XVIII- Chair et tendre

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Thomas alluma une nouvelle cigarette.

La flamme de son briquet illumina son visage pendant une demi-seconde. Ses yeux azuréens reflétèrent l'étincelle orangée donnant comme une lueur de malice à leur propriétaire.

Le roi de Birmingham était venu à celui de Londres, la mâchoire serrée mais avec respect, contemplant la réussite d'Alfie avec un regard perplexe, cependant, intelligemment dissimulé dans sa neutralité légendaire.

Fraîchement marié de seulement quelques jours, Thomas s'était vu obligé de rendre visite à son allié et « ami ». Au courant des discordes entre le reste des gangs italiens, Thomas n'avait pu que constater la possibilité d'un échange de procédé.

Confortablement calé dans le fauteuil en cuir, Thomas croisa sa jambe et leva les yeux vers le roi et la reine de Londres. Quel portrait étonnant et même lui, un homme calculateur et avisé, avait du mal à croire ce qu'il voyait.

Pourtant, devant lui, Alfie était là avec sa conseillère et plus si affinité.

Le chef des Peaky Blinders était venu à une heure matinale, grâce à son oncle Charlie, et puis il avait aussi quelques affaires à régler à Londres.

— Ce n'est pas que je ne suis pas ravi de te voir, Tommy, mais tu tombes mal, lança Alfie.

Le gitan se racla la gorge en tirant sur sa cigarette avant de donner un coup de menton dans sa direction.

— J'ai cru entendre ça, rétorqua doucement Thomas en jetant un regard en biais vers Dorothy.

Cette dernière ne semblait pas du tout gênée par la situation et il avait du mal à reconnaître la femme qu'il avait vu dans les caves la première fois.

— Tu m'en veux de ne pas avoir fait envoyer de fleurs à ton mariage, c'est ça ? soupira Alfie.

Dorothy finit par ajuster les manches de sa robe d'une manière plus décente et s'éclipsa du bureau pour faire un thé. Alfie la suivit du regard sous l'œil amusé de Thomas. Il avait cet air crétin, qu'ils avaient tous probablement.

— Les frères Cortesi en ont après ton commerce, Alfie. Tous les italiens clament, jusqu'à Small Heath, qu'ils auront ta peau et la sienne.

Alfie frotta sa barbe du plat de sa main et s'avança vers son secrétaire. Les yeux clairs et vifs, il avait la particularité de redevenir cet homme fou et imprévisible en un instant. Exactement comme Thomas pouvait rester neutre et impassible.

— En ce qui me concerne, ils peuvent bien essayer d'avoir ma peau elle est increvable. Ils ont essayé en quatorze et me voilà. Qu'est-ce que tu as à proposer, Tom ?

Thomas tapota la cigarette sur le cendrier, disposé sur le bureau, et humidifia ses lèvres avant de reprendre.

— J'ai besoin de ta connaissance en pierres précieuses.

Alfie haussa les sourcils et gratta sa joue, pensivement. Thomas fouilla dans sa poche et en sortit une grosse pierre bleue, massive et étincelante.

— Putain de merde, Tommy, qu'est-ce que tu branles avec les russes ?!

— Je ne peux pas en parler, j'ai besoin que tu authentifies des bijoux pour moi. La famille Petranova, dont celui-là.

Alfie secoua la tête et poussa un long et profond soupir, appuyant sur chaque respiration il finit par saisir la pierre entre ses mains.

— Un saphir mon vieux, c'en est un. Bien, qu'est-ce que j'y gagne à me foutre dans la merde avec tes russes à la con ? Je n'aime pas ce peuple de dégénérés, je n'aime pas cette langue, à chaque fois que je la parle, j'ai la coulante.

The Woman In Black And White || PEAKY BLINDERS A.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant