Sucré.
C'est tout ce que je peux retenir de ce baiser.
Mes joues ne chauffent plus, elles sont en feu. Les lèvres de Roméo ont un goût de bonbon, elles crépitent dans la fraicheur de la nuit. Je ne sais pas exactement comment réagir à ce genre de contact physique de sa part alors je reste là, plantée comme un piquet.
Roméo finit par s'écarter, ses mains toujours placées sur mes joues. La laine de son gant droit chatouille la surface de ma peau. Ses yeux ne quittent pas les miens et bientôt je me sens engloutie dans l'immensité de ses iris océan. Il détache finalement ses mains de mon visage.
— Excuse-moi.
Ses mots résonnent à l'intérieur de mon esprit. Je ne bouge pas d'un pouce. Je souhaite prendre la parole, lui dire qu'il n'a en aucun cas besoin de s'excuser. J'aimerais mettre des mots sur ce qui vient de se passer, mais je ne le fais pas.
C'est comme si je ne savais plus comment formuler une phrase après cela. Alors nous continuons de marcher en silence, en direction de la sortie du parc. Occasionnellement éclairés par les phares d'une voiture qui passe dans le coin, les traits du blond s'illuminent dans la nuit sombre. Je m'attends à ce que Roméo me raccompagne jusque chez moi. Après tout, le ciel commence à s'éclaircir, signe que le soleil ne va pas tarder à se lever. Mais à la place, il emprunte un chemin qui m'est encore inconnu. Je ne m'arrête pas pour autant.
Je ne pensais pas avoir passé autant de temps au petit parc, mais force est de constater qu'il ne doit pas être loin de 5h du matin pour que le soleil entame sa traversée dans l'horizon. Je me racle la gorge.
— Où allons-nous, Roméo ?
Ma voix est légèrement enrouée du fait d'être restée muette depuis tout ce temps.
— Quelque part,répond-il simplement.
— Et si tu comptes vraiment m'assassiner, cette fois ?
Il se retourne vers moi, son contact visuel me fait déglutir.
— C'est un lieu public, je le jure.
Il ne peut s'empêcher de sourire à sa réponse. Ce genre de sourire qui fait apparaître ses fossettes dans le processus. Ce genre de sourire qui peut mettre fin à une guerre mondiale. Soudain, je songe à la réaction de mes parents, lorsqu'ils retrouveront ma chambre vide à leur réveil. Je sors mon téléphone de ma poche.
À : Maman
Je suis partie tôt ce matin pour aller courir avec Manelle, ne m'attendez pas pour le petit déjeuner je serai de retour avant 12h
Ma mère serait folle de rage si elle apprenait que j'ai en réalité passé la nuit dehors. Je range mon téléphone et enfouie mes mains dans mes poches. Je suis incapable de contenir mes nerfs tendus.
Pourquoi suis-je nerveuse ?
Je ne sais pas.
Tout ce que je sais c'est qu'un sentiment de nervosité froid et intimidant est en train d'envahir mes poumons et je n'apprécie pas du tout cette sensation. Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps que Roméo s'arrête de marcher, son habituel sourire revient orner ses lèvres.
— Nous sommes arrivés.
Je lève la tête. Un néon orange se reflète sur le sol humide du parking goudronné : Eggsquis. Je suis étonnée que la brasserie soit ouverte à une heure pareille, un dimanche, qui plus est. Elle doit faire partie de ces restaurants, ouverts 24h/24.
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Tomorrow Never Dies
RomanceUn petit banc en bois foncé au bord de Riverside Park, voilà où Opal se rend tous les soirs après les cours. Elle s'y assoit pour lire un livre, fumer une cigarette, ou bien tout simplement réfléchir. Opal a pour habitude de s'y retrouver seule, ma...