Chapitre 16 • Fêtes de Fin d'Année

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Trois jours plus tard, Roméo est sur la route, en direction de l'aéroport de Belleville, prêt à sauter dans le prochain avion pour Charleston avec Marzia et Berlioz. Préparer sa valise avec un berger australien en furie n'est pas une mince affaire d'après ses dires, mais je suppose qu'il a fini par s'en sortir. La dernière fois que nous nous sommes vues au parc, nous avons parlé d'un tas de choses au sujet de son voyage.

Ce que j'ai avant tout retenu de cette conversation, ce sont les sept heures de vol qui nous séparent et la météo totalement différente d'ici. Rien d'étonnant quand on y pense ; Charleston se trouve au Sud des États-Unis.

Nous sommes le 24 décembre, il est 13h30. Mes parents sont en pleins préparatifs pour notre escapade annuelle au marché de Noël de Cornwall. Nous avions l'habitude de partir pour Sudbury, à quelques heures de route pour rejoindre mes grands-parents, mais je n'ai aucune idée du pourquoi du comment ils ont soudain changé de programme pour partir dans une autre ville méconnue du pays. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de contester que nous voilà en route pour ce week-end festif.

Le trajet semble bien moins interminable que prévu.

J'ai toujours été habituée aux cinq heures et demie de route jusqu'à Sudbury, alors les deux heures pour Cornwall s'écoulent en un battement de cils. Peut-être que les trois bouquins que j'ai ramené ont aussi leur rôle à jouer. Néanmoins, je peine à me concentrer ne serait-ce qu'une petite heure sur les lignes, que mes paupières papillonnent.

Les trajets en voiture m'épuisent, je me suis toujours dit qu'ils me sont bien plus efficaces qu'un simple somnifère. Je renonce à ma lecture et enfile mes écouteurs.

— J'ai entendu dire qu'ils faisaient d'excellents vins chauds, là-bas à Cornwall, annonce ma mère avec enthousiasme.

— Vraiment ? (Je la vois acquiescer dans le rétroviseur.) Pourtant, ceux de Sudbury sont déjà délicieux. Alors s'ils sont meilleurs, ce serait spectaculaire, renchérit mon père.

Sa voix traverse avec subtilité le flot de musicalité qui relit le fil de mes écouteurs à mes pensées. Je suis bientôt bercée par les notes liquoreuses. Nous arrivons à l'hôtel aux alentours de 19h. C'est un endroit assez calme, le sol est tapissé d'une moquette couleur crème et les murs sont en espèce de marbre blanc, ce qui crée l'illusion d'une vague bourgeoisie.

— Voici vos clés, nous informe le réceptionniste, le trousseau émet quelques cliquetis dans sa main. L'électricité fonctionne avec une carte, glissez-la dans la petite encoche derrière la porte. Vous avez les chambres 113 et 114. Première porte à gauche et c'est tout de suite sur votre droite, en haut des escaliers.

Nous le remercions poliment avant de nous engouffrer dans un second hall à l'étage, un peu plus banal en comparaison avec celui du rez-de-chaussée. Ma chambre est en face de celle de mes parents, je déverrouille la porte et passe la carte dans le détecteur qui affiche une discrète lumière verte.

Le plafonnier ne s'allume pas automatiquement, alors je marche à tâtons jusqu'à la baie vitrée pour ouvrir les rideaux. Un minuscule balcon vue sur cours allonge la pièce. Je suis soulagée que la chambre soit opposée à la rue, je n'ai pas à m'inquiéter pour mon sommeil avec les innombrables véhicules qui circulent en cette période de l'année.

Les rayons du coucher de soleil s'infiltrent à l'intérieur, ils peignent les murs d'une vive couleur orangée. Je décide sans plus attendre de ranger ma valise, histoire de ne pas avoir à le faire en rentrant du marché. J'ai conscience que je serai bien trop exténuée pour faire quoi que ce soit. Lorsque je plie mes vêtements pour les glisser chacun leur tour à l'intérieur du placard encastré, je ne peux m'empêcher de m'interroger au sujet de Roméo.

Tomorrow Never DiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant