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La veille du bal approcha bien vite, sans que Draco ne lève le petit doigt. De mon côté, je n'ai rien dit non plus, et, sans que ça fasse mal au final, nous sommes revenus à cette indifférence apathique de l'année dernière. Cela me convient peut-être, je ne sais pas. Il y a quand même une certaine déception, de tout envoyer en l'air parce qu'on est deux à buter sur les mêmes problèmes. Enfin, il vaut mieux oublier ça et m'occuper plutôt de mes amis, qui ont eux une vie sociale plus productive que la mienne. Du côté d'Alice, Blaise lui a demandé de l'accompagner, elle est aux anges. Quant à Arthur, le pauvre, aucun garçon n'a accepté. Il y va donc avec moi, ce qui ne réjouit franchement personne. Il a bien tenté de faire comme s'il était ravi, mais même son hypocrisie exagérée sonnait faux. Il m'a raconté ce qu'on lui avait sorti pour le rejeter. Je ne comprends pas le combat de ces gens fermés d'esprits. Peut-être. Peut-être que ces cent dernières années, l'homosexualité et le reste n'étaient que des tabous, des horreurs de la nature. C'est contre-nature : c'est aussi naturel que de naître avec les yeux bleus. Est-ce qu'on est contre les yeux bleus ? Ce n'est pas comme ça que la société fonctionne : mais combien de traditions passées nous paraissent idiotes maintenant ? A quoi ça rime, d'empêcher des gens de s'aimer ? Alors c'est ça, le combat ? Être contre le bonheur ? Si c'est ça, alors je ne pourrais pas accepter ce genre de comportement. Il va vraiment falloir accepter qu'une femme peut rouler une pelle à une autre, et homme peu rouler une pelle à un homme. 

La soirée promet pour lui et moi. Nous sommes au comble du bonheur, et nous baladons avec des petites pancartes "vive les gros cons" pour célébrer notre joie.

J'arrive à la volière, essoufflée. Si cet endroit a l'avantage d'être animé seulement par des hululements apaisant et pas par des premières années bruyant mal élevés, cette tranquillité à un prix : mes poumons. je m'installe confortablement avec quelques cahiers, et commence à étudier. Au bout d'un certain temps, des pas précipités se font entendre, et lorsque je constate la disparition du soleil, je me relève brusquement. Et si c'était un professeur ?

Pourtant, c'est un blondinet de serpentard qui arrive. Et au pas de course, s'il vous plaît !

Je crois que voir le professeur Rogue aurait été mieux. Achevez mon âme et jetez là à un hypogriffe, ça vaudra mieux.

Il fronce les sourcils.

"Tiens ! T'es là.

- Comment ça ?

- T'es au courant que c'est minuit passé ? Alice se fait un sang d'encre.

- Merde, je lâche, en récupérant mes affaires à la hâte."

Je regarde Draco me passer devant pour atteindre sa chouette.

" Rassure toi, je suis pas venu te chercher."

Ça fait juste mal, mais bon. Si je saute de la fenêtre, vous croyez que c'est préférable plutôt que de m'étouffer avec cette tension ambiante ?

"Je dois envoyer une lettre à mon père."

À minuit ? Je reste plantée là quelques secondes, les sourcils légèrement froncés, sans vraiment comprendre pourquoi je ne me barre pas sur le champ, au risque de me prendre à nouveau ...

"Pas la peine de te forcer, tu sais."

Il ne m'accorde aucun regard et observe sa chouette s'envoler. Il se tourne vers la sortie.

"J'y vais."

Je ne demande pas mieux !

"Ah ouais carrément, dit-il en se tournant vers moi."

Parler à voix haute ... Non mais, c'est un concept intéressant. C'est vrai que, jadis, dans ma prime jeunesse, mes parents m'ont fait don de cordes vocales, que j'utilise à présent pour ... empirer les situations, manifestement. Franchement je crois que si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu faire pire.

𝒜ℯ𝒾𝓅𝒶𝓉𝒽𝓎  (Draco x Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant