Que les Jeux commencent ...

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Pendant toute la nuit, je pense à l'idée que j'ai eu cette après-midi. Il va falloir qu'on joue. Il va falloir qu'on se prête aux terribles et cruelles règles des Hunger Games pour survivre : plaire au public. Et pour cela, ils attendent de l'action, des combats, de véritables séquences de films. Maintenant ils savent qui je suis, mes réelles capacités, je dois donc avoir toute l'attention sur moi, ils seront tous déçus si je repars me cacher à l'étang comme je l'avais fait le premier jour. J'essaie donc de réfléchir à ce qu'on pourrait faire. A vrai dire, je n'en ai aucune idée. Ça paraît évident que l'on va devoir, un jour ou l'autre, affronter les deux Carrières. Mais on peut pas y aller maintenant, même si nous serions deux contre deux, elles nous battraient à plate couture. Si nous avons réussi à vaincre Kob, c'est parce qu'il était seul. Pourquoi était-il seul ? Les Carrières ne se séparent jamais d'habitude. Une phrase de Finnick me revient alors en tete. Quand on avait analysé les profils de chaque tribut pour la Moisson, il m'avait décris Kob comme « mortellement prétentieux. ». Il avait totalement raison. Ce titan du Deux pensait pourvoir nous battre tous les deux, en nous abattant un par un. Il se voyait déjà Vainqueur et nous à côté, nous étions rien pour lui. Voilà pourquoi, il nous pourchassé seul, poussé par son ego qui restait persuadé de sa victoire. C'est maintenant évident, pour avoir une chance de tuer une de Carrières, il faut l'isoler. C'est un peu lâche de se battre un pour deux mais elles sont si redoutables, seul on y arriverait jamais. Maintenant il me reste à réfléchir comment mettre en œuvre ce plan d'attaque ?
Bryen vient de se réveiller, il paraît surpris lorsqu'il me voit debout, déjà prête. Je ne ressemble plus à la pauvre victime de hier. Je lui explique alors toutes mes idées et mes réflexions. Il semble être d'accord avec moi, peut être avait-il déjà compris ce que je comptais faire ?

« Et comment on fait ?, demande t-il
- Je n'en sais rien, c'est ça le problème. »

Nous décidons de manger pour prendre des forces pour la journée. J'arrive de plus en plus à ingurgiter des aliments, les comprimés ont sûrement dû réparer mon estomac. Pendant que je savoure un petit pain, Bryen s'amuse à lancer des cailloux dans l'eau de la cascade. Nous sommes sur un rocher au dessus de cette dernière, on pourrait donc facilement se jeter dans l'eau. En bas, il y a beaucoup de pierres mais si on saute correctement, il n'y a aucun risque d'en toucher une. C'est là que me vient mon idée.

« J'ai trouvé, dis-je toute enthousiaste. Je sais comment on va faire pour les Carrières. »

Bryen me regarde perplexe, il faut que je lui explique plus précisément.

« Il faut qu'on les sépare, comme pour Kob. On retournera à la Corne et on s'arrangera pour que une d'entre elle me court après dans la forêt. Elle me suivra et moi je l'emmenait ici. Une fois la, je plongerai dans l'eau en bas de la cascade et elle restera en haut, pensant que je me suis prise un rocher. Et là tu la prends par surprise et tu commences à te battre avec elle, le temps que je remonte ici pour t'aider. Et comme ça, à deux on y arrivera. »

Il me regarde avec de grands yeux. Mon plan n'est pas très précis, il y a pleins de passages flous.

« Ça sera très compliqué d'en envoyer une à ta poursuite. Qu'est-ce qui te dit qu'elle te lancera pas un couteau dans le dos pendant ta course ?
- Elle n'aura pas le temps pour ça, entre les arbres, les branches et les feuilles, elle se concentrera surtout à ne pas me perdre de vue.
- Le meilleur moyen pour ne pas te perdre de vue, c'est de t'abattre au sol. »

Il a probablement raison, mais je reste persuadée du contraire.

« Après, il faut que je survive jusqu'à ce que tu reviennes de la cascade..., dit-il. »

Je vois que mon plan lui pose plusieurs problèmes. Il va sûrement se moquer de moi et en proposer un autre nouveau beaucoup mieux, comme il l'avait fait lors de notre rencontre.

« C'est d'accord, on commence quand ? »

C'était inattendu mais il est d'accord pour le suivre dans cette folie. Je pense que lui aussi commence à me faire confiance, il sait qu'il pourra compter sur moi et moi sur lui. Nous reprenons toutes nos affaires et prenons le chemin vers la Corne d'Abondance. En chemin, Bryen fait pleins de marques sur les arbres. Il dit que cela m'aidera à me réparer pour retrouver la cascade. Nous arrivons à cette fameuse plaine. Nous restons cachés derrière des feuillages. Nous voyons les deux hyènes, Grelly et Cride, assises à la Corne.

« Elles ont peur, me chuchote Bryen, elles n'osent plus partir. Andrew s'est fait tuer à la Corne et Kob lorsqu'il est parti dans la forêt. Elles vont rester à guetter ici pendant longtemps, ça va être dur de les séparer. »

Il a parfaitement analysé la situation. Elles ont les armes à la main et scrutent les environs. Si elles nous voient maintenant, elles se jettent à deux sur nous. Ce n'est donc pas le bon moment pour agir.

« Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?, lui demandé-je.
- Rien pour l'instant. Mieux vaut retourner au rocher pour ne pas se faire repérer. »

Nous repartons alors bredouille, ce n'était pas le bon moment pour agir. Je profite d'être en sécurité à la cascade pour me reposer et dormir car cette nuit, j'ai passé tout mon temps à réfléchir.
Quand je me réveille, le soleil commence à se coucher. Combien de temps ai-je dormi ? Pratiquement toute la journée. Pourquoi ne m'a t-il pas réveillé plus tôt ? Je le vois me regarder avec un grand sourire. Il me montre que toutes ces blessures ses sont cicatrisées.

« On devrait y retourner maintenant, tu crois pas ?, me demande t-il. »

J'hoche la tête. Comme je me suis reposée toute la journée, je suis en pleine forme, prête à mener à bien notre plan. En chemin, je mastique des racines. Nous arrivons à la Plaine, nous restons stupéfaits lorsque nous voyons qu'elles ne sont plus là. On se regarde, aucun de nous ne s'attendait à ça. Où sont-elles maintenant ? Peut être sont-elles entrain de nous tendre un piège ?

« On repars, dit-il d'une voix fragile. »

Nous ne sommes pas en sécurité ici. De plus la nuit commence de plus en plus à tomber, nous ne verrons bientôt plus rien. Nous avons à peine fait quelques mètres lorsque nous entendons un canon. De qui s'agit-il cette fois-ci ? Même si le garçon du Six paraissait redoutable, je crains qu'il puisse tenir tête aux deux furies. Je parierai plus sur sa mort ou celle de Nula, qui était encore là quelque part dans cette arène. Bryen accélère le pas, tout deux nous sommes stressés, conscients que nous ne gérons pas la situation et que le danger pourrait arriver de n'importe quel côté.
Nous entendons ensuite des hurlements venir de la gauche, c'est une fille qui est entrain d'agoniser. Une Carrière ? Nula ? Peu importe. Bryen m'ordonne de nous agenouiller dans des bosquets.

« Cet après-midi, une partie de la forêt de l'arène s'est écroulée. On est plus que 5, ils nous ont encore tous rapprochés puisque la seule cachette restante, c'est cette forêt, me chuchote t-il a l'oreille. »

Je ne peux m'empêcher de penser que s'ils ont laissés que notre parcelle de forêt, c'est qu'ils veulent voir notre plan en action et la détruire nous aurait compliqué la tâche. Les hurlements se sont arrêtés, le silence revient. L'atmosphère est si tendue, si angoissante. Nous nous relevons et essayons de poursuivre notre chemin. Je garde mes mains sur ma ceinture armée pour être prête en cas de danger. Nous continuons de marcher. Quand soudain, je me reçois une flèche sur le devant de mon épaule gauche. Par réflexe, je retire instantanément la flèche, le sang commence alors à couler. Je perçois aux loins une silhouette. Sans réfléchir, je m'élance vers elle. Pourquoi fais-je ça ? Normalement mon plan était qu'on me court après, pas l'inverse. Est ce que la colère, la douleur, l'envie de vengeance qui me pousse à courir après cette personne ? Je vais bientôt la rattraper quand elle s'écrase par terre. Bryen ne m'a pas suivi, je me demande pourquoi. Ou peut être est-il entrain d'arriver ? Je m'approche de plus en plus de la personne. Elle se retourne, et s'appuie couchée contre un rocher. Elle saigne de partout, sa peau est déchirée. C'était donc de elle que venait les hurlements de tout à l'heure, quelqu'un l'avait torturé. Malgré toutes les blessures et le sang, je parviens à la reconnaître, c'est Nula.

Violet OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant