La Grande Fracture

Volume 1 - Chapitre 10

A la fin du 14ème mois, les chefs des différentes sections commencèrent à s'organiser pour amener les étudiants sur les lieux de leur premier véritable examen. Dix instructeurs par section s'occupèrent des presque quarante-cinq mille élèves des sections inférieures. En plus des quatre-vingt instructeurs, les sous-chefs de chaque section ainsi que le vice-directeur accompagnèrent les étudiants. La totalité des étudiants se retrouvèrent donc supervisés par quatre-vingt-neuf adultes et aucun des adolescents ne se permettaient de désobéir. Voir cela fit sourire Asgorath lorsqu'il se rappela les difficultés des professeurs de son ancienne vie pour se faire écouter et obéir de groupes beaucoup moins nombreux.

Le voyage dura quatre jours durant lesquels guerriers, chevaliers, rangers et assassins coururent à côté des chariots transportant les mages, prêtres et spiritistes néophytes. Ces derniers étaient aussi accompagnés par des membres de la section érudite qui souhaitait aller au camp de base. Le groupe courant était dégoûté de ne pouvoir profiter du trajet de la même manière que les Arcanistes. Ils auraient bien aimé pouvoir eux aussi observer le paysage et ne pas se fatiguer.

Le paysage en question avait d'abord été une plaine après avoir quitté l'Académie des Neuf Voies. Il était ensuite passé à une forêt clairsemée et lumineuse après un peu plus d'une journée de marche. La plupart des élèves avançaient tout en discutant de la Chasse Sauvage. Certains parlaient de comment cela allait se passer, d'autres souhaitaient faire des équipes. Ces derniers profitaient des haltes pour se reposer et se nourrir pour recruter et former des groupes mixtes. Un grand nombre de mages et de guerriers vinrent chercher l'assistance d'Asgorath au départ, mais ils furent tous repoussés poliment. Voyant qu'il ne voulait pas intégrer d'équipe, les différents demandeurs abandonnèrent l'idée de l'enrôler.

Les quatre jours de voyage passèrent paisiblement. La fin du trajet correspondait à l'orée de la Forêt Sombre. Le groupe y arriva peu avant midi. La première chose que les instructeurs firent fut d'ordonner aux élèves de préparer la place pour installer des tentes ainsi qu'une sorte d'hôpital de campagne. Pour le plus grand malheur de la majorité des jeunes mâles, les filles et les garçons eurent leurs tentes séparées. Comme leurs élèves risquaient leurs vies durant cette épreuve, les enseignants ne voulaient pas les voir se déconcentrer et mourir pour des raisons stupides. Tous les adultes pensaient ainsi. Malgré leurs déceptions, les jeunes hommes obéirent. Voir les filles heureuses de cet arrangement avait pour effet de remuer le couteau dans la plaie, mais ils n'y pouvaient rien.

Monter le campement prit le reste de la journée. Il rappelait à Asgorath les campements militaires qu'il avait vus dans des documentaires et des reportages télévisuels. Ce dernier devait rester en état pour trois mois car il servirait de point de rendez-vous pour les trois expéditions d'étudiants et pour ceux qui abandonneraient en cours. Ces derniers resteraient sur place et devraient aider les instructeurs et s'entraîner. Bien entendu, ils perdaient le droit de retourner dans la Forêt Sombre, mais ce qu'ils avaient déjà obtenu ne seraient pas confisqués. Cette règle servait à forcer les étudiants à accepter leurs faiblesses et à ne pas se jeter au-devant de la mort.

La plupart des jeunes se regroupaient avec leurs amis et les membres de leur groupe d'exploration. Le faux humain préféra lui s'isoler des autres afin de rester au calme. Isolé, il continua de s'entraîner après avoir aidé les professeurs. Même au cours du banquet, il continua de s'entraîner, ne s'arrêtant qu'une seule fois pour manger un morceau. Il se coupa donc des sons joyeux et plein d'entrain qui venaient des autres élèves qui s'amusaient. Cela lui fut difficile au début, mais plus il s'enfonçait dans son état méditatif et de d'entraînement, plus il se concentrait dessus et éliminait le reste de ses pensées. Quelques minutes lui suffirent pour se séparer du reste du monde, se créant une bulle l'en protégeant. Il médita plusieurs heures sans arrêter avant de s'endormir tout en continuant sa transe.