Chapitre 5 • Cigarette et Chocolat

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La neige semble avoir fondu depuis la nuit dernière, laissant désormais place à la pluie. C'est avec plus de facilité que je retrace mon chemin jusqu'au banc du parc. L'atmosphère aussi s'est réchauffé, je dirais qu'il fait pas loin de 5°C à présent. Même si cela reste tout de même une température automnale. Le ciel turquoise s'apparente être la toile de fond parfaite pour une journée comme celle-ci.

— Bonjour, Spiral ! Roméo me salue depuis le banc.

— Ne m'appelle pas comme ça, je grogne en m'installant à ses côtés. Je veille à laisser une distance suffisante entre nous.

Ma tête me fait moins mal que la veille, à croire que le médicament au nom imprononçable de la pharmacienne s'est révélé efficace. Néanmoins, j'ai toujours le nez qui coule et ma gorge me picote encore quelques fois alors je garde malgré tout, mon écharpe serrée contre moi.

— Comment vas-tu aujourd'hui, Spiral ? m'interroge Roméo avec entrain.

Je soupire de frustration à la nouvelle utilisation de ce surnom ridicule. Son corps est incliné dans ma direction, ses mains enfouies dans les poches de son épaisse et habituelle, parka kaki.

— Bien.

J'ose espérer que le fait d'adopter des réponses courtes et rapides, soit un facteur suffisant pour le persuader de me laisser tranquille.

Malheureusement pour moi, je n'ai pas une telle chance.

— Eh bien, je suis heureux que tu ailles bien, commente-t-il, un sourire toujours plaqué au visage.

Il détourne le regard vers l'arbre enneigé en face de nous. À ma plus grande surprise, je n'ai droit à aucune réflexion concernant le fait que je ne lui demande pas moi-même comment il va. Mais je ne vais pas m'en plaindre. Je lui en suis même reconnaissante. En fait, j'ignore pourquoi je lui ai demandé s'il serait là, hier. Ce n'est pas comme si je comptais lui adresser la parole de toute façon.

Mais une partie de moi est intriguée. Ce qui attire le plus mon attention, c'est la manière dont il parvient à me faire réfléchir à chacun de ses faits et gestes.

Le bleu de ses yeux est de loin la chose la plus captivante que je n'aie jamais vue. Son simple regard m'hypnotise et je me souviens même avoir un jour songé me noyer au cœur des profondeurs sous-marines, sans que cela me dérange de ne jamais en revenir. Ses yeux détiennent une lueur qui pourrait illuminer tout un village et son sourire parviendrait à réchauffer les mers les plus froides de l'Antarctique.

Il semble perdu, dans un monde plus beau et plus paisible.

Nous n'avons pas beaucoup parlé le reste du temps. Je poursuis juste ma lecture, comme à mon habitude, tandis que Roméo contemple les arbres. J'ai toujours apprécié ces moments, où personne ne parle et seul le souffle du vent sur les branches, fait écho à travers l'atmosphère. Entraînant avec lui le bruit sourd de la neige qui crépite lorsqu'elle entre en contact avec le sol.

Il faut dire que ce silence m'est devenu inhabituel. Il n'y a pas eu un jour où Roméo a cessé de parler. Et pour être honnête, je me suis en quelques sortes habituée à ses questions incessantes. Non pas que j'apprécie y répondre pour autant.

Un frisson parcourt mes avant-bras. L'air se rafraîchit tout d'un coup et comme me l'a fait remarquer ma mère la dernière fois, je ne devrais pas rester ici trop longtemps. D'autant plus que je suis en pleine guérison de mon rhume. Je range mon livre à l'intérieur de mon sac.

— Tu t'en vas ?

Je tourne la tête vers Roméo.

— Oui, je vais aller prendre un café pour me réchauffer, je réponds simplement.

Tomorrow Never DiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant