Chapitre 25 • Les Jeux sont Faits

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Les rayons de soleil, bien que fragiles en cette période de l'année, réussissent quand même à ramper à travers la vitre pour m'atteindre ici, sur le matelas. Mon lit s'est révélé soudainement confortable, hier soir, lorsque je me suis glissée dans les draps tièdes. Je suis tombée de fatigue dans les secondes qui ont suivi, épuisée, après la nuit atypique que je venais de passer dans la tente.

En fin de compte, il s'avère que camper en hiver n'est pas la meilleure idée qu'il soit surtout lorsque le sol est couvert d'une neige épaisse et que les températures chutent jusqu'à -10°C au cours de la nuit.

Dès son arrivée à la maison, j'ai eu droit à un retour au sujet des dosettes saveur chocolat viennois crème fouettée, caramel que j'ai offertes à Roméo. Le goût semble similaire à celui de chez Eggsquis, mais force est de constater que rien ni personne ne saura détrôner leur recette à ses yeux.

Cette journée est particulièrement ensoleillée.

Habituellement, le ciel est parsemé de nuages duveteux ici et là. Mais aujourd'hui c'est complètement clair, une étendue infinie de bleu au-dessus de la Terre.

Les jours commencent de nouveau à s'allonger de quelques minutes, signe que nous sortirons bientôt de l'hiver, même si les températures glaciales ne s'apprêtent à s'élever de sitôt. La plupart des cours à la fac ne m'avaient pas manqués. Il n'y a que la littérature pour laquelle j'exprime un semblant d'empathie, le reste s'est volatilisé de ma tête pendant ces deux semaines de vacances.

Nous sommes mercredi lorsque je retrouve Roméo à notre rendez-vous perpétuel au bord de Riverside Park. La ville est calme et affligée, il n'y a personne dans les rues. Personne, mise à part une vieille femme aux cheveux poivre et sel, se dévouant corps et âmes à nourrir les quelques pigeons du parc.

J'ai toujours aimé ce parc, mais je l'aime davantage quand j'y suis avec Roméo. Et ce que j'aime le plus quand je suis au parc avec Roméo, c'est l'écouter parler de tout et de rien. Ses joues sont rosées à cause du froid, ses lèvres se détachent dans la précision pour former les mots qui s'échappent avec légèreté dans l'air frais de Belleville. Elles sont quelque peu gercées à cause de l'humidité qui recouvre le ciel, ce qui n'empêche pas leur surface de rester aussi douce.

— J'aperçois avec mes petits yeux... Quelque chose qui commence par la lettre E.

— Écureuil ! je m'exclame, sûre de moi.

— Non.

— Mmh... Écorce ?

— C'est ça, bien joué !

— Okay, à mon tour, je prends une inspiration, à la recherche d'un quelconque objet qui s'offre à ma vue. J'aperçois avec mes petits yeux quelque chose qui commence par la lettre N.

Roméo n'hésite pas une seconde :

— Facile, neige.

— Faux, essaie encore.

— Nuage ?

— Raté, c'était Néon.

— Néon ? demande-t-il incrédule.

Je lui montre l'enseigne d'une librairie qui brille à travers le brouillard, un peu plus loin.

— Tu dois avoir une sacrée vue pour voir jusque là-bas.

— N'est-ce pas le but du jeu, de faire deviner quelque chose de relativement compliqué à trouver ?

— Peut-être bien.

Nous avons continué ce jeu à plusieurs reprises jusqu'à ce que mes muscles se révèlent trop raides à cause de mon assise et de la fatigue impliquée par les températures monotones.

Tomorrow Never DiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant