La Grande Fracture

Volume 1 - Chapitre 16

Dans une grande pièce sombre, à peine illuminée par des chandelles, de petites ombres trapues tiraient sur des chaines. Elles cliquetaient à chaque mouvement, leurs maillons frottant entre eux et contre le sol. Les créatures enroulaient les chaines autour des bras et des jambes d'un humain allongé sur une longue table. Les créatures tirèrent sur les chaines, les tendant au maximum, ainsi que les bras et les jambes attachés. Les muscles souffrant réveillèrent le prisonnier. Le corps de celui-ci était endolori mais il n'avait aucune blessure. Il se sentait par contre très faible, incapable de trouver la moindre force. Il sentait néanmoins l'air froid et le métal glacé sur son corps. Asgorath frissonna. Et observa la pièce, sans remuer ses yeux ou un muscle.

Ce gars semblait intéresser par mon sang. Vu comment il m'a parlé, et ce qu'il a dit, les gobelins ont été créés par lui. Il ne sait pas que je suis un Kzhan'La mais il a été capable de deviner qu'il y avait quelque chose d'anormal avec moi. Il veut sûrement utiliser cette anormalité pour renforcer ses créatures, ou en créer de nouvelles. Puis, il m'éliminera. Ou fera de moi l'un de ses esclaves. Le faux humain fronça très légèrement les sourcils, continuant son raisonnement. Je ne peux pas me battre. Donc, il faut que le laisse obtenir ce qu'il veut mais que j'essaie de l'empêcher d'accomplir ses objectifs le plus possible. Juste ce qu'il faut pour qu'il ne perde pas intérêt mais ne réussisse pas ... ... ... ... ... Et comment je fais-ça, moi ?

Une porte grinça, interrompant les pensées du démon. Un homme, grand et chauve, la peau blafarde et les yeux injectés de sang, entra dans la pièce. Il portait une robe et des sandales totalement noires. Attaché, le faux humain ne pouvait qu'observer et réfléchir. Du coin de l'œil, il gardait l'étrange homme dans son champ de vision. Celui-ci était légèrement ridé et ses yeux rouge sang étaient froids et calculateurs.

« Qui êtes-vous ? Que comptez-vous faire de moi ? »

L'homme se rapprocha sans un mot. Il observa son prisonnier sous toutes les coutures. Plusieurs minutes passèrent sans autre son que celui des sandales sur le sol.

« Tu as du courage, gamin. Tu es mon prisonnier et tu oses me poser des questions. Tu n'as pas peur des conséquences ? Non, ce n'est pas ça. Tu as compris que tu m'étais précieux comme cobaye et que je ne me débarrasserai pas de toi comme ça. Tu sais aussi que de toute manière tu vas souffrir, d'où ton impudence. Je me demande si c'est toujours du courage quand on sait qu'on ne risque rien ... ... Peu importe. Qui suis-je, tu demandes ? Tu n'as pas à le savoir. Ce que je vais te faire ? Tu le sais déjà. Je vais t'étudier. Te disséquer. Ton sang est unique donc le reste de ton corps doit l'être aussi. Quand j'aurai découvert tous les secrets cachés dans ta chair et tes entrailles. J'espère pouvoir les utiliser pour me créer des esclaves encore plus puissants. Ton sang et tes organes les renforceront. Ils m'aideront peut-être même à créer de nouvelles créatures. Les seuls individus possédant un sang pareil sont ceux des diverses familles royales et impériales du continent, et seulement parce que leurs ancêtres ont intégré le sang de bêtes magiques incroyablement puissantes dans le leur. Donc soit tu es l'un de leurs descendants illégitimes, soit tu es un hybride unique. Peut-être même nouvellement créé. Hé hé hé, dans un cas comme dans l'autre, tes secrets m'intéressent au plus haut point. Mais pour le moment, je me contenterais de ton sang. Vous autres, attachez-le bien à la table ! Je ne veux pas qu'il puisse bouger ! Utilisez les tubes et les seaux pour récupérer son sang ! Attention ! N'en prenez pas trop ! Je ne veux pas qu'il me claque sur les bras tout de suite ! J'en ai besoin pour mes recherches immédiatement. Donnez-lui ces pilules quand vous aurez fini. Et n'oubliez pas de le nourrir comme il faut. »

Après avoir posé une bouteille pleine de pilules et de donner ses ordres, le magicien quitta la pièce, laissant ses monstrueux esclaves accomplirent ses basses besognes. Ils attachèrent le Kzhan'La encore plus solidement, ne lui laissant aucune possibilité de mouvement, quel qu'il soit. Puis ils lui coupèrent les poignets et placèrent les tubes dans ses veines, récoltant un maximum de sang. Cela dura une dizaine de minutes au bout desquelles il perdit plus des trois quarts de son sang.