XIX- Le Boucher

461 35 224
                                    

Dorothy préparait un thé tout en lavant la chemise couverte du sang d'Alfie, frottant énergiquement avec le peu de force qui lui restait. Elle rinçait, savonnait et répétait encore, sans succès.

L'hémoglobine s'enlevait difficilement.

Éreintée par les différentes émotions par lesquelles elle était passée, Dorothy finit par se laisser choir sur la chaise à côté de la table. Ses mains, encore pleines du sang d'Alfie, se posèrent contre son visage et elle soupira longuement.

Sentant ses paupières se fermer, la jeune femme se leva pour verser son thé, quand la porte s'ouvrit avec fracas.

Elle se tourna violemment vers l'entrée, deux hommes venaient de pénétrer dans l'appartement et se dirigeaient vers elle.

Son cri s'étouffa à l'intérieur sa gorge alors qu'un des intrus plaqua une main sur sa bouche. De son autre main, il empoigna le bras de la blonde et la tira vers elle sans effort.

La chaise se renversa, seul témoin de ce qui se produisait.

Férocement, avidement, Dorothy mordit la main de son assaillant. Le sang emplit sa bouche et elle était persuadée d'avoir arraché un bout de peau.

Celui-ci poussa un cri de douleur mais son acolyte réussit à maîtriser la jeune femme.

— Montez dans cette voiture, maintenant, ordonna une voix grave et monotone.

Dorothy tirait sur son bras pour tenter de se dégager, elle ne pouvait pas laisser Alfie tout seul. Il avait besoin d'aide et de quelqu'un pour veiller sur lui. Sa propre existence ne semblait pas aussi importante que celle de Solomons.

La portière d'une Austin bordeaux s'ouvrit à la volée et elle put voir Abraham, assis confortablement sur la banquette arrière.

— Mademoiselle Dahlbeck, ravi de vous revoir depuis tout ce temps. Nous allons faire un long, très long voyage.

Dorothy n'opposa pas de résistance, contrainte par la force des deux gorilles. Ses yeux noirs tentèrent de se dérober en direction de son appartement mais la portière se referma violemment derrière elle.

Frigorifiée, Dorothy plaqua ses mains contre ses bras nus. La chemise de nuit, qui ne couvrait qu'une partie de son corps, tâchée de sang, ne faisait que la rendre plus vulnérable.

— Est-ce le sang de mon frère ? Nous avons retrouvé le mercenaire que j'avais engagé. Alfie n'a pas oublié de se battre, étonnant.

Dorothy déglutit, incapable de retrouver son répondant habituel.

Tous ces évènements qui s'enchainaient... elle venait à peine de se remettre de la blessure d'Alfie. Elle avait beau tenter de se raisonner, or, dans sa tête les pires scénarios fusaient.

— Qu'est-ce que vous me voulez ? murmura la jeune femme sans un regard pour le frère d'Alfie.

— Tout. Le commerce de Solomons, son monopole sur Londres et vous allez me le donner.

La blonde eut un faible rire et elle se décida à confronter son regard avec Abraham.

— Jamais je ne signerai pour cela. Je suis loyale envers Alfie, quoique vous décidiez de me faire, vous n'aurez pas ma signature.

— Loyale, j'en suis convaincue, cependant, vous savez il y a des choses qui font réfléchir. Georgio, en avant, héla Abraham en claquant des doigts.

— En ignorant les italiens, Alfie s'est fait beaucoup d'ennemis. Quoi de plus simple pour moi que de les rallier à ma cause, en promettant monts et merveilles.

The Woman In Black And White || PEAKY BLINDERS A.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant