Chapitre 22 • Compte à Rebours

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La pluie s'intensifie à travers la fenêtre. Le sommeil ne semble pas déterminé à m'engloutir cette nuit. J'écarte la couverture de mon corps, prêtant attention à ne pas bousculer Roméo dans le mouvement. Ses mèches blondes sont désormais sèches après sa douche de tout à l'heure, l'oreiller réprime toutes traces d'humidité créées plus tôt.

C'est dans le plus grand des calmes que je descends les escaliers. La maison est baignée dans un silence profond à cette heure aussi tardive. Ou matinale, cela dépend comment on voit les choses. Marzia doit sûrement être tombée de fatigue il y a peu avec le travail acharné qu'elle a mené sur son nouveau projet. Je discerne petit à petit l'ombre des meubles du salon, avant de me diriger vers la faible lueur orangée qui se reflète sur les vieux canapés en cuir.

D'infimes flammes brûlent encore avec désolation dans la cheminée, elles dégagent une vague bouffée de chaleur qui se fraye un chemin jusqu'à mon corps. Je m'accroupis devant le feu crépitant. Les coussinets de Berlioz tintent sur le parquet, au fur et à mesure qu'il s'approche de ma position.

— Shhh...

Il semble étonné qu'une autre personne que lui-même soit éveillée à cette heure-ci. La boule de poils se glisse à mes côtés, le bout de son museau repose sur ma cuisse, tandis que je caresse le haut de son crâne avec tendresse.

Les flammes danser avec indécision au-dessus des morceaux de bois restant, qui ne tardent à se transformer à leur tour en un vulgaire tas de cendres.

— Spiral ?

Je me tourne à moitié pour faire face à un Roméo somnolant, le bout de ses doigts frotte avec paresse ses paupières mi-closes.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ses yeux se déplacent jusqu'à Berlioz, paisiblement endormi contre mon genou.

— Je n'arrive pas à dormir.

Roméo soupire, il s'installe à ma droite, à l'opposé du berger australien. Son regard se perd quelques instants dans le feu de la cheminée avant de tomber sur ses mains qu'il triture nerveusement.

— C'est à cause de ce que je t'ai dit plus tôt, pas vrai ?

Je m'apprête à ouvrir la bouche pour le contredire, mais je ne le fais pas. En effet, c'est à cause de ça que je peine à m'endormir cette nuit. Les images de tout ce qu'il a dû traverser au cours de sa maladie refusent de quitter mon esprit.

— Je savais que je n'aurais pas dû te raconter... lâche-t-il, mais je le coupe aussitôt, à deux doigts de le faire sursauter.

— Je t'interdis de dire une chose pareille ! je murmure un peu plus fort. Et puis ce n'est pas à cause de ça, de toute façon.

— Tu mens.

— Comme ça on est deux.

Un froncement de sourcils apparaît sur son visage, il laisse place à un rire futile, qui émane de ses lèvres en rythme avec les flammes chatoyantes. Pendant quelques minutes, ni Roméo, ni moi ne disons rien. Nous sommes bien trop concentrés sur le spectacle qui joue devant nos yeux. Et puis, en fin de compte, c'est lui qui rompt le silence en se tournant vers moi.

— Tu n'as pas dormi du tout ?

Je secoue la tête.

— Pas une seule seconde.

— Fait chier, souffle-t-il, enfouissant sa tête entre ses mains.

Il relève finalement cette dernière et encercle mes épaules de son bras gauche qu'il tapote dans l'espoir de m'apporter un semblant de réconfort. En vain. Je laisse tomber ma tête sur son épaule, et me blottis au creux de son cou brûlant.

Tomorrow Never DiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant