Nouveau depart

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« Ah oui ?, pouffe t-il de rire. Et comment tu comptes d'y prendre ? On est deux, eux sont quatre et ils sont armés. Alors je crains que ton petit couteau et tes jolies yeux ne servent a quelque chose, si ce n'est pour dire rien du tout. »

Cette manie de me prendre de haut m'agace de plus en plus. Je pensais que l'idée lui plairait et qu'il m'aiderait à établir un plan, mais apparemment il n'en fera rien.

« Nan, tu veux que je te dise ce qu'on va vraiment faire, continue t-il, on va partir loin d'ici et se trouver un endroit pour passer la nuit ».
J'en étais sure, peu importe ce que j'allais répondre avant, c'est lui qui aurait décidé à la fin ce qu'on allait faire. Quelle genre d'alliance avons nous créée ? On dirait qu'on nous a forcé à être ensemble et que pour je ne sais quelles raisons, nous ne devons pas nous combattre. Malgré ça, il a raison, je dois l'admettre. Ce soir quand les Carrières verront qu'il n'est pas mort, ils reviendront tous enragés ici. Je ne suis plus en sécurité dans mon petit étang.

« Va ramasser tes affaires, m'ordonne t-il. »

Je ne supporte pas qu'il me donne des ordres. Je pars chercher mes trois poissons que j'ai pêché, ainsi que quelques racines. J'enfouis tout dans mon sac, qui est en réalité celui de Bryen.

« Oh t'as récupéré mon sac, super. On a donc deux gourdes et deux pommes en plus.
- Juste deux gourdes, le corrigé-je. ».

Je ne pensais plus aux gourdes. Je m'empresse donc de les remplir en les filtrant avant. Bryen paraît pour la première fois admiratif de ce que je fais. Je crois qu'il n'avait pas pensé à filtrer l'eau, il l'aurait prise puis bue avec toutes ces saletés. Il en serait peut être mort. Après ça, nous partons de l'étang. Quand nous arrivons à la forêt de peupliers, il me demande mon couteau et commence à marquer l'arbre.

« C'est toi qui fait ça ?, lui demandé-je surprise.
- Oui pourquoi ?
- T'es venu combien de fois à l'étang ?
- Une seule fois quand tu m'as trouvé. Mais j'avais toujours peur de me perdre dans cette forêt alors je l'ai marquée. »

L'idée que les Carrières étaient si proches de moi pendant tout ce temps, me glace le sang. Je me croyais en sécurité mais c'était si risqué. De plus le fait que ce soit lui qui a dessiné sur les écorces me déplaît encore plus. Je m'attendais à ce que ce soit Nula qui l'ait fait, au moins j'aurai eu des indices sur où elle se cache. D'ailleurs quand je la trouverai que pensera t-elle de mon alliance avec Bryen ? Elle le verra d'un mauvais œil j'en suis persuadée. Pendant que nous continuons à marcher, un canon retentit. Il se met alors à rire.

« Les Carrières sont sortis chasser. »

Est ce que ça le fait vraiment rire ? Quelqu'un vient de mourir, ne s'en rend il pas compte ? Je ne daigne même pas relever sa remarque et lui passe devant pour continuer à marcher.

« Tu veux que je porte le sac, il doit être lourd, me demande t-il.
- Nan ça va, dis-je sur un ton sec. »

Je ne lui fais absolument pas confiance et maintenant que je le déteste, peut être que je trouverai assez de courage pour le tuer. D'ailleurs je ne lui ai pas rendu sa lance, elle est restée cachée dans mon arbre. Tampis. Nous marchons pendant plusieurs heures. Il me guide à travers l'arène, mais je ne sais pas s'il a une véritable idée de où on va. Peut être m'emmène t-il aux Carrières ? Si c'est le cas, j'aurai de temps de m'enfuir avant qu'ils me voient arriver. Pendant le trajet, nous n'échangeons aucun mot mais lui, continue à marquer les arbres. Nous nous arrêtons deux fois pour boire. J'en profite aussi pour manger un de mes poissons. Je le prépare et le fais cuire puis le dévore, c'est excellent. Je n'ose pas en proposer à Bryen. Malgré le fait que nous sommes alliés, je n'ai aucune envie de l'aider en le nourrissant. Je suis donc ravi lorsqu'il déclare qu'il n'a pas faim. Nous marchons ensuite pendant plusieurs heures. Quand soudain le sol me met à bouger. Nos jambes tremblent à cause des secousses qui deviennent de plus en plus fortes. Un séisme est entrain d'arriver. C'est alors que loin devant nous, une vague de terre se matérialise et fonce droit  vers nous. Sans se mettre d'accord, nous partons en courant pour nous enfuir. Cette immense vague s'enfonce de plus en plus dans le sol lorsqu'elle nous poursuit, faisant alors trembler le sol de plus bel, comme si elle passait maintenant sous mon pied, qu'elle continuait de s'enfoncer. Nous avons seulement deux secondes pour souffler avant qu'une autre vague de terre se jette sur nous. Le meilleur moyen de défense reste de s'enfuir. Seulement nous avons compris la mécanique de ces pièges, au bout d'une cinquantaine de mètres, les vagues s'enfoncent sous nos pieds. De ce fait nous commençons à calculer les distances et partir avant que les secousses ne nous atteignent. Ces mottes de terre ambulantes n'ont rien de naturelles, ce sont les Juges qui les créent. Voilà pourquoi quand nous commençons à bien avoir la technique, plusieurs vagues apparaissent en même temps en nous encerclant, nous ne pouvons pas fuir.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant