XXV- Le sursis

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Dorothy était appuyée contre la Chevrolet noire qu'Alfie lui avait offerte un mois plus tôt. Ses cheveux blonds volaient de chaque côté de son visage, cachant la cigarette qu'elle était en train de fumer entre ses lèvres.

Le vent venait du nord. C'était celui qui bordait toujours les docks près de la Tamise, apportant avec lui les quelques effluves des quais : les épices, le chocolat et tout ce qui avait été livré dans la matinée.

Devant elle se tenait le ferry que prenaient les passagers pour rejoindre la mer. Il y avait du monde aujourd'hui, d'autant que les autres ports d'embarcations avaient été fermés sous les ordres de Scotland Yard.

Tirant un peu plus sur la cigarette, la blonde ferma ses paupières un court instant. Elle n'était pas à son aise.

Toute cette situation la mettait en alerte.

Les nuages au-dessus de sa tête étaient annonciateurs de pluie, le vent était glacial, l'humidité s'infiltrait partout, et son cœur battait lourdement dans sa poitrine.

Elle faisait une erreur monumentale.

Briser la confiance d'Alfie en se mêlant d'affaires qui ne la concernaient pas.

Même si le prétexte était louable, Solomons ne l'entendrait pas de la sorte.

Dorothy croisa les bras et la cendre tomba sur ses chaussures Salomé, beige. Ses talons à bobines raclaient les pavés à chaque fois qu'elle décroisait sa jambe.

Quand la cigarette fut totalement consumée, le mégot disparut sous sa semelle impeccable et s'écrasa sur le sol.

Le style vestimentaire qu'elle arborait aujourd'hui n'était pas sans rappeler les silhouettes des étoiles montantes à Hollywood.

Un pantalon blanc serrait le haut de son ventre, servant généralement pour le sport de ces dames. Dorothy y avait coincé une chemise de la même couleur en prenant soin d'ouvrir le col, dévoilant un cou translucide et décoré d'un bijou discret. Une longue veste, ressemblant à une robe ouverte, à motif fleuri, couvrait ses épaules. Le tout rappelait ces grandes figures en noir et blanc. Comme ce que la jeune femme aurait pu devenir.

Dissimulée sous sa veste, le holster d'épaule en cuir avait fière allure. Il se tenait prêt, lui aussi.

La conseillère du roi de Londres se redressa et s'avança sur l'asphalte légèrement mouillé.

Des silhouettes se dessinaient à travers la fine brume de Londres.

Il s'agissait certainement des deux Shelby ramenant leur proie. Il avait été convenu que Dorothy leur frayerait un passage jusque sous le pont. Là, il se débarrasserait de la femme avant d'embarquer le vieil homme avec eux.

Dorothy n'avait pas demandé les détails, elle se contentait de faire en sorte que la mission se passe normalement. Dans l'ultime but de garder Alfie en vie. De taire cette bataille qui sévissait entre Thomas et lui.

Le vent souffla un peu plus fort.

Dorothy sentit les pans de sa longue veste se soulever autour d'elle.

Toutefois, alors que les Peaky se rapprochaient d'elle et de la voiture, la bruine se dissipa.

Le couple Changretta ne disait rien et se contentait d'avancer. La femme semblait être la plus féroce des deux, n'acceptant pas le destin qui allait la condamner.

Personne ne parla et Dorothy se contenta de se hisser dans la Chevrolet pour démarrer le moteur.

Le silence était total, lourd et pesant.

The Woman In Black And White || PEAKY BLINDERS A.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant