S'adapter pour suivivre

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Je me réveille aux premiers rayons de lumière. Je suis encore dans mon arbre, mes noeud sont bien tenus, je n'en doutais pas une seule seconde à vrai dire. Au dessus de moi, plusieurs geais volent dans les airs. La nuit s'est bien passée, je crois n'avoir entendu qu'un seul coup de canon. Même si je suis bien sur ma branche, je ne peux rester ici. Ma gorge commence à se dessécher et mon ventre ne cesse de gargouiller : il faut que je me nourrisse. Je rattache la corde et descends noeuds par noeuds. Une fois en bas, je secoue la corde pour qu'elle se détache de l'arbre. Le bout de bois me tombe presque sur la tête. Je re-enroule la corde et l'enfile comme une bandoulière sur les épaules. J'accroche aussi mon couteau à ma ceinture au cas où je devrais m'en servir. Ma source de nourriture la plus sure reste l'étang, il y a de l'eau et des animaux doivent venir y boire. Le seul risque est de rencontrer des tributs, il y en a forcément deux aux alentours à moins qu'ils ne soient partis ou morts... Je marche donc en direction de l'étang en faisant attention de laisser le moins de traces de pas derrière moi. Je traverse la forêt de peupliers puis retrouve l'eau. Je n'avais vraiment fait attention à ça la veille mais le sol s'enfonce de plus en plus quand on marche. Je me cache dans des roseaux au bord de l'étang. Quelqu'un peut m'arriver par derrière mais je l'entendrai venir grâce aux bruits des roseaux. A part ça, je suis invisible pour le reste de l'arène. Même les animaux ne font pas attention à moi. Avant de goûter l'eau, j'attends à ce qu'un animal en boive pour me prouver qu'elle n'est pas toxique car si elle l'est je serai drôlement embêtée. En attendant qu'un lapin me serve de goûteur, je me fabrique un filtre à base de mousse, celui que m'avait enseigné Mags. Comme ça, je pourrai nettoyer l'eau avant de la boire. Je suis à l'affût, j'attends. J'ai peur qu'aucun animal daigne venir. Mon ventre ne cesse de gargouiller. Après plusieurs heures d'attente, mes pieds commencent à s'enfoncer dans le sol. J'en ai marre, j'ai trop faim, je ne peux plus rester assise ici à attendre. Quand je me lève, un couple de poules d'eau viennent se poser sur l'eau. L'une d'entre elles semblent boire. Peut être suis-je entrain d'halluciner ? Mon estomac contrôle maintenant mon corps. Je me lève discrètement, attrape mon couteau et le jette sur une poule avant qu'elle ne puisse s'envoler. Je l'abats dans la seconde. Malgré toutes mes appréhensions sur l'étang, j'y plonge dedans pour aller chercher ma proie. Je sens que mes pieds heurtent plusieurs choses dans l'eau mais j'essaie de ne pas imaginer de quoi il s'agit.
Je la récupère et la ramène sur le sol. Par chance, mon couteau est resté planter dans son cou. Mon ventre a faim, il réclame de la nourriture mais je ne sais pas comment manger cette poule. Au Quatre, nous nous nourrissons plutôt avec du poisson que les autres viandes. Je me doute qu'il faudrait que je l'ouvre pour lui enlever tous ces organes. Cela ne répugne fortement mais je tente quand même. J'arrache ensuite les plumes. Ma viande ne ressemble à rien, je ne sais même pas si je vais pouvoir manger quelque chose dessus. Je dois paraître si pathétique à l'écran. Je me réconforte à l'idée qu'une fois cuite, ma viande redeviendra appétissante. Je vais donc chercher tout le matériel dont j'ai besoin pour allumer un feu. Je m'étais entraînée à l'entraînement, il n'y a donc aucune raison pour que je n'y arrive pas. Au bout de plusieurs longues minutes à astiquer un bâton, des étincelles apparaissent, créant ensuite un feu. J'accroche les morceaux sur mon couteau et les fait tournoyer devant les flammes. Plusieurs bouts tombent dans les braises, je suis vraiment une catastrophe. Je n'ai aucune idée du temps que doit chauffer la viande mais j'ai peur que la fumée ne montent trop haut dans les airs, ce qui permettrait aux tributs de me localiser. J'éteins donc mon feu. Mon estomac ne peut plus attendre, je dois manger. Je prends donc un morceau grillé et le met dans la bouche. Je l'ai à peine mâché que je le recrache, c'est immonde ! Je viens sûrement de gâcher de la nourriture en cuisinant mal cette poule, le goût est horrible. La viande n'est cuite que sur le dessus, l'intérieur est donc tout visqueux et garde un horrible goût de sang. Je laisse donc ma viande sur le côté et vais me chercher de l'eau. Pour ça, j'arrache les plus grands feuilles que je peux trouver pour m'en servir de verre. Avant de boire, je filtre l'eau. C'est plutôt efficace car elle redevient presque transparente sans sa boue et ses micro-plantes. Je bois ensuite à grandes gorgées. Quel soulagement, ma gorge se dessèche petit à petit. Je n'ai rien pour garder un peu d'eau sur moi, je serai donc forcer de revenir ici à chaque fois. C'est étrange qu'un autre tribut ne vienne à cet étang, il doit certainement y avoir d'autres sources d'eau plus claire dans l'arène.
Maintenant que j'ai de l'eau, je me force à avaler les horribles petits bouts de viande car je ne trouverai peut être que ça à manger. De plus, je crains qu'aucun sponsor ne veulent m'envoyer de nourriture. Vu mon départ catastrophique, je comprendrai si plus aucun d'eux ne misent sur moi. Je pense aussi à Finnick qui a du s'arracher la tête en voyant que je n'ai rien fait de ce qu'il m'avait conseillé. Je parviens à finir ma viande mais je ne pourrais pas faire ça tous les jours, je dois mieux m'organiser. Je suis persuadée que cet étang abrite de nombreux poissons que je pourrais facilement pêché, il me faut juste du matériel. Je ne trouverai rien autour de l'eau, je repars donc en direction de la forêt dans laquelle j'ai dormi. La bas, je retrouve de nombreuses lianes, très souples et très maniables. J'en arrache plusieurs. J'attrape aussi de ces petits fruits verts qui m'avaient intrigué hier soir. Je reviens donc au bord de l'étang, rien n'a bougé. D'un côté de l'étang, sort de longues plantes aquatiques qui montent presque jusqu'aux arbres. Grâce à ma corde nouée de hier, je me hisse une nouvelle fois sur un arbre qui surplombe l'eau. En haut, j'y attache mes lianes à différentes branches, le but étant qu'elles touchent l'eau d'un côté. Je redescends de l'arbre. Seulement quatre de mes lianes arrivent dans l'eau, tampis je ne contenterai de ça. Je repars ramasser les plumes de la poule que j'ai mangé ce matin, et avec d'autres bricoles que je trouve, je parviens à en faire des hameçons. J'accroche ces deniers à mes lianes pendues dans l'eau qui me serviront de canne à pêche. Je place au bout des hameçons des sortes de petits verres que j'ai trouvé dans la terre, qui ne serviront d'appâts. J'espère juste qu'ils ne sont pas toxiques. Je laisse donc mes lianes/canne à pêche dans l'eau jusqu'à demain matin où je verrai si j'ai réussi à pêcher quelque chose. Avant de partir, je me re-construis un filtre pour demain. Pendant que je le prépare, un coup de canon retentit. Instinctivement, je me couche au sol mais cela ne sert à rien car le tribut mort doit se trouver très loin par rapport à moi. J'ai fait tout ce que j'avais à faire, je ne compte pas rester plus longtemps ici car je n'y suis pas en totale sécurité. Je repars donc en direction de mon arbre pour dormir. Je reproduis la même technique que hier pour y grimper dedans puis je me ré-attache à la branche. Je n'ai plus rien d'autre à faire que d'attendre. Je me souviens avoir des fruits verts dans ma poche, je les éparpille alors au sol. Je veux encore une fois que les animaux ne servent de goûteur. Ensuite j'essaie de me reposer. Je ne sais pas à quoi m'attendre les prochains jours mais tant que je le peux, il faut que je me repose le plus possible. Rapidement mon estomac me re-réclame à manger. On doit être en fin d'après-midi, il doit donc impossible car je réussisse à m'endormir cette nuit si j'ai faim. Je descend de mon arbre et décide de retrouver à l'étang pour analyser mes canne à pêche. Je prie intérieurement pour avoir de beaux poissons. Quand je passe dans la forêt de peupliers, je remarque que certains arbres sont marqués par de petits traits, sûrement faits au couteau. Je me fige à l'idée que quelqu'un puisse être aller à mon étang. Et si cette personne y est encore, c'est trop dangereux, je ne peux pas y retourner maintenant. Je m'appuie alors contre un arbre, dépitée de ne pas pourvoir manger. Quand je m'assois, je m'aperçois que ce n'est pas de l'herbe à nos pieds mais de petites plantes aquatiques. J'en tire alors une ou deux. Le bout de leurs racines est mouillé, ces plantes baignent dans l'eau. Le sol est gorgé d'eau. En continuant de chercher par-terre, je reconnais plusieurs plantes dont Mags m'avait parlé. Elle m'avait appris que leur racines sont comestibles. Je les arrache alors et commence à les mastiquer. Les racines sont très élastiques et donc très dure à mâcher. De plus elles ont un goût de lait mélangé à de la menthe, c'est assez particulier mais je préfère ça que ma viande de ce matin. J'en cueille donc le plus possible. A force d'en arracher, je commence à percevoir l'eau en dessous de mes pieds. Je vais donc chercher une grande feuille et en profite pour boire. Je me sens mieux et prête à retourner dans mon arbre pour affronter la nuit. Une fois hissée sur ma branche, je dévore mes petites racines. J'en garde seulement quelques une pour cette nuit au cas où j'aurai fin. Je finis ensuite par m'endormir. A minuit, l'hymne retentit pour nous annoncer les morts. Il y en a eu seulement 3 aujourd'hui, nous sommes donc encore 11 dans l'arène. Nula est toujours en vie, ce qui me donne l'espoir de la retrouver ces prochains jours. Pour l'instant, les Jeux sont assez paisibles. J'imagine que les Juges veulent nous laisser prendre nos marques dans l'arène avant de tous nos détruire avec des pièges de plus en plus élaborés à nous traquer et tuer. Je me demande comment vais-je mourir ? Serais-je assassinée par un mutant, par un Carrière ? Ou alors inventeront-ils une catastrophe naturelle qui me réduira en pièce ? Je ne sais pas, mais quand le moment viendra, j'espère que je ne sentirais pas grand chose. Je m'endors ensuite sur ces douces pensées. Je suis réveillée une seconde fois par des cris stridents, ceux d'un tribut. Je ne sais pas ce qu'il endure mais ça a l'air très douloureux. Ce qui me terrifie, c'est que les cris semblent venir de la forêt de peupliers, ce qui est donc assez proche de ma position. Je décide de jouer la morte, rester dans mon arbre afin que personne ne me voie. Après ça, je n'arrive plus à m'endormir, je reste donc éveillé jusqu'au levé du Soleil. Je m'occupe en mangeant mes dernières racines, en me recoiffant ou en dénouant le bracelet de Finnick. En y repensant, cet accessoire une fois dénoué aurait pu me servir de corde mais je pense que les Juges l'auraient mal pris que j'utilise un objet ne provenant pas de la Corne d'Abondance. Ils me l'auraient sûrement fait payés. Voilà pourquoi je me contente simplement de le nouer et de le défaire sans arrêt. L'idée d'aller voir le résultat de mes cannes à pêches, me pousse à descendre de mon arbre. Au passage, je ramasse de nouveaux de petites racines. Maintenant je me suis faite à leur texture et je commence même à apprécier leur goût. Je remarque encore des