elle n'obtiendra pas réponse car nous sommes toutes médusées par l'arrivée de Sophia. Elle est dans un bien pire état que nous trois réunies. Ses yeux sont creuses par les cernes, ses longs cheveux blonds pendent lamentablement autour de son visage et elle porte un sweat de football américain trop grand pour elle. 

— Tu vas bien ?

— J'ai juste raté le réveil, affirme la blonde avec fatigue. 

Soucieuse, je continue à la dévisager. C'est qu'elle a vraiment une monde déterrée, comme si elle s'apprêtait à fondre en larmes à tout moment. 

— Oh. Mon Dieu, lâche soudain Betty. 

— Qu'y-a-t-il ? l'interrogé-je en me tournant vers elle. 

Ses yeux écarquillés sont rivés sur l'écran de son portable. 

— Annabeth et Noah ont couché ensemble.