Mauvais depart

249 17 0
                                    

   Je regarde autour de moi, les tributs courent le plus vite possible vers la Corne, ils semblent tous si déterminés. Alors pourquoi moi je ne bouge pas ? Je reste immobile sur mon plot, aucun de mes muscles ne me répond. Je sens ma respiration s'emballer. Une phrase de Finnick me tourne dans la tête et me garde figée : « tu n'est pas censée gagner ces Jeux. »
Je n'avais pas fait attention aux sous-entendus de cette dernière. Je ne dois pas gagner, où du moins je ne le peux pas car les Juges vont s'y opposer. Peu importe ce que je fais, ils feront en sortes que je meure. Alors pourquoi tenter quelque chose si mes Hunger Games sont voués à l'échec ? Cette phrase devait me donner la force d'aller jusqu'au bout, de vaincre les Juges, mais maintenant elle ne m'inspire que le contraire. Je reste donc paralysée sur ma plateforme pendant une bonne minute. S'ils veulent me tuer dès maintenant, ils n'ont qu'à laisser les bombes activées autour de moi, comme ça en descendant j'exploserai comme Mail...
J'observe les autres tributs en train de s'équiper. Enfin, cela n'est que pour une minorité car pour la plupart, ce fut une terrible erreur de se rendre à la Corne. Les Carrières, maintenant, armés jusqu'au dent, commencent à les éliminer un par un. Ils paraissent redoutables tous les cinq. Cinq ? Pourquoi Cinq ? Je regarde plus précisément et je vois Andrew entrain de se battre à leurs côtés. Je me fige lorsqu'il me regarde. Nous ne sommes pas amis, ni même alliées et ici, dans ces circonstances, rien ne l'empêche de me tuer. Tout le Quatre lui en voudra mais je le crois prêt à prendre ce risque. Peut être me déteste t-il depuis le début ? Peut être a t-il compris la stratégie de Finnick dans laquelle il le sacrifiait à mon profit ? Si c'est le cas, je comprends qu'il ait envie de me tuer. Il me regarde droit dans les yeux. Bien qu'il soit très éloignés de moi, je perçois ces beaux yeux bleus. Si cela doit être la dernière chose que je vois avant de mourir, alors ça me va. Son visage était jusqu'alors neutre, mais maintenant il fronce les sourcils et commence à armer son bras. C'est le moment, je vais mourir. Je ne l'ai jamais vu lancer une arme, mais vu la détermination de son regard, il ne me ratera pas, c'est une certitude. Il me lance alors au niveau de la poitrine un petit couteau. Ce n'est qu'en voyant l'arme se rapprocher, que mon corps se réveille, re devient opérationnel. Je me jette alors par terre. Aucune bombe n'explose, les Juges doivent sûrement me prévoir une mort plus sensationnelle. Lors de ma chute, je me cogne légèrement la tête ce qui m'aide à me remettre les idées en place. Il m'a fallu du temps mais me voilà de nouveau prête à aller jusqu'au bout de mes Jeux. J'attrape donc le couteau que m'a lancé Andrew et reprend en tête mon idée de départ : l'étang. Mais je ne peux y aller qu'avec un simple couteau, ce n'est pas prudent. Les Carrières sont occupés à défendre la Corne. Andrew persuadé de son lancer, ne me regarde plus. Je pars donc à toute vitesse vers l'étang. Rien ne sert de tenter d'aller prendre quelque chose de plus, c'est la mort assurée. Pendant ma course, je tombe sur une corde plutôt longue parfaitement enroulée. Je la prends donc, cela peut toujours servir. Je remarque que deux autres tributs prennent la même direction que moi. J'aimerai tant que ce soit Nula car je ne l'ai vue nul part. Plus je m'approche de l'eau, plus je comprends que ce n'est pas un simple étang. C'est un véritable marécage. Je m'arrête au bord de l'eau. Cette dernière est douce mais très sale. Je me demanderai comment boire plus tard car j'entends des pas autour de moi. Je ne fais pas confiance à cette eau, elle cache sûrement de nombreux dangers, je ne peux donc y plonger dedans. Je pars donc en courant dans les roseaux. Ils sont très hauts et tous très ressemblants, c'est un véritable labyrinthe. Je cours et je cours toujours plus vite. La natation m'a formé un bon cardio, je pourrai continuer de courir pendant des heures. Je m'arrête lorsque je sors des roseaux. Je tombe sur une plantation de peupliers à perte de vue. Ils sont tous plantés à égale distance, formant alors de longues avenues d'arbres. Autrement dit, je suis totalement à découvert ici, on pourrait me voir de très loin. Ces arbres sont fins et très hauts. Leur feuillage n'est pas très dense, je ne pourrais pas me cacher dedans. Je continue alors d'avancer. Plus je m'enfonce dans cette forêt superficielle, plus elle redevient normale. On retrouve maintenant différentes plantes et même des animaux sauvages comme des lapins. Les arbres sont plus gros ici. Je ne sais pas si le massacre autour de la Corne d'abondance est fini mais je ne suis pas encore en totale sécurité ici, je dois me trouver un abri. Je ne peux pas faire de feu, ni même construire une cabane car on me verrait, je dois être plus discrète. Je continue d'avancer dans l'espoir de me trouver un abris naturel. Rien ne me satisfait. Il faut que je crée quelque chose mais je n'ai qu'une corde et un couteau. Je trébuche alors contre un gros morceau de bois, semblable à une bûche mais moins bien taillée. Je le ramasse. Il n'est pas trop lourd, ni trop grand. J'ai une corde, un couteau et du bois, que puis-je faire ? Ma corde est assez souple pour être nouer, mon bois assez tendre pour être percé. Une idée me vient alors en tête. Grâce à mon couteau, je troue ma bûche. Dans ce trou, j'y passe ma corde que je serre fortement au bois pour qu'elle le tienne. Je test la solidité de mon noeud en faisant tourner rapidement le bout de ma corde. Rien ne se défait. Je continue alors à faire des noeud assez gros, à égale distance sur ma corde. Une fois finie, j'attrape le bout de la corde où se trouve le bois et commence à le faire tourner pour qu'il prenne assez de vitesse. Je l'envoie ensuite sur une branche épaisse d'un arbre. Ma corde s'enroule alors autour de cette dernière mais garde quand même un bout pendant dans les airs. J'attrape ce bout et grâce aux nombreux noeuds, je me hisse dessus. Je grimpe alors jusqu'à ma branche. Je suis très fière que ma technique ait fonctionné car sinon je n'aurais jamais réussi à escalader l'arbre. Une fois en haut, je suis dissimulée des yeux des autres tributs grâce aux feuillages. Personne ne me trouvera ici, c'est impossible. De ce fait je ne compte pas redescendre avant demain matin. Je suis en sécurité dans cet arbre alors je vais y rester le plus longtemps possible, le temps que chacun se trouve une place dans cette arène. Le seul problème est que je n'ai rien à manger, ni à boire. Je suis sur un arbre dont je ne connais pas le nom. Peut être pourrait-il m'apporter de précieuses ressources ? Peu importe je ferai sans. Un arbre à ma portée semble avoir de petits fruits verts mais je n'ose pas y toucher, je n'ai confiance en rien dans cette arène. En bas, je vois des fois des lapins passés, je pourrais facilement leur envoyer mon couteau pour en tuer un mais je devrais ensuite descendre pour aller le chercher. Et puis, je ne peux pas faire de feu pour le manger. Je jeûnerai donc. J'enlève ma corde encerclée autour de la branche pour pourvoir m'attacher à l'arbre avec. Ainsi je pourrai m'endormir sans avoir la crainte de tomber au sol. Je suis en sécurité et je n'ai rien d'autres à faire, alors je ferme les yeux et essaie de m'endormir. Je suis réveillée dans la nuit, par l'hymne du Capitole. Comme le veut la coutume, chaque soir, les portraits de tributs morts seront affichés. Ça commence par la fille du Trois, ce qui signifie qu'aucun carrière n'est mort, ça paraissait évident. On passe ensuite au district Cinq, où les deux tributs sont morts. Je vois le visage enfantin de Rayden dans le ciel. J'ai envie de crier, d'éclater en sanglots mais on risquerait de m'entendre. Alors je réagis exactement comme pour la mort de Mail, je me paralyse et ferme les yeux pour tenter de me calmer. Il y a du sûrement mourir en allant à la Corne d'abondance. Pourquoi y était-il allé ? Il n'avait aucune chance de survivre. J'éprouve ensuite une immense haine pour les Carrières car je reste persuadée que l'un d'entre eux à tuer Rayden, à tuer mon allié, ce jeune garçon de seulement 13 ans. Je me promets de le venger car il le mérite. Je ne laisserai pas ces brutes du Un et Deux gagner. Mais je réalise vite que pour l'instant je ne peux rien faire contre eux. Je dois rester sagement cachée dans mon arbre. Heureusement le visage de Nula n'apparaît pas dans le ciel, elle est encore en vie. Je soupire alors de soulagement. Bien que ce soit dur à admettre Mail ou Rayden ne m'auraient servi à rien, mais Nula c'est différent : ensemble, on aura le courage d'affronter les Carrières. Au total, 10 tributs sont morts aujourd'hui, le premier jour est toujours le plus sanglant. Nous sommes donc encore 14 dans l'arène, ce qui est énorme. Je pense que les Carrières se chargeront d'en éliminer encore plusieurs demain. J'essaie donc de me rendormir en asseyant de me pas trop penser à Rayden...

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant