Dernier jour des festivités

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Je me réveille au petit matin mais ne prends même pas la peine d'aller petit déjeuner avec les autres. Pendant la majeure partie de la journée, je reste assise sur une armoire à contempler les paysages défilant à la fenêtre. En réalité, mon regard est vide. Rien ne m'intéresse, ne capte mon attention. Pen passe plusieurs fois me rappeler le déroulé de la soirée. J'hoche la tête machinalement sans écouter un mot de ce qu'il dit. Je suis plongée dans mes pensées. En vérité, je ne pense à rien, je me détends. Tous ces paysages variés à ma fenêtre me soulagent. J'ai l'impression de ne rien ressentir et de ne pas réfléchir et pourtant, mes maux de tête me reprennent. Je pars alors chercher quelques cachets mais une fois que je les tiens dans la main, je les lâche inconsciemment par terre. Ils s'écrasent au sol. Je n'ai aucune réaction.

« Tampis, me dis-je intérieurement »

Vers 18h, Palmer, ainsi que mes trois préparateurs rentrent dans ma chambre. Ils viennent me préparer pour ce soir. Augustus sort alors une magnifique robe bleu marine qu'il me prit d'aller enfiler. Une fois dedans, pour la première fois de la journée, je ressens quelque chose : je me sens belle et c'est agréable. Cette robe est sublime, elle ressemble à celle que portent les princesses dans les contes mais en plus stylisé. Le haut est composé d'un magnifique corset qui est ensuite prolongé par une jupe mi-longue en soie. Cette tenue aurait très légère ainsi, mais Palmer y a rajouté de longues manches et un large drap bleu marine à l'arrière pouvant  me servir de traîne. Mes jambes sont donc découvertes a l'avant, ce qui me permettra d'être plus à l'aise quand je marche. Ils me coiffent et me maquillent ensuite. Mon visage est recouvert de pailletés dorés, je brille de milles feux.
Pen nous rejoint ensuite dans la chambre.

« Oh qu'elle est belle, s'exclame t-il en me voyant. »

Palmer et les préparateurs le prennent alors comme un compliment pour leur travail

« Je venais vous informer que nous sommes arrivés au Palais et qu'il faudrait descendre d'ici quelques minutes. »

Je n'avais même pas remarqué que notre train  s'était arrêté. Il faut dire que ce train a été conçu pour absorber toutes les secousses.

« Elle sera prête ?, demande Pen.
- Encore deux minutes, répond sèchement Palmer. »

Pen quitte ensuite la pièce.

« Veuillez me laissez avec Violet, ordonne alors Palmer à ses préparateurs. »

Les trois autres partent alors. Quant à Palmer, il s'en va chercher dans ses affaires une paire de ciseaux, une bobine de fil, une aiguille et un bout de tissus.

« Et comme chaque détail compte... »

Je lui souris simplement car je ne comprends pas vraiment ce qu'il insinue. En quelques coups de ciseaux et de fils, il confectionne une sorte de petite poche. Il la pose ensuite dans un pli interne de ma jupe et s'apprête à la coudre au tissu. Je ne sais pourquoi je pose ma main sur la poche comme pour l'empêcher de la fixer.

« J'en aurai pas besoin. »

Il me regarde dubitatif. Malgré tout le maquillage et les artifices, mon expression faciale doit être encore si morbide. Comme quelqu'un de mort, je ne ressens aucune émotion. On pourrait dire que je suis blasée de tout. De plus, mes maux de tête me font encore souffrir mais quelque chose en moi me crie de ne plus prendre ses médicaments.

« Comme tu voudras, dit-il en s'éloignant. »

Il m'invite ensuite à le suivre en dehors de la chambre pour aller rejoindre le reste de l'équipe. Ils m'attendent tous dans la salle à manger : Pen, mes préparateurs, Finnick et Mags. Ils sont tous si élégamment habillés. Il n'y a que Finnick qui porte une simple chemise et pantalon noir sans extravagance, ni détails. Tous réunis, Pen essaie tant bien que mal de nous expliquer le déroulé de la soirée. Il est si nerveux et impatient qu'il en peine à parler. De toute façon, seule Mags écoute vraiment ce qu'il raconte. Aurelius et Palmer, aussi snob l'un que l'autre, ne daignent apporter la moindre importance aux mots de Pen. Les Préparateurs, eux, ne tiennent pas en place et ne font que se complimenter sur leurs tenues. Et quant à Finnick et moi, on paraît totalement absents. Chacun dans ses pensées, nous ne nous préoccupons pas de notre entourage. Au moment où j'imagine que Pen a fini de parler, les portes du train s'ouvrent. On est tous alors pris d'un choc multi-sensoriel en découvrant la foule soigneusement rangée devant le Palais du Capitole. Des milliers de gens sont réunis ici. Il y en a de toutes les couleurs mais si je dois avouer qu'il y a une légèrement prédominance de bleu. Ils crient tous en me voyant : ils acclament tous la gagnante des 73ème Hunger Games. Toujours aussi perdue mentalement, je ne réagis même pas face aux cris et applaudissements. Au contraire, tout ce bruit ne fait qu'accentuer ma migraine qui devient si forte que je ne peux penser à autre chose que la douleur. Pen me pousse petit à petit vers la sortie pour que je descende. Mags vient de rejoindre, me prend la main et ensemble nous descendons les marches. Mags ne me lâche plus, elle doit avoir vu que j'étais ailleurs. Et puis, elle est la seule à avoir écouter le programme de la soirée. Elle me guide donc et nous commençons à marcher sur une grande allée menant au Palais. Sur le chemin, les gens veulent tous me serrer la main, me prendre dans leur bras ou même m'embrasser. Toute la foule est autour de moi, si bien que nous ne savons même plus vers où nous avançons. Ils me félicitent tous, me complimentent. Voir tout cet amour envers moi devrait me réjouir et pourtant leurs paroles sonnent vides à mes oreilles. Aucun mot ne m'interpelle, je lâche quelques sourires par ci par là mais au fond de moi je ne ressens aucune joie. En réalité, je ne ressens rien sauf la douleur que me procure mes maux de tête.
Après avoir traversé l'allée, nous arrivons au pied du Palais où, de son balcon, le Président Snow prononce un petit discours en mon honneur. Je n'en écoute pas un mot. A certains moments, les gens qui m'entourent semblent tristes, d'autres fois ils rigolent. Le Président est peut être en train de me ridiculiser publiquement... Peu importe, toute mon attention est maintenant portée sur le large buffet. J'essaie de me persuader qu'en mangeant, j'irais sûrement mieux. Alors quand tout le monde se met à applaudir, je comprends que le discours est fini et j'en profite alors pour aller me servir à manger. Devant le buffet, je ne sais pas vraiment de quoi j'ai envie. Toute la nourriture me paraît si raffinée, si étrangère. J'opte donc pour des muffins miniatures qui malgré leurs colorations rouges, violettes ou encore vertes, sont excellents. En quelques minutes, je les ai tous engloutis mais mon mal de tête est encore présent. Alors sans réfléchir, je commence à piocher un peu partout sur la table. Que ce soit bon ou mauvais, j'avale tout et je n'arrive plus à m'arrêter. Je bois aussi tout ce que je trouve sous la main. Certaines coupes devaient être alcoolisées car je sens que mes maux de tête se transforment en vertiges. Je ne marche plus très droit et trébuche souvent. Pendant que je me dirige comme je peux vers une autre table à dévaliser, un groupe vient m'accoster.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant