Chapitre 19: L'instructeur Azamat

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Osman l'emmena dans un des espaces verts du complexe. Quoi qu'espace vert était un peu exagéré. On ne pouvait pas non plus parler de dehors puisque le ciel restait celui d'une caverne. Il s'agissait toutefois d'un terrain d'entrainement, avec des tours de pistes dessinés, des enclos dont la fonction était inconnue et même un terrain de football aménagé. Un homme se tenait debout dans une tenue safran. Il était grand, atteignant au moins le mètre quatre-vingt-dix, et il semblait droit comme un piquet planté. Il avait les cheveux longs attachés, une peau mate et un regard sévère.

-Ophélia, voici l'instructeur Azamat. Il est le seul à avoir connu intimement le pouvoir de ton arrière-grand-mère et est donc le mieux placé pour t'aider.

-Commençons sans perdre de temps! lança sévèrement l'instructeur d'un accent très tranché. Nous avons beaucoup de travail.

-Je suis d'accord.

L'instructeur chassa Osman, qui retourna à l'intérieur.

-Vous ne ressemblez pas du tout à l'ancienne grande-prêtresse.

-Je sais, je suis la perfection incarnée, ça doit vous changer.

L'homme fronça les sourcils, peu impressionné par l'impertinence de la jeune fille. Il posa une série de questions sur les capacités qu'elle démontrait et présenta une graine à la jeune fille.

-Faites-là pousser.

Ophélia leva un sourcil intrigué.

-Je peux faire un truc pareil?

-Votre pouvoir touche à la vie et à la mort. Vous pouvez causer la destruction, comme vous l'avez déjà constaté, mais vous pouvez tout autant soigner ou faire pousser des végétaux. Bien entendu, ce don est assez faible chez vous, il est plus puissant chez les enfants de Cernunnos, mais vous devriez en être capable. Si vous avez sauvé un homme d'une telle blessure comme vous le prétendez, faire pousser un plan de haricot ne vous coutera rien.

Avec un grognement, Ophélia se saisit de la graine et tenta de la faire germer. Elle appela son pouvoir à elle, mais rien ne se passa. Elle débordait de chaleur, sauf que celle-ci refusa tout bonnement de faire pousser la moindre plante. Elle fronça les sourcils, se concentra jusqu'à en avoir la migraine. Elle imagina le processus dans sa tête, essaya de toutes les manières possibles et imaginables. L'instructeur devait bien se payer sa tête.

Au bout d'une heure et demi infructueuse, il regarda la luminosité qui déclinait. Au loin, une cloche sonna.

-C'est l'heure du diner. Vous reviendrez demain dès les premiers rayons et vous continuerez l'exercice jusqu'à ce que vous réussissiez.

Avec un grognement de dépit, la jeune fille abandonna la graine et le foutu instructeur. Elle suivit tout le monde jusqu'au réfectoire. Les grandes tables blanches alignées étaient déjà couvertes de plats innombrables et aussi variés que possibles. Ophélia s'installa en bout de table, se servit une assiette. Elle ne parla à personne, ruminant sa mauvaise humeur.

La nuit fut mouvementé. Elle la passa à songer à cette fichue graine qu'elle n'arrivait pas à faire pousser. Quel génie elle était, vraiment, si elle n'arrivait pas à ce simple exercice! Elle fut par conséquent une des premières debout et se contenta d'une pomme pour le petit déjeuner. Elle grommelait dans sa barbe lorsqu'un jeune garçon aux traits asiatiques un peu plus vieux s'installa face à elle. Il discutait avec une jeune fille aux accents russes.

-Ça ne te dérange pas? lui demanda le garçon.

Il y avait de la place partout, mais non, il fallait qu'ils viennent se mettre à sa table.

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