Volume 1 - Chapitre 19

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A l'Académie des Neuf Voies, la vie continuait son cours. Les étudiants écoutaient leurs professeurs ou s'entrainaient, seuls ou en groupe. Comme toujours, l'école était pleine de vie et d'activités, réflexion parfaite de Bordall. La cité était après tout un centre culturel et économique assez important dans l'Empire. Pour la plupart des habitants, la vie était bonne. Et une partie non négligeable de cette prospérité provenait de l'Académie et de ses dizaines de milliers d'étudiants.

La cloche de la porte Ouest sonna. Le son se répandit dans toute la ville, interrompant la vie de ses habitants. Ils dirigèrent leurs regards étonnés vers l'ouest, un air interrogatif sur leur visage. Certains des habitants, parmi les plus vieux, avaient l'air inquiet. Dix secondes après le premier son, un second retentit, puis un troisième dix secondes après. Le quatrième et le cinquième son de cloche retentirent immédiatement après. Dans la ville, plusieurs personnes soupirèrent de soulagement.

« Ouf, j'ai eu peur pendant un moment, mais ça va mieux maintenant, marmonna bruyamment un vieil homme dans un bar.

-Ha ha ha, et de quoi tu as peur exactement, vieillard ?

-Les sons de cloche sont utilisés pour indiquer la situation autour de la ville, idiot. Les sons entrecoupés de dix secondes signifient l'importance de la situation. On en a eu trois ici, donc c'est de haute importance. Ça a été suivi de deux sons immédiats, donc il s'agit d'hommes de l'Empereur en mission officielle. Trois auraient été pour des bêtes magiques, quatre pour une armée d'un autre pays. Cinq des bandits et six pour des démons. Tu comprends mieux, gamin ?

-Comme si on pouvait attaquer Bordall comme ça ! On se trouve en plein milieu de l'Empire, vieux sénile !

-Aaaah, jeunesse ignorante, soupirèrent en même temps tous les plus de soixante ans.

-Il y a vingt à trente ans, pendant la dernière guerre avec les démons, ils nous ont attaqués deux fois. La ville a même été détruite à plus de 80% une fois. En cas de guerre, il n'y a rien de certain. Aucune zone n'est sans risque, ajouta une femme ridée avec presque plus de cheveux. »

Ce genre de discussions allait bon train partout dans la ville, les personnes âgées enseignant aux plus jeunes la signification des sons de cloche. Rapidement, toute la ville sut que les envoyés de l'Empereur arrivaient. L'atmosphère devint tendue et excité. Les gardes se mirent en rang à la porte Ouest et formèrent deux longues files dans les rues jusqu'à l'Académie. Les habitants furent écartés du passage créé. A chaque minute passant, de plus en plus de personnes s'agglutinaient pour observer les envoyés.

Le maire et le chef des gardes attendaient devant la porte Ouest. Ils furent bientôt rejoints par la directrice de l'Académie des Neuf Voies et ses deux vice-directeurs. Sans un mot, ils se mirent en place. La porte s'ouvrit une dizaine de minutes plus tard. Vingt soldats en armure de plaque rouge, avec un heaume en forme de tête d'aigle et une lance en main, formèrent deux rangées. Un carrosse richement orné avec le Roc doré emblématique de l'Empire gravé sur ses portières entra dans la ville. Les cinq plus grandes autorités de Bordall s'inclinèrent à son arrivé. Le carrosse s'arrêta. Un homme mature, la peau bronzée, les cheveux bruns et les yeux bleus en sortit. Ses habits de soie, finement tressés, agrémentés d'images réalisées avec des fils d'or, indiquaient son haut rang social. Ses doigts portaient sept bagues faites en or, diamant, cristal et autres matériaux précieux. Son visage, assez beau et gracieux, se tordait d'arrogance. Un jeune homme aux habits beaucoup plus somptueux et classes vint à sa suite. Il n'affichait pas la même vanité, mais l'orgueil de ceux qui connaissent leur position et valeur, et non pas de ceux qui se surestiment. Ses yeux et cheveux noirs lui donnaient une beauté plus grande et attrayante, particulièrement auprès des femmes. Ses yeux, perçant, se posèrent sur les cinq représentants de Bordall avant de vagabonder. Une troisième personne sortit. Il s'agissait d'un homme mature, légèrement ridé, avec des cheveux gris et des yeux bruns. Sa tenue décontractée et simple se composait d'une tunique sans manche marron et d'un pantalon de la même couleur. Ses yeux s'illuminèrent en tombant sur la directrice de l'Académie.

La Grande FractureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant