𝒜ℯ𝒾𝓅𝒶𝓉𝒽𝓎 (Draco x Oc)

58

Le jour J est arrivé.
Plus aucun bruit ne se fait entendre.
La tension dans le pièce se fait palpable.

Mes mains liées fermement pour les empêcher de trembler, je suis assise sur mon (ancien) canapé, à regarder le décor. Mon attitude à été longuement étudiée. De mon regard perdu et triste à la position même de mes pieds, tout en moi prouve à cet instant ce que je dois faire croire à Jim lorsqu'il arrivera. Un signe de rédemption, la peur, le regret, le doute ... un torrent d'émotion que quelque part je ressens réellement.
Parce que je dois tuer mon frère.
Mon frère.

Je me lève lentement (ça aussi, c'est calculé) et contemple les photos aux murs. Photo où je n'apparais plus bien sûr. J'aperçois un cliché de Lili dont je ne me rappelais pas l'existence. Enfin, c'était un cliché de nous deux, mais il y a juste un espace vide. Elle me sourit de toutes ses dents blanches sur la photo moldu inanimé. Je tourne le cadre face contre le bord de la cheminé.

Le temps est long et pendant un instant, j'ai peur que notre plan n'aie pas marché, que Jim n'aie pas été dupe.
Les minutes et les secondes s'allongent impitoyablement. Même l'horloge est arrêtée.
Le silence, le silence, le silence ...

Bruissement de papier. Fenêtre ouverte. En un instant tout à changé.

"Petrificus totalus !"

Je me retourne pour parer juste à temps le sort de Jim. Ce dernier semble encore plus perdu au fond de lui-même que la dernière fois, c'est terrifiant. Je ne l'ai pas vu ou entendu arriver, comment il fait ? Il ne peut pas avoir transplaner. On se regarde dans les yeux. Je ne dois pas me laisser déconcentrer, il faut que je parle.

"Jim je ne suis pas venue ici pour te faire du mal."

Rien. Pas un battement de cil.

"Je t'ai demandé de venir pour discuter ... de la dernière fois."

Où il m'avait bien amoché, mais passons, c'est une réunion de famille, que diable ! Ce serait bête de plomber l'ambiance.
Concentre toi Laura putain.

"De ce que tu m'as dis, à propos de ma protection. Du monde dangereux."

Ma voix tremblante d'émotion est à peine feintée. Plus j'avance, plus ça me paraît difficile. Même la partie en moi qui écumait de rage la ferme, sur ce coup.

"Si tu m'as fait venir pour m'en remettre plein la tête tu aurais pu t'abstenir. Ça ne va rien changer.

- Je ne suis pas venue pour ça. Je sais que je me suis mise en colère, que j'ai dit des choses horribles, dans le bois. Mais c'est juste que... que ...

- Que quoi ? Dit-il, agacé.

- Tu étais parti ... si longtemps ... et l'année dernière je voulais juste ... r-retrouvé mon frère et ... tu t'es b-baré !"

J'aperçois une fêlure dans son masque de marbre en voyant de petites larmes perler aux coins de mes yeux.

- Juste te voir. Juste te serrer dans mes bras un instant. Juste me dire que je suis pas fille unique. Je t'aime tellement Jim mais ça m'a fait si mal de trouver ton camp vide !..."

Je m'assois sur le canapé et me met à pleurer. J'essaie de contrôler mes sanglots mais la douleur que je décris est réelle, je ne peux toit simplement pas me retenir. La trahison ressentie avait presque eu raison de moi, à ce moment là. Jim lui pers complètement ses moyens. Il ne s'attendait pas à me voir craquer comme ça, et il se met à trépigner tout seul sans savoir quoi faire. Comment il le pourrait ? Ça fait 10 ans.

"Je ... je sais mais... je ... enfin ... Laura c'était... compliqué à ce moment là... je pouvais pas ... tu sais ..."

Il bafouille comme ça un petit moment me laissant le temps de me reprendre.

"Bref. J'ai très mal réagi. Je m'en suis rendue compte après, quand c'était trop tard. Je ne veux pas qu'on se dispute !

- Moi non plus, princesse ..."

Malgré le chagrin je ne peux m'empêcher de grimacer intérieurement à ce surnom. Comme si ça pouvait arriver un jour ... si la situation s'y prêtait, Draco et moi on poufferait.

"Je suis désolée...

- Moi aussi. Mais, tu sais, si tu viens avec moi, on pourra arranger ça ! Tu verras, non seulement tu seras protégée, mais on pourra passer du temps ensemble, rattraper le temps perdu... j'ai tellement de choses à te montrer, ce sera génial ! Des tas d'endroits du monde magique. On sera bien, Laura, tu verras ... nous deux contre le monde ! Ce sera bien, hein ?"

Son discours est décousu, sans aucun sens, guidé par une forme d'espoir créé par un esprit que je sais maintenant au bord de la rupture. J'aperçois Jim au fond de son regard, presque entièrement englouti par autre chose. J'étouffe de chagrin, je ne sais même pas comment je peux encore tenir mon rôle sans m'effondrer tout à fait.

"Je ... je crois que tu as raison, Jim. Je crois que ça pourrait être bien."

Sa garde est totalement baissée à présent, je le vois, qu'il est sincèrement heureux de cette décision. J'ose sourire à travers mes larmes. Je pourrais lui prendre sa baguette maintenant. La briser et le regarder perdre le contrôle pour se faire tuer. Je devrais le faire.

"C'est vrai ? Par Merlin, c'est vrai ? Oh Laira je suis tellement, tellement heureux ! Je te promets que tu ne vas pas me regretter ! Je te ferais voir tout ce que j'ai, et j'en ai vu des choses ! Tellement de choses ! Oh, ce sera merveilleux ! Bien sûr, les premiers temps à se cacher te paraîtront difficile, mais on a trop de choses à se dire pour s'ennuyer ! Tu apprendras à vivre avec moi et mon ..."

Il s'arrête et me regarde, un instant interdit. Mon sourire déjà figé se crispe un peu plus.
C'est vrai.

Je le vois à la panique dans ses yeux. Je le vois à son tremblement des mains, infime.
Je le vois à la légère aura brumeuse noire autour de lui.

Tout devient trop réel. Beaucoup trop réel. Je me sens littéralement couler. Le soleil qui filtre à travers les rideaux jure franchement avec l'ambiance.

"E-enfin ... ça ira ... ce sera pas difficile ... je ferais attention à toi ... tu ... tu ne seras pas ... blessée ... et moi ... ç-ça va ... je te jure que ça va ..."

Sans réfléchir, sans que ma réaction soit écrite depuis 2 semaines, je me jette à son coup, le meilleur sourire que je puisse servir aux lèvres, sans craindre d'être blessée.

"Je suis tellement contente moi aussi Jim ! Peu importe ce qu'il faudra apprendre, je m'en fiche. Ca va aller."

Et pendant une seconde j'y songe. Vraiment.
Parce que je sens qu'il est sincère et qu'il y croit.
Mais mes mots ne lui font pas plaisir.
Et là, sur mon épaule,
Il se met à sangloter, doucement.

Particulièrement fière de ce chapitre, moi. C'est chelou mais j'aime beaucoup écrire des passages pas joyeux.