Réveil

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  J'étais réveillée depuis longtemps mais je ne trouvais pas le courage de me lever. Jusqu'au moment où plusieurs goélands décident de passer devant ma fenêtre en criant. En y réfléchissant, leurs cris n'ont rien de mélodieux, on dirait plutôt des cris de lamentations, remplis de tristesse et de désespoir. Est ce vraiment possible que ces oiseaux ressentent cela ? Je ne pense pas, j'imagine que c'est simplement le cri que la nature leur a donné afin de réveiller les marins au petit matin. Pour moi, ça a fonctionné. Je me lève et enfile des chaussons et une veste en laine. Ce printemps est particulièrement froid, les températures n'arrivent pas à monter, c'est sûrement à cause du vent du Nord, j'entends souvent des marins se plaindre à cause de ça. Je descends ensuite les escaliers. Je remarque que tout est merveilleusement propre, ma mère a du passer la nuit à tout nettoyer. En arrivant en bas, je découvre mes parents autour de la table entrain de déjeuner. Ma mère s'avance vers moi pour m'embrasser puis me montre ce qu'elle a préparé. Je remarque alors un bol de chocolat chaud, de petits pains verdâtres accompagnés de beurre. Quant à mon père, il dévore son petit déjeuner et ne me lance qu'un regard lorsque je descends, tellement il est obnubilé par la télévision. Une émission passe en boucle depuis plusieurs heures. Il s'agit d'un jeu  présenté par César Flickerman où il reçoit plusieurs invités, tous plus ridicules les uns que les autres, qui doivent jouer à un avant/après des vainqueurs. On leur montre des photos d'eux lors de la Moisson et doivent deviner de qu'il s'agit. Pathétique. Ce genre d'émissions devient de plus en plus fréquents en vue de la Moisson qui approche : c'est demain. A un moment, Finnick apparaît à l'écran, c'est son avant/après. Deux femmes faisant parties des invités s'amusent à décrire, avec pleins d'émotions, chaque millimètre du visage de mon frère en ajoutant souvent des commentaires tels que « Il a toujours eu un beau nez », « Sa bouche est devenue plus pulpeuse » ou encore « Ses sourcils ont noircis mais je le trouve plus séduisant ainsi ». Cela agace mon père qui grommelle quelque chose d'incompréhensible. Je sais qu'il ne supporte pas que son fils soit devenu un objet de désir pour tous les habitants du Capitole. Pour lui il reste son grand garçon fort qui l'aidait à pêcher autrefois.
Je m'assois et bois rapidement mon bol pour ne pas m'éterniser.

« Je vais aller nager, dis-je à mes parents, et si vous voulez je ramasserai des moules en passant »

Je commence déjà à quitter la table convaincue d'avoir obtenue l'approbation de mes parents. Mais mon père se contente juste de me répondre un « Non » franc avant de se replonger dans son émission.

« Hein,pourquoi ? Je fais ça tous les matins d'habitude. Et pourquoi t'es pas allé pêcher ? »

Quand Finnick a remporté ces jeux, notre vie a changé -je n'avais que 6 ans mais je m'en rappelle. Nous étions devenus riche, plus besoin de pêcher jour et nuit pour mon père. Ma mère, elle, vendait chaque jour sans exception au Marché, les poissons et autres crustacés que ramenait mon père. De plus nous avions eu cette maison, dans la rue des Vainqueurs, c'est à dire éloignée du port, des trafics et de l'odeur désagréable de poisson. Mais depuis plusieurs années, Finnick ne demande plus d'argent au Capitole, j'ignore pourquoi. Cependant il nous reste largement assez d'argent pour vivre. De ce fait mon père a repris son activité de pêche mais c'est plus pour le plaisir d'aller en mer, car il refuse de l'admettre mais ces journées passées entièrement sur les flots de l'eau lui avaient manqué.

« Y'a Poupinet qui revient, m'annonce mon père »

Poupinet c'est Finnick. On lui a donné ce surnom car c'est comme ça que l'appelait sa première conquête au Capitole, elle s'appelait Catherine Goyle. Un jour dans une interview où ils étaient invités tous les deux, elle n'arrêtait pas de l'appeler ainsi, le ridiculisant profondément. Mes parents, hilares, ne cessaient de se moquer de lui et décidèrent alors de garder ce surnom ridicule mais qui lui va si bien.
Je regarde ma mère pour plus de précision.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant