Violet Odair

La Moisson

Dès les premiers rayons de soleil, je me réveille. La nuit m'a paru une éternité. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Le stress montait de plus en plus, ce qui me gardait éveillée. Mais maintenant j'y suis, à ce jour craint par des milliers de personnes dans tout un pays , celui de la Moisson. C'est aujourd'hui que deux jeunes âgés de 12 à 18 ans, seront tirés au sort pour devenir les tributs du district Quatre pour les terribles jeux des Hunger Games. Cet affreux tirage au sort se fera aux alentours de 14h. J'essaie donc d'oublier ce qui m'attend cet après-midi pour profiter pleinement de ma matinée. Je sors de ma chambre et descend les escaliers. Je retrouve toute ma famille dans la cuisine, déjà entrain de déjeuner. Ma mère s'avance vers moi, m'enlace puis me sourit. Ce sourire signifie beaucoup. En faisant cela, elle essaie de me rassurer pour cette journée, que tout va bien se passer. Mais elle n'a pas le courage de me dire ses encouragements à voix haute, par peur qu'elle se mette à pleurer et moi avec. Je me tourne ensuite vers mon père et mon frère, qui tous deux, sont scotchés devant la télévision. Il y passe un interview retransmit en direct de César Flickerman et Seneca Crane, le haut Juge des Jeux. Autrement dit celui qui crée et administre des épreuves de plus en plus difficiles et meurtrières afin de tuer des adolescents. Ils débattent sur leurs attentes de la Moisson, quel genre de profil ils aimeraient voir. Quand on y pense, leur discussion est totalement choquante. Ils parlent d'humains comme d'objets à leur disposition. Cette année, ils souhaiteraient des tribus aussi forts mentalement que physiquement car d'après eux, l'année précédente, trop sont morts naturellement et pas assez sont se fait tués dans des combats à mort. Avec cette Moisson, ils espèrent du « sensationnel ».
En regardant Finnick de plus près, je remarque qu'il ne s'est toujours pas remis de son escapade au bar d'hier. Ses yeux sont rouges et entourés en cernes et il se plaint souvent d'un mal de tête. Mais je crois que tous ces maux sont aussi dus à la Moisson. Finnick a déjà participé aux Hunger Games, et les a remporté. De ce fait il est maintenant immunisé contre cet affreux tirage au sort pour le restant de ces jours. Cependant, ce jour funeste doit chaque année, lui faire ressortir de vieux souvenirs qu'il comptait effacer de sa mémoire. De plus, étant vainqueur, il est devenu Mentor. Il doit donc pour tous les Jeux, entraîner deux enfants à survivre face à des conditions épouvantables, il a en quelques sortes leur vie, leur avenir, leur chance dans ses mains. Cela ne doit pas être évident de vivre avec une telle pression tous les jours. Depuis les Jeux d'Annie, le Quatre n'a plus eu de vainqueur. J'imagine donc qu'à chaque Moisson, il repense à tous ces adolescents qu'il a laissé partir se faire tuer dans les arènes.
La matinée passe très lentement. Il pleut des cordes dehors, ce qui m'oblige à rester à la maison. Impossible d'aller nager en ce temps, cela serait bien trop dangereux. C'est dommage car ça aurait la chose qui m'aurait le plus détendue. De plus la pêche est interdite aujourd'hui. La Moisson est ici comme un jour férié afin que tout le monde soit présent. Nous restons donc tous cloîtrés chez nous. On essaie alors de s'occuper le mieux possible. D'abord mon père me demande de l'aider à préparer des filets. Les noeuds qu'ils me demandent sont de plus en plus complexes. Mais je connais la technique depuis que je suis toute petite. Ensuite ma mère range ses livres de botanique. Elle m'appelle pour l'aider. Elle en profite pour me montrer de nombreuses plantes, ainsi que de m'expliquer leur utilité. La plupart sont des algues car les herbiers de ma mère ne concernent que la flore d'ici, du Quatre. Je l'ignorai mais les algues peuvent être vraiment utiles dans diverses situations. Certaines peuvent atténuer une douleur musculaire, d'autres sont capables de servir en temps que garrot et enfin plusieurs d'entre elles sont comestibles, mais pas toutes, voilà pourquoi il est important de les connaître précisément. Enfin, Finnick, un peu plus frais qu'en début de matinée, me propose de jouer aux fléchettes. Un petit filet est étendu sur un mur. Il m'explique que le but est de mettre une fléchette dans chaque trou du filet. Les fléchettes sont, pour la plupart, des hameçons cassés. Finnick n'étant toujours pas au maximum de sa forme, je le bas facilement à ce petit jeu. Je dois quand même admettre que ma précision est remarquable. Je ne rate aucun trou. Souvent en été, nous partions tous nous promener en bord de mer. Pour le repas du midi, chacun d'entre nous devais pêcher le plus gros poisson dans l'eau. Mon père utilisait un hameçon et une canne à pêche, mon frère prenait évidemment son trident et ma mère posait une nappe. Quant à moi, je prenais plusieurs petits couteaux et les envoyaient directement sur mes proies. Je n'en n'ai jamais raté une. Je pense pouvoir me vanter d'avoir d'assez bons réflexes et de la précision dans mes lancés.
Cette matinée était faite pour nous divertir pendant la tempête mais aucun d'entre eux n'osera me le dire franchement, mais à leur manière ils ont tous essayés de m'apprendre ou de me rappeler des choses dont j'aurai peut être besoin dans les Jeux. Les noeuds sont toujours utiles et peuvent avoir différentes utilisations. Les algues pourront maintenant me sauver si j'en trouve puisqu'elles n'ont plus aucun secret pour moi. Et enfin, les fléchettes pour travailler mes lancées, mes réflexes.
Le midi, malgré que le repas soit excellent, personne ne parle. On pense tous à ce qui va se passer cet après-midi midi mais aucun d'entre nous ose en parler a voix haute.
Il est maintenant temps pour moi d'aller me préparer. Ma mère insiste pour venir m'aider. Elle me sorte un chemisier blanc et une jupe mi-longue. Je les enfile. Je m'assois ensuite devant mon miroir afin qu'elle puisse me coiffer. Elle me fait une tresse partant du haut de mon front jusqu'à l'arrière de ma tête. Pendant qu'elle me préparait, on ne se parlait pas, mais une fois fini, un sentiment de gêne s'installe. Ma mère se penche vers moi, passe ses deux bras autour de mes épaules. Nous nous regardons toutes les deux dans le miroir.