Balade en mer

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Une fois rentrés à l'intérieur, nous soufflons tous de soulagement. On peut reprendre le cour normal de nos vies. Ma mère continue de complimenter et d'embrasser Finnick. Elle ne jouait pas la comédie tout à l'heure, elle ressent une réelle joie démesurée à retrouver son fils. Depuis la Moisson où Finnick a été tiré au sort, ma mère a toujours peur pour lui et s'inquiète sans arrêt. Le pire était pendant les Jeux, à chaque fois qu'il paraissait à l'écran, elle fondait en sanglots et priait sur tout ce qu'elle avait de plus cher pour qu'il ne lui arrive rien. Je ne sais pas si c'est son instinct maternel qui la poussait à agir ainsi mais pour moi, ses larmes et ses cris me glaçaient le cœur. C'était comme si c'était elle qui endurait les souffrances des Jeux, comme si elle se faisait torturer. Une fille à l'école m'a dit que généralement la mère préfère son fils et le père, lui c'est sa fille. Je ne sais pas si c'est vrai. D'un côté il ne m'ait jamais rien arrivé d'aussi grave que les Jeux, ce qui expliquerait pourquoi elle n'a jamais autant réagi pour moi.
Finnick se tient droit au milieu de nous, il continue à jouer l'homme parfait, arrogant. Je meurs d'envie de lui faire une remarque sur son attitude mais c'est lui qui me devance. Pendant que je libère mes cheveux, je l'entends me dire sur un ton sarcastique :

« Dommage ça t'allais bien. »

Il fait évidemment référence au fait qu'il m'ait décoiffé. Je me prépare déjà à lui répondre. Je pourrais lui parler de ses chaussettes pas de la même couleur, du trou qu'il a dans de ses sourcils ou encore de son bouton en haut du front. Quand on veut on arrive à lui trouver des défauts. Mais ils restent insignifiants à côté des autres parties de son corps qui elles sont superbes. J'ouvre à peine la bouche pour formuler ma réponse que mon père m'interpelle.

« Violet, va chercher les filets, on part bientôt »

Cela me rappelle la promesse de mon père : il doit m'emmener pêcher avec lui. Cette pensée me fait oublier la remarque stupide de Finnick. Je pars donc me préparer. Au fond du couloir, se trouve une pièce qui servait avant de chambre d'ami mais qui maintenant nous sert d'entrepôt pour tout le matériel de pêche. En y allant, je donne un coup d'épaule à Finnick. Ce dernier l'encaisse puis surjoue la douleur en se tenant l'épaule et en criant à l'agonie. Quel showman. Je m'avance dans le couloir et ouvre la fameuse pièce. C'est la seule qui conserve une forte odeur de poissons pas frais. C'est épouvantable. Je pense que les préparateurs s'évanouiraient puisque rien que mon odeur corporelle leur déplaît, ils ne seraient pas prêt à sentir ça. Même moi je ressens un profond dégoût. J'essaie alors de me dépêcher pour rester le moins de temps possible. Je prends trois filets dont les mailles ont chacune une largeur différente. Ils sont tous déjà parfaitement enroulés, ce qui m'aide a les porter plus facilement. Je les regarde de plus près pour vérifier s'ils n'ont pas de trous. Car s'ils en ont, je devrais en prendre d'autres. Cela ne me poserait pas de problème à les changer, la pièce doit contenir des centaines de filets, tous tissés par ma famille. C'est comme une coutume ici, dans le Quatre, de transmettre à la descendance comment faire de bons noeuds.
Mon attention se porte sur un objet particulier dans la pièce. Dans une verrerie plus que poussiéreuse, se trouve le trident de Finnick. L'authentique, celui qui lui a permis de remporter ces Jeux, il y a maintenant 8 ans. En effet, une fois proclamé vainqueur, Finnick s'est fait élevé dans les airs dans une pince d'un hovercraft, mais il a toujours gardé son arme à la main, comme s'il était encore près à affronter de nouveaux dangers une fois la haut. Après cela, il a insisté pour le garder, et biensur le Capitole a accepté, ne pouvant rien lui refuser. Cet objet doit valoir des millions d'euros mais il est conservé ici, entre deux filets de pêche. Je remarque que la verrerie qui le garde est fermée à clef. J'imagine que ma mère l'a enfermé en priant qu'il ne soit plus jamais utilisé. Et si un jour mon frère en a besoin, il ne se gênera pas à casser le verre pour le prendre, son précieux trident.
Je referme la porte, les trois filets sous les bras. Ma mère et Finnick n'ont pas bougé mais il me semble qu'ils aient finis leur conversation.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant