Chapitre 16 - Mia

768 42 4
                                    

Les mains moites, des fourmis dans les jambes et le cœur battant, j'avançais dans le couloir du commissariat au côté de papa et de mon avocat, Warren Mourez. Depuis ce matin, je me sentais ailleurs, comme si je m'approchais de plus en plus de la mort, sans m'en rendre compte. Papa était à côté de moi, et j'entendais ses pas résonner sur le carrelage.

On s'arrêtait devant des policiers, mon père leur parlait, et je ne pouvais écouter. La peur me rongeait de l'intérieur, et j'avais encore plus peur de m'évanouir à tout moment.

– Mia, il faut que tu les suives, je ne peux pas aller plus loin. Tu te rappelles ce que je t'ai dit, hier soir ?

Il se baissait pour être à ma hauteur, et le regard inquiet qu'il me lançait me donnait des frissons sur tout le corps.

– Oui. Je ne dois pas montrer que j'ai peur. Je dois soutirer des informations et le faire parler le plus possible.

– Oui, c'est ça. Je sais que tu as peur. Mais c'est important. Et ne t'inquiète pas, les policiers seront à côté, il sera menotté et il ne pourra plus jamais te faire de mal, je te le promets.

J'avalais ma salive, les jambes tremblantes.

– Oui, c'est bon, j'y vais.

Je pensais qu'il s'apprêtait à me dire qu'il m'aimait, mais finalement, il reculait et me regardait partir avec mon avocat.

Savoir qu'il m'accompagnait me rassurait un peu. C'était un ami à mon père et d'après les statistiques, il était très doué dans son travail. En plus, il savait me mettre à l'aise, malgré son vieil âge.

C'est en passant devant une salle d'interrogatoire que je voyais enfin mon agresseur. Mon cœur s'arrêtait une demi-seconde et je n'arrivais plus à avancer. Il était là, assis calmement, fixant le mur en face de lui à côté de son avocat. Il devait avoir quelques années de plus que moi, et ses cheveux châtains étaient tous ébouriffés. Il avait plusieurs tatouages sur les bras, et je distinguais une boucle d'oreille argenté sur son lob.

Je soufflais avant de me diriger vers la porte.

Respire, Mia, tu peux le faire. Rappelle-toi que c'est cet enculé qui a profité de ta faiblesse.

Le policier et Warren rentraient avant moi et le regard de Rodrigo se posait immédiatement sur moi. Un léger sourire étirait ses lèvres et il fronçait les sourcils. Tandis que moi, j'essayais de ne pas montrer la moindre émotion.

Les deux avocats se serraient la main, et moi, je ne pouvais détacher mon regard de l'homme qui hantait mes nuits. Par réflexe, je serrais les cuisses avant de m'asseoir en face de son avocat, à une distance d'au moins trois mètres. La longue table grise cachait ses mains menottées, et sa tenue orange faisaient ressortir ces yeux sombres.

Il était terrifiant.

Warren m'appelait tout à coup, et je quittais les yeux de mon agresseur pour lui jeter un regard interrogateur.

– Mia, pouvez-vous vous présenter à votre agresseur ? Enfin, apparemment, il sait déjà qui vous êtes, donc une petite phrase suffira.

Mon regard se reportait encore sur lui, et voir son sourire amusé commençais à m'énerver profondément.

Comme je n'arrivais pas à parler, le policier qui se trouvait à côté de moi me demandait :

– Mademoiselle, souhaitez-vous dire quelque chose à votre agresseur ?

Rodrigo fronçait légèrement les sourcils et, tout en soutenant son regard, je lui disais, d'une voix naturellement calme :

– J'aimerais demander à mon violeur pour quelle raison j'ai été la victime de cette agression ? C'était vraiment un hasard ?

JOHNSON - Sans Lui (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant