𝒜ℯ𝒾𝓅𝒶𝓉𝒽𝓎 (Draco x Oc)

52

Je m'enfonce profondément dans la forêt, décidée.

J'ai confiance en Draco. C'est ce que je me répète en boucle. Mais cette connasse, comment lui faire confiance ?

Les images d'elle dans les pulls de mon mec dansent devant moi. La voir dans son lit, en train de rire avec lui. La voir l'enlacer.

Ça me rend folle.

Je vibre de rage et ne fais pas vraiment gaffe à où je vais, pourvu que ce soit loin. Ces adultes me répugnent. Ces filles me répugnent. J'imagine un instant un monde où les parents de Draco seraient gentils. On pourrait vivre, peut-être pas en paix, mais plus librement.

Je ne vois pas le temps qui passe et finit par fatiguer. Je me pose sur un caillou, exténuée. L'idée que Draco s'inquiète me traverse l'esprit, mais le sourire poli de Jane me revient en tête et je balance un caillou de rage.

"Pourquoi tout est injuste ...?"

Parce que je la connais, la vérité. Ses parents ne lâcheront pas. Et Draco, désireux de sauver sa famille et lui-même, il va choisir la meilleure option. Je serais peut-être celle qu'il aime vraiment, mais je serais un secret caché pour longtemps. Je ne veux pas être un secret.

"Alors ? On regrette ?"

Je pousse un cri, tant je suis surprise. Je fais volt face, bondissant sur mes pieds, pour tomber nez à nez avec un visage que je n'aurais pas imaginer croiser il y a peu.

Il n'a pas beaucoup changé. La barbe en plus, l'air plus vieux bien sûr, plus imposant, aussi. Le seul détail dérangeant chez lui, c'est cette longue balafre qui lui traverse le visage et peut-êtrecet air maladif. Sans ça j'aurais presque l'impression qu'on m'offre mon frère.

"Tu te souviens, des parents ? Ah oui, c'est vrai. C'est eux qui ne peuvent plus se souvenir."

Je dégaine ma baguette, tremblante. Je reste sans voix. Qu'est-ce qu'il fout là...

"Pourquoi t'as fait ça ?"

Je serre les dents et tente une seconde de transplaner, loin d'ici. Mais cette forêt est sous le sceau des Malfoys. Alors comment il a fait pour venir ici ? En désespoir de cause, je recule pour fuir.

"N'essaie pas. Je te rattraperais.

- Si tu pouvais venir me voir depuis si longtemps, comment ça se fait que t'aies disparu ?"

Ça m'a échappé. Mais je peux pas m'empêcher de cracher mon venin. Jim serre les lèvres et fronce les sourcils.

"Je pouvais plus le voir.

- Et maman ? Et moi ? Tu pouvais pas nous voir, aussi ?

- Il fallait que je parte. Il fallait que je fasse un break avec tout ça.

- Lili venait de mourir !"

J'ai hurlé ces mots comme si ils pouvaient me protéger de la douleur qu'ils me causent.

" Laura ...

- Des lettres ! Juste des putains de lettres, pendant 10 années ! Et tu oses me faire des leçons sur ce que j'ai fait aux parents !? Mais à ce stade là t'avais même plus de famille, de quoi je me mêle à la fin !?

- Laura, tu comprendrais pas ...

- Comment tu peux dire ça alors que tu m'as même pas vu grandir, hein ?

- Je sais. Mais c'est juste que ... je pouvais pas. C'était trop. Je voulais juste repartir de zéro. Lili est morte et ... c'était trop dur. Fallait que je change tout pour me sauver la tête.

- J'aurais préféré te voir sombrer que te voir nous abandonner au moment où on avait le plus besoin d'être unis."

Jim accuse le coup.

" Pourquoi t'es là ? Pourquoi tu me cherches ?

- T'es pas facile à trouver d'ailleurs ... si on m'avait dit que tu sortais avec le fils Malfoy ... tu sais t'entourer de gens très bien !

- Remets Draco sur le tapis et je te tue. Contrairement à toi, sa présence compte pour moi.

- Je reste ton frère.

- Les frères en papier, on les brûle en général. Mais ça ne répond pas à ma question. Qu'est-ce que tu fous là ?

- ... Le monde magique n'est plus sûr, Laura.

- Et ? Cache toi comme tu sais si bien le faire et fous moi la paix.

- Je peux supporter la mort de Lili. Je peux supporter de partir pour éviter de rendre la vie à la maison horrible. Je peux me tenir à l'écart pendant 10 ans. Je peux te fuir quand tu me cherches. Mais il y a un truc que je peux plus supporter.

- Putain, l'intro est consistante ! Tu l'as écrite ou ça te vient tout seul ?"

Quand la situation t'échappe, jouer la carte de l'ironie et du 2nd degré.

"Je peux perdre une petite sœur. Je peux pas en perdre 2."

Un moment de flottement passe après son annonce, puis j'explose de rire. Franchement. On dirait une tarée.

"Mais tu es ..."

Je tente de finir ma phrase mais je me remets à rire, hilare.

"...vraiment ..."

J'essuie des larmes au coin de mes yeux.

"...complètement fou !"

Il me regarde, gravement, et je me calme. Je me rends compte que ce n'est vraiment pas une blague.

"Mais tu te prends pour qui connard ? Tu crois que t'as le pouvoir de me dire ce que je dois faire ? Essaie déjà de me faire éternuer et on en reparle.

- Je suis sérieux. Je sais que je t'ai laissé trop longtemps seule. Mais y avait les parents, Dumbledore ...

- Et pas toi ? Curieux ! Sérieusement te fatigue pas, je vais m'en sortir.

- Tu crois ? Les Sang-de-Bourbe qui meurent dehors, ça te fait pas peur ? Tu te sens pas concernée ?

- Et toi alors ? T'es quoi, un descendant de Sirius Black ? Écoute Jim, t'as fait ta vie et j'ai fait la mienne, quand on part on assume et tant pis si ça se passe pas comme prévu.

- C'est un sujet sérieux ! Je prends mes responsabilités en tant que frère, les nés moldus sont en danger et je préfère te garder en sécurité.

- Donc si je comprends bien, tu te barres quand ma sœur meurt, par lâcheté, parce que si, c'est de la lâcheté, tu m'envoies des lettres vides pour me dire que t'es vivant, quand je te cherche tu fuis, tu reviens pour des raisons douteuses dans ma vie et tu te dis que vient le bon moment pour jouer les grands protecteurs foireux ? Que je vais te suivre bien gentiment ? Mais tu délires !"

Et ce doit être ça, en fait. Peut-être qu'il est vraiment fou. Peut-être que la solitude a tout cassé. Peut-être que la mort de Lili l'a détruit. Ce qui est sûr, c'est que je ne compte pas le suivre et qu'une décision s'impose, évidente.

Elle me semble encore plus évidente quand Jim braque sa baguette devant moi. Quand ses yeux brillent de rage.

Quand il hurle "Diffindo".
Quand il me dit que je ne perds rien pour attendre.
Quand il part.

Une décision s'impose, oui.

Il va falloir se barrer, et vite.