marques sur des peupliers, il y en a encore plus que hier soir. Peut être est-ce Nula qui fait ces marques ? Peut être est-ce une chose courante dans le Sept que de marquer les arbres pour se repérer ? C'est fort possible, qui d'autres pourrait faire ça. De plus tous les traits transpercent précieusement l'écorce, cela pourrait être fait avec une hache. Cela me motive encore plus à aller à l'étang. Peut être que je la retrouverai la bas ? Mais en arrivant, je ne vois personne. Je pars donc relever mes lianes. Sur les quartes, deux ont un poisson. L'un d'eux semble être une truite, excellent. En revanche, le deuxième est un thon rouge, autrement dit un poisson mutant du Capitole. Il y a fort longtemps les thons rouges étaient de simples poissons adorés de la population. Cependant ces deniers devenaient alors en danger d'extinction malgré les recommandations du Capitole de ne pas trop en consommer. Voilà pourquoi des scientifiques ont décidés de les faire muter afin qu'ils deviennent toxiques. Il parait quand en mangeant un, c'est comme ton estomac puis tous tes autres organes commencent à pourrir de l'intérieur, de condamnant alors à une mort lente et douloureuse. Quand j'étais jeune, je me baladais un soir avec mon père dans les rues du Quatre, quand nous avons vu des Pacificateurs sortir une femme de chez elle. Cette dernière avait la peau sur les os, le teint verdâtre, les yeux explosés. Mais le pire, était le pus qui sortait constamment de sa bouche quand elle parlait. Cette femme vivait seule, n'avait pas de métier et donc aucun moyen de gagner de l'argent. Elle devait avoir tellement faim qu'elle a du volontairement mangé un thon rouge. On en trouve beaucoup dans nos récifs, il faut donc faire attention à ne pas les pêcher. Cette femme avait l'air de tellement souffrir. Ce souvenir me renvoie encore des hauts de cœurs en y repensant.
J'attrape donc ce thon et le relance mort dans l'étang. Je vais ensuite me cacher dans les roseaux, pour allumer un feu et déguster ma truite. Contrairement aux autres viandes, je sais préparer un poisson, comment le couper, comment enlever la tête et les arêtes. Je le déguste ensuite. C'est extraordinairement bon, je me régale. J'aimerai tellement en avoir d'autres, mais pour ça, il faut que je remette mes cannes à pêches. Je repars vers la forêt de peupliers pour y prendre des vers comme appâts. Il y a encore plus de marques sur les arbres. Enfaite des traits se rajoutent sur les ancien ds marques créant des sortes d'étoiles. Je me rapproche de ces dessins lorsque que j'entends un hurlement derrière moi, ça vient de l'étang. Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose au fond de moi me pousse à aller voir ce qu'il se passe. Peut être ce tribut est-il entrain de se faire tuer, torturer par une menace de l'étang que je n'avais pas soupçonné ? Mais ce qui m'effraie, c'est qu'il y ait une chance pour que ce soit Nula. Que lui arrive t-il ? Peu importe, j'irai l'aider. Je rassemble les vers dans ma poche et cours vers l'étang. Plus je m'avance, plus les cris semblent se transformer. Entre deux hurlements, le tribut crie à l'aide. Que lui arrive t-il ? Je perçois clairement qu'il s'agit d'une voix masculine, ce n'est pas Nula, alors pourquoi suis-je entrain de continuer à marcher vers l'étang ? Je marche délicatement, de façon à ce qu'on ne me repère pas. Je suis cachée dans les roseaux et m'avance de plus en plus près du bord de l'eau. De là j'arrive a voir le tribut : il est entrain de se noyer. Il semble se débattre le mieux qu'il peut pour garder la tête hors de l'eau. Rien ne semble l'attaquer, aucune créature mutante comme je l'avais imaginé. Il perd de plus en plus de force, ses efforts pour se maintenir hors de l'eau s'épuisent, il va bientôt vraiment se noyer et mourir par la même occasion. Je m'approche alors au bord de l'eau pour mieux voir. Je me tiens droite, debout face à lui. Le garçon me voit et avant de partir dans les profondeurs, il me crie à l'aide. Je le vois partir petit à petit dans l'eau brunie. Que faire ? J'suis censée le laisser mourir ? C'est ce que tout le monde ferait à ma place. Pourtant j'attends plusieurs secondes pour qu'il perde totalement connaissance puis je plonge pour aller le secourir.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant