XXIV- Le roi mourant

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Les yeux clairs d'Alfie s'ouvrirent.

Il n'avait pas dormi.

Son oreille gauche avait suivi les aiguilles de sa montre à gousset durant l'entièreté de la nuit. Pourtant, cela faisait une heure qu'il aurait dû se lever pour se rendre à la boulangerie.

Il ne savait pas pourquoi il n'avait pas fermé l'œil.

C'était la première fois que cela lui arrivait maintenant que Dorothy partageait son lit.

Malgré les douleurs physiques, qui le réveillaient parfois, Alfie était loin des nuits blanches causées par ses idées noires. Avant elle.

Une étrange sensation le prenait aux tripes depuis la veille et il n'arrivait pas à savoir de quoi il s'agissait.

Peut-être était-ce groupe antisémite qu'il n'avait toujours pas réussi à détruire dès le mois dernier ou son nouveau pouvoir qui le tracassait, Alfie n'en savait rien.

Toujours était-il que ce matin-là, son pied n'arrivait pas à toucher le parquet froid et à se frayer un chemin entre les couloirs vides de sa maison.

De plus, Cyril attendait sûrement que quelqu'un vienne le mettre dehors. Le week-end, c'était Dorothy qui le sortait en premier. Elle était en charge d'assurer les livraisons pour le dimanche, donc elle se levait tôt.

Cependant, Solomons lui avait dit qu'il s'en occuperait, exceptionnellement.

Jacob et Tobias devaient retrouver le chef des Titans et ils avaient prévu de se rassembler à la boutique.

Et puis, il y avait ce rendez-vous.

Dorothy poussa un léger ronflement en resserrant son emprise autour du distillateur. Celui-ci, tourna légèrement la tête pour trouver le visage enfoui de sa Dorothy contre son dos.

Elle ne paraissait pas se préoccuper de la présence inhabituelle d'Alfie à cette heure tardive. D'ailleurs, les bras de la jeune femme l'encerclaient comme s'il était le meilleur oreiller qu'elle n'ait jamais eu.

Il pourrait sans doute accuser Dorothy de l'avoir séquestré si jamais il ne se levait pas. Mais au moment où cette idée lui traversa l'esprit, les lèvres de sa partenaire s'écrasèrent contre sa peau en guise de bonjour matinal.

— Qu'est-ce que tu fais encore là ? marmonna-t-elle d'une voix endormie.

— C'est une façon de me traiter, love ?

Dorothy soupira et se retourna de son côté du lit, délaissant son ours mal léché.

— Tu veux que je te remplace ?

Alfie se redressa et finit par se lever en grognant. Dorothy suivit sa démarche chaloupée du regard, puis sortit du lit, à son tour.

Quelque chose n'allait pas, elle le sentait.

Sans attendre une réponse de la part de son partenaire, elle lui emboîta le pas, après s'être enveloppée dans sa robe de chambre.

La blonde s'infiltra à son tour dans la salle de bains et observa Solomons sans rien dire. Le front plissé et les yeux assombris, il fixait son reflet avec dégoût.

— Alfie, qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien qui ne te concerne, love.

Dorothy sentait qu'il était irrité et qu'il faisait un effort pour rester diplomate avec elle. Toutefois, la jeune femme n'aimait pas qu'il se retienne. Ils avaient toujours été sincères.

Si colère il y avait, colère cela devait être.

Aussi, la blonde ne recula-t-elle pas et s'avança vers lui, le forçant à la confronter. Puis ses yeux noirs, qui cherchaient le bleu d'Alfie, se perdirent sur une longue plaque dessinée sur sa joue.

The Woman In Black And White || PEAKY BLINDERS A.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant