Doux rêve, dure réalité

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La mer est calme ce matin. Posée sur le sable, j'écoute le chant des goélands et le bruit des vagues : c'est très reposant. Au loin, j'aperçois une silhouette. Elle s'évapore ensuite et vient se re matérialiser au bord de la mer devant moi. C'était un garçon assez grand mais très fin, ses lisses cheveux blonds sont ébouriffés et sa chemise bleue froissée. Il regarde au large et ne semble pas m'avoir vu. Je me lève et m'approche alors. Je m'arrête à côté de lui. Nous tournons la tête, nous nous observons et sourions.

« Bryen, dis-je soulagée »

Nous nous mettons alors à rire, comme le ferait deux amis heureux de se revoir. Sans dire un mot, il m'attrape la main et ensemble nous nous avançons dans la mer. Nous nous enfonçons de plus en plus. Au bout d'un moment, nous ne sentons plus le sol à nos pieds. Je sens alors Bryen très crispé, agité. J'agrippe sa main d'autant plus fort et lui dit :

« Tout va bien, je te tiens. »

C'est alors que nous nous mettons à nager, bien que nous soyons habillés. Ou plutôt je lui apprends à nager et au bout de quelques minutes, il commence à très bien se débrouiller.
Après cela, nous rentrons sur la plage. Nous nous asseyons, trempés. Je porte moi, la petite robe bleue que j'avais le jour de la Moisson. Il enlève sa chemise et s'en sert de serviette pour se sécher le visage. Je le regarde faire et reste alors bloqué sur son front. Ses cheveux encore mouillés gouttent beaucoup . Ces dernières bloquées sur son front, semblent former une sorte de ronde. J'avance alors ma main et avec mes deux doigts essuie cette eau. Étrangement, les gouttes ne s'écrasent pas sur mes doigts, elles se mettent à tournoyer dessus et à prendre une toute autre coloration, un peu rougeâtre. Cette vision me paralyse. Bryen voit alors que je suis perturbée et me demande alors :

« Qu'est-ce qu'il y a ?, dit-il innocemment
- C'est comme ça que je t'ai tué. »

Il reste alors lui aussi choqué par ce qu'il vient d'entendre.

« Oh alors ça y est... je suis mort, dit-il un peu perturbé. Est ce que j'ai souffert ? »

Je ne sais quoi lui dire, les mots ne viennent pas. A la place, je le regarde intensément dans les yeux.

« Je suis désolée... »

Je ne trouve que ça à lui dire. Je me sens si mal, si honteuse. J'essaie alors de me cacher, mais il s'approche de moi et passe sa main derrière ma nuque pour me forcer à le regarder.

« Je t'avais dit que je te donnerai ma vie. Je suis fière de toi Violet. »

Prise d'émotions, je me jette à son cou et l'enlace. Nous restons ainsi pendant de longues minutes puis nous nous relâchons quand sa chemise devient couverte de sang dans le dos. En réalité, le sang ne vient pas de lui.

« Violet, regarde ton bras. »

Ma cicatrice a l'avant bras s'est ouverte. Le sang n'arrête pas de couler et pourtant je ne ressens aucune douleur, à part à la tête..

« Prend soin de toi s'il te plaît. »

Il me chuchote ces derniers mots, m'embrasse le front et s'évapore.

C'est à ce moment là que je me réveille en sursaut. Je suis dans mon lit, dans ma chambre, dans ma maison, dans le Quatre. Non enfaite, ce n'est pas chez moi car je ne vois pas Glouglou sur le bureau, ni les cadres de mes parents sur les murs. Ou suis-je ? J'entends alors quelqu'un monter dans les escaliers : c'est Aurelius. Il a sûrement entendu mes cris quand je me suis réveillée.

« Ou suis-je ?, lui demandé-je alors. »

Il ne me réponds pas, ou du moins il ne prend pas la peine de me répondre. Il étale sur le lit une large mallette. Il m'attrape ensuite au visage et observe mes pupilles.

« Depuis combien de temps n'as-tu pas pris de cachets ? »

Je lui réponds d'un simple haussement d'épaules.

« Ou suis-je ?
- Chez toi
- C'est faux !
- As-tu eu mal à la tête ces derniers temps ? »

Ses questions sont sèches, et toutes mes réponses sont enregistrées dans un petit appareil. Je le regarde fixement en me demandant ce que je vais pouvoir lui répondre. Je pense alors au rêve que je viens de faire, à Bryen...

« J'ai surtout mal au bras, qu'est ce qu'il m'est arrivé ? »

Il hausse les yeux au ciel.

« Je te l'ai déjà dit, ton mouchard était trop enfoncé. Ils ont du t'opérer.
- Charcuter plutôt. Toutes mes autres blessures des Jeux ont pourtant disparu.
- Ne dis pas de bêtises, tu n'as plus aucun souvenir de l'arène.
- Si. »

Je réponds sèchement à mon tour et cela le surprend. En réalité, je ne me rappelle pas de tout, mais seulement du plus important, de Bryen. Je sais maintenant qu'il n'est en rien un harceleur ou mon pire ennemi comme Aurelius me le décrivait. Pourquoi m'a t-il menti ? Aurelius ne dit rien et part fouiller dans sa mallette pour en ressortir une grande seringue. Avant de se retourner vers moi, il enregistre un message dans son petit appareil.

« Après 3 mois de dormance, elle vient de se réveiller. Je vais donc lui administrer une plus grande dose. »

Une fois fini, il m'attrape violemment le bras gauche. Je commence alors à prendre peur. « Elle vient de se réveiller », « 3 mois de dormance ». Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une aussi bonne nuit mais ce n'est pas pour autant que je pense qu'elle ait duré 3 mois. Que veut-il dire alors ? Affolée, je me débats.

« Laisse toi faire sale gamine. Juste une piqûre et tu retournes au petit monde des bisounours... »

Il me fait peur. Lui qui était censé être mon psychologue, mon soutien, j'ai l'impression aujourd'hui qu'il va me faire du mal. Je me débats alors encore plus. Il faut que je me défende davantage. J'essaie d'attraper quelque chose sur le lit. J'attrape alors un objet assez dur et sans réfléchir je le frappe à la poitrine avec. Mon but était de lui faire mal en lui tapant dans les côtés pour qu'il me relâche, mais à la place je viens de lui enfoncer une seringue en plein cœur...

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant