Realta

Chapitre 40: Les tortues ont des carapaces

Il faisait nuit lorsqu'ils passèrent à l'action. James, Tony et l'adolescente coururent sur les quais aussi discrètement que possible. La seule lumière provenait des projecteurs, qui rendaient la scène presque glaçante. Ophélia se sentait presque comme entrant dans un théâtre des horreurs. La fatigue, le stress et la panique ne faisaient pas bon ménage, alors tout cela plus l'angoisse autour de Pepper, c'était beaucoup trop. Elle avait l'impression d'être une cocotte minute prête à exploser.

Ils s'approchèrent de l'échelle du pétrolier qui était amariné là. James commença à monter, s'arrêta lorsqu'il entendit quelqu'un passer. Derrière son père, Ophélia était plus tendue qu'une corde de piano. Dès que l'engin passa, ils escaladèrent l'échelle à tour de rôle. Ophélia mit un peu de temps, peu habituée à ce genre d'efforts. Son père lui tendit une main secourable qu'elle saisit avec un grand soulagement.

-Vous venez? leur lança James.

Ils se dépêchèrent de le suivre à l'abri derrière une remorque immobile. Les deux hommes étaient armés et Ophélia était prête à utiliser sa magie à chaque seconde. Derrière son abri de fortune, elle sentait son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Le bruit en était assourdissant. "Calme-toi!" lui intima sa conscience. Il fallait qu'elle se concentre.

-Tu ne vas pas paniquer, ce coup-ci? demanda Rhodey à son ami.

-J'espère que non, répliqua le milliardaire.

-Non il ne va pas paniquer, assura sa fille. Je crois... James, si je meurs à cause de l'incompétence de mon père, marque "A la perfection incarnée" sur mon épitaphe.

Ils continuèrent leur avancée sur le pétrolier en toute discrétion. Ils passèrent entre les barils. L'odeur du pétrole était nauséabonde. Ophélia se couvrit le nez après un haut-le-cœur en regrettant de ne pas avoir de quoi chasser l'odeur. Ils s'arrêtèrent derrière un container lorsqu'ils virent une zone d'activité importante devant. James tourna la tête pour évaluer la situation. Curieuse, Ophélia fit de même. Son père la repoussa en arrière, mais elle avait eut le temps de voir le principal: le président était dans l'armure d'Iron Patriot, suspendu par les deux bras plusieurs mètres au dessus du vide.

-Oh merde! laissa échapper James en voyant la scène.

Il se remit derrière son refuge.

-Ils l'ont suspendu au-dessus de la citerne...

-Ils vont le faire cramer, continua l'adolescente.

-Comme des funérailles vikings, commenta Tony. Ils vont l'exécuter en direct.

-Tué par le pétrole.

-Comment peuvent-ils faire une chose pareille? s'ébahit Ophélia. C'est tout bonnement affreux.

Elle n'aimait pas vraiment le président, mais il n'était pas un si mauvais bougre au fond. En tout cas, personne de sa connaissance ne méritait un tel sort. Quel qu'il soit. Elle attrapa sa médaille, le visage assombri.

A côté d'elle, les deux hommes se concertèrent à mi-voix. Ils traversèrent dès qu'une occasion se présenta et se précipitèrent dans un escalier pour se rapprocher. Ophélia se sentait l'âme d'une héroïne ou de quelque-chose s'y rapprochant, sauf qu'une héroïne ça n'avait pas quinze ans et des poussières et elles étaient généralement bien plus douées que l'adolescente dans au moins une dizaine de domaines différents. Cependant, Pepper ne pouvait pas attendre une véritable héroïne. Et le président non plus. Heureusement, elle avait deux héros pour lui sauver la mise.

-Tu pointes ton arme? demanda Rhodey à son meilleur ami.

Il tenait son pistolet droit devant lui et était tendu comme jamais. Il ressemblait à un bloc de nerf.