Chapitre 1: Charmante réunion de famille

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L'air était drôlement vif ce matin-là. De gros nuages parcouraient le ciel, chargés d'éclairs. Ophélia referma sa veste avec une moue agacée. Il pleuvait déjà depuis trois jours. Elle n'avait pas imaginé son séjour en France comme ça.

Lorsque sa grand-mère l'avait invité, elle s'imaginait sur une plage bretonne, dans la maison secondaire de la famille, les pieds dans l'océan Atlantique. Mais non, sa grand-mère avait trop de choses à faire et Ophélia avait dû aller chez le médecin.

Elle se renfrogna, shoota dans une flaque d'eau. Une petite dame reçut de l'eau boueuse sur le bord de son pantalon et elle commença à incendier la jeune fille en français. Celle-ci fit la moue et inséra un écouteur dans son oreille. Son groupe de musique préféré, Love Day, commença à lui hurler dans l'oreille. Elle s'arrêta devant l'appartement familial, tapa le code et poussa la porte.

L'appartement se situait à deux pas des Invalides, mais se situait dans une ruelle plutôt tranquille. Un endroit calme, un appartement plutôt grand pour une femme seule. Mais sa grand-mère n'était pas n'importe qui. Le bâtiment tout entier lui appartenait, même si elle vivait dans un appartement au premier étage. La jeune fille monta, rentra sa clef dans la serrure et poussa la porte.

Dès qu'elle mit le nez à l'intérieur, une forte odeur d'encens l'assaillit. Sa grand-mère en faisait bruler dans l'autel familial tous les jours. Partout, il y avait du tissu étendu, des croquis, des vêtements, qui trainaient sur tous les murs, les fauteuils et le mobilier. C'était le problème lorsqu'on vivait avec une ancienne couturière. Elle avait fondé une des plus grandes maisons de couture françaises et elle était incapable de s'arrêter de travailler, même après la retraite.

Ophélia débarrassa ses chaussures, serrant contre son coeur le dossier médical. En prenant la direction du salon, elle entendit des éclats de voix. Une dispute. Ce n'était pas inhabituel, sa grand-mère se disputait avec tout le monde. Ce qui était bizarre, c'était qu'elle n'avait pas prévu de visites pour la journée. La jeune fille poussa la porte du salon et se figea, surprise.

Sa grand-mère était installée sur un fauteuil, dans un tailleur bleu, un collier de perles autour du cou. Elle fumait cigarette sur cigarette, si bien que le cendrier était rempli. Elle écrasa sa dernière cigarette contre les autres, foudroyant du regard l'homme qui était assit en face d'elle. Celui-ci était aux antipodes de la vénérable femme. Il s'agissait d'un homme brun, avec des lunettes sur les yeux, un costume sur-mesure sur le dos et qui tapotait impatiemment sur sa cuisse. Un visage très connu. Tony Stark. Il se tenait très mal et rendait bien son regard à la vieille femme. L'animosité entre les deux rendait l'atmosphère presque irrespirable.

-Papa? s'étonna la jeune fille. Qu'est-ce que tu fiches ici?

-Il est venu me pourrir la vie, comme d'habitude, cracha la femme.

Elle s'adoucit en portant les yeux sur sa petite-fille et lui tendit la main. Ophélia alla l'attraper et s'assit sur le fauteuil à côté de sa grand-mère, complètement perdue. Elle devait passer encore deux semaines en France, alors pourquoi son père venait-il la chercher aussi soudainement ?

-Qu'est-ce qui se passe?

Son père se redressa, les yeux furieux.

-Ce qui se passe? Tu comptais m'annoncer quand le verdict du médecin?

Aïe. Grillée. Elle ne s'attendait pas à ce que le médecin aille envoyer son dossier à son père. Ni que celui-ci viendrait en personne pour l'engueuler. Elle avait prié pour que ça se fasse au téléphone, loin l'un de l'autre...

-T'es au courant maintenant, non? Pas la peine d'en faire toute une histoire.

-Pas la peine? glapit sa grand-mère. Tu m'as dis que ça allait mieux et que tu étais sur la voie de la guérison. Il faut que tu sois hospitalisée d'urgence!

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