Redevable à vie

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« Pourquoi ai-je fais ça ? »
Cette question passe en boucle dans ma tête, me faisant culpabiliser de plus en plus. Je suis assise dans les roseaux, la tête entre les mains pour essayer de me calmer et de me cacher des regards des gens du Capitole. Toutes les caméras doivent être braquées sur moi, ils attendent tous la suite des événements. Jamais dans les Hunger Games, on a vu une chose pareille : j'ai sauvé un tribut qui n'est même pas mon allié. J'entends la voix de Finnick me dire de le tuer avant que ce ne soit ce garçon qui le fasse quand il se réveillera. Mais j'en suis incapable. Pourquoi aurais-je risquer ma vie en le sauvant si ce n'est que pour l'assassiner après ? Ça n'a aucun sens, plus rien n'a de sens dans ce que j'ai fait. Je m'approche du noyé. Il est couché dans les roseaux à deux mètres de moi. En sautant, je ne savais même pas qui j'allais secourir, maintenant grâce à ses vêtements et son visage blond, je peux affirmer que j'ai sauvé la vie de Bryen du District Un. Des milliers de questions se posent dans ma tête. Pourquoi était-il venu à l'étang ? Y avait-il d'autres Carrières avec lui ? Pourquoi l'ont-ils laissés mourir ? Était-ce un piège pour que je sorte de ma cachette ? Tout devient flou. Je m'approche de lui. Il a les yeux fermés, le visage détendu. J'entends sa respiration car oui, je n'ai pas fait que le sortir de l'eau, je lui ai aussi fait un massage cardiaque. On dirait qu'il dort, il est sûrement encore dans le coma. Je pourrais le tuer si facilement en lui bouchant le nez et la bouche mais je n'y arrive pas. J'essaie tant bien que mal de trouver des avantages à ce que je viens de faire mais je n'en trouve pas beaucoup. A son réveil, il ne m'épargnera pas, il me sautera à la gorge pour m'étrangler, je ferai donc mieux de partir ou de le rejeter dans l'eau. Je le regarde de plus près, il n'est pas grand, ni très musclé. A côté Andrew est plus imposant. Il aurait donc du mal à me tuer à mains nues, il doit avoir du matériel. Cette idée me soulage enfin. Il n'est sûrement pas venu les mains vides, c'est impossible, ça serait trop insouciant, il a donc des affaires quelque part. Je scrute les environs. A l'autre bout de l'étang, j'aperçois un sac à dos et une lance, ça doit être ça. Je vais donc tout chercher et le ramène ici. Je ne sais pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il ne faut pas que je laisse Bryen tout seul une seule seconde, j'ai si peur qu'il se réveille et qu'il parte prévenir les autres carrières, car avant de se noyer, il m'a clairement vu sur la rive. Je me ré-installe à ses côtés et déballe son sac. Ma déception est immense lorsque je découvre qu'il est presque vide. Il ne contient que deux gourdes vides et deux pommes. Instinctivement, je prends les pommes mais je me dis que je pourrais carrément prendre le sac. C'est donc ce que je fais, j'en profite pour y mettre mes vers et mes racines. Quant à la lance, je ne sais pas m'en servir, elle m'encombrerait plus qu'autre chose. J'essaie néanmoins que la casser pour qu'elle devienne un simple couteau mais mes efforts sont en vain, elle est incassable. Un canon retentit alors. Je regarde aussitôt mon noyé et lui prends son poux. Son cœur bat encore, ce n'est pas lui qui vient de mourir. Cependant il a toute l'allure d'un mort. Cela me donne une idée. Il ne devait pas être seul, les autres Carrières vont venir le chercher à un moment où un autre. Ce garçon ne me vaut plus aucun intérêt, je lui ai déjà pris toutes ces affaires. Voilà alors mon idée. Si les Carrières le voient à moitié mort au bord de l'étang, ils penseront qu'il s'est fait attaquer par une créature dans l'eau. De ce fait ils n'oseront plus jamais revenir et je serai de nouveau tranquille et en sécurité. Je commence alors par rouler son corps au bord de l'eau comme s'il s'était échoué là. Ensuite avec mon couteau, je lui ouvre la paume de la main et lui maquille la tête et le cou avec son sang comme s'il était blessé. Je lui ébouriffe les cheveux et lui ouvre les paupières. Il ne ressemble vraiment à rien. Je ramasse ensuite sa lance et repart dans la forêt pour retrouver mon arbre. Comme d'habitude, je m'y attache et attends. Je prie pour que les Carrières viennent le voir, j'espère juste que cette brute de Kob ne le tuera pas avec son épée car sinon tous les efforts n'auront servi à rien. Enfaite si, il faudrait qu'il le tue car sinon je reviens au même problème qu'avant, que faire de lui quand il se réveillera ? S'il est mort, je n'aurai plus à m'en soucier. Pour passer le temps, je dévore une pomme, elle est si sucrée, si craquante. Mon corps se fige lorsque j'entends des rires au loin. Je tends l'oreille. Je reconnais alors la voix aiguë et insupportable de Grelly, la fille du Un. Ce sont eux, les Carrières sont avec mon noyé. Je ne parviens qu'à entendre des bouts de leur phrase.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant