Chapitre 95

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Les Sauveurs se sont éloignés de la caisse. J'en profite pour arracher un bout de tissu de mon débardeur et essaye d’arrêter le saignement de la plaie par balle de Daryl. L'avantage est que la balle a traversé. Je noue le tissu ce qui recouvre les deux côtés de la blessure. Les autres me regardent faire et semblent dépassés par la situation.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes enfermés mais le pick-up vient de démarrer.

Je suis aussi rongée par l'angoisse mais je tente de le camoufler. Tout en gardant un œil sur Daryl, je surveille à travers les brèches ce qu'il se passe. Mais je ne parviens pas à distinguer un paysage familier.

La nuit tombe. Lorsque le pick-up s’arrête, les claquements de portière réveillent Daryl en sursaut. Ne sachant pas où il se trouve, sa respiration accélère.

« Ssshhh… On est tous là. » ai-je chuchoté en posant ma main sur sa joue.

Malgré l'obscurité, je remarque que les autres ignorent la situation. Je donne un coup de coude à Michonne qui réagit.

« Ouais on est là. »

Les pas des Sauveurs s’éloignent du véhicule. Au loin, nous distinguons des bribes de conversation et rien de rassurant évidemment.

« Le spectacle va bientôt commencer et ils regretteront d'avoir chié chez nous ! » s'exclame un homme.

Ces paroles me provoquent un long frisson qui me traverse de part en part. Et je ne suis pas la seule. D'un geste vif, Daryl m'attrape la main. Je resserre ma prise pour lui montrer que je suis présente.

Il ancre son regard dans le mien. C'est là que tout se déclenche. Par cette situation, par son soutien au fil des années, par tout ce qu'on a vécu ensemble, c'est à ce moment là, que je sais qu'il est plus qu'un ami pour moi. Si l'on doit mourir ce soir, autant lui faire savoir maintenant.

À la fois hésitante et déterminée, je plaque mes lèvres sur les siennes. Il y répond en m'embrassant longuement. Le souffle court, il pose son front contre le mien.

Avant que les Sauveurs reviennent, je reprends place. Daryl m'attrape encore une fois ma main. Je m'empare de celle de Michonne aussi qui prend celle de Glenn puis de Rosita. Nous nous regardons alors tous tendrement comme si c’était notre jour sur Terre. Je suis si heureuse d'avoir cette famille.

« Faites venir les autres, maintenant ! Dwight ! Et que ça saute. »

La porte s'ouvre brusquement sur des phares qui nous aveuglent.

« Vous avez du monde à voir. » nous dit Dwight.

Daryl sort le premier, tirer par des Sauveurs. Dwight prend mon bras et m'embarque en dehors puis me force à me mettre à genoux à côté du chasseur. Michonne est à ma droite.

Je remarque que tous les autres sont là aussi, à genoux comme nous : Carl, Aaron, Eugène, Rick, Maggie, Abraham et Sasha. Lorsque je croise le regard de Rick, je vois qu'il est totalement perdu. Il n’a pas de plan. Alors nous allons subir.

« Voilà ! L’équipe au complet. On va pouvoir appeler le chef. » dit un Sauveur en troquant à la porte de notre camping-car.

Un homme d'une quarantaine d’années sort du véhicule tenant une batte de baseball entourées de barbelés sur son épaule. Il est vêtu d'un blouson en cuir et un foulard rouge couvre son cou.

« Alors vous faites dans votre froc ? Ou en tout cas, ce n'est pas loin. Ça va être la fête du slip mouillé. Lequel d'entre vous est le chef de ces connards ? » demande-t-il.

« C'est lui. » répond un Sauveur en pointant Rick.

Leur chef s’approche de Rick.

« Salut. Rick c'est ça ? Moi c'est Negan. Je n'ai pas apprécié que tu massacres mes hommes. Et quand j'ai envoyé des hommes pour tuer tes amis pour avoir tué mes amis, tu as encore massacré mes hommes. Pas cool. Pas cool du tout. Mais je pense que tu vas vite comprendre le message. Tu vas vite regretter de m'avoir énervé d'ici quelques minutes. Je te le garantis. Rick, quoi qu'on fasse, on ne déconne pas avec le nouvel ordre mondial. Et il est très simple. Donc même si tu es le dernier des cons, et c'est possible, tu vas comprendre. Prêt ? Écoute bien. »

Il pointe sa batte vers notre leader.

« Donne-nous tout ce que tu as ou je te bute. Aujourd’hui c’était l’orientation. On s’est beaucoup investi pour que vous sachiez qui je suis et ce dont je suis capable. Maintenant, vous bossez pour moi. Tout votre matos est à moi. Je sais que c'est une bien trop grosse pilule à avaler. Mais tu vas le faire. »

Ses paroles tournent en boucle dans ma tête. Je fixe le sol et me plonge dans une bulle,peut-être protectrice. Mais des mots attirent à nouveau mon attention.

« Je ne veux pas vous tuer, j'ai besoin de vous pour le job. C'est pas moi qui vais jardiner. Mais vous avez tué beaucoup de mes hommes, je ne peux pas laisser ça impuni. Alors je vais tabasser à mort l'un d'entre vous. Tu vois, ça c'est Lucille et elle est fabuleuse. » dit-il en montrant sa batte.

Il nous regarde tous un à un puis s’arrête devant Carl.

« C'est un de nos flingues que tu as là. Vous en avez plein, hein. Eh gamin, détends-toi. Chiale un coup au moins. »

Il s'avance vers Maggie.

« Mon Dieu, tu as une tête à faire peur. Je devrais abréger tes souffrances. »

« Non ! Pas ça ! » crie Glenn en courant en direction de Negan.

Mais le jeune Rhee est arrêté par Dwight qui le plaque à terre et le met en joue avec l’arbalète de Daryl.

« Arrêtez ! » supplie Maggie.

« Remettez-le en rang. » rigole Negan.

Il affiche un sourire provocateur.

« Bon écoutez. Me faites plus un truc comme ça. Je ne tolère pas ces conneries. Aucune exception. Cette fois-ci, je laisse, t'es à fleur de peau, je comprends. »

Negan fixe Carl puis Rick.

« C'est ton fils, c'est ça ? Oh que oui. »

« Arrête ça ! » hurle Rick.

« Eh ! Ne m'oblige pas à tuer le petit serial killer en herbe. Ne m’oblige pas. Faut que j'en pioche un. C'est comme ça. »

Negan fait des allers-retours devant nous en nous scrutant.

« Hmm, je n'arrive pas à me décider. J'ai une idée ! »

Am… Il pointe sa batte sur Rick.
Stram... Sur Maggie.
Gram… Sur Abraham.
Pic… Sur Daryl.
Et… Sur moi.
Pic… Sur Michonne.
Et collégram… Sur Sasha.
Bour et bour… Sur Aaron.

La pression trop grande, je baisse le regard.

Et ratatam.
Mais comme…
Le roi…
Et la reine…
Ne le…
Veulent…
Pas…
Alors…
Ce…
Sera…
Toi.

« Au premier qui moufte, on prend le dernier œil du gosse et on le fait bouffer au père. Et après on commencera. Vous pouvez souffler, fermer les yeux, et même chialer. Putain, vous allez tous chialer. »

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En couverture : une image du célèbre Negan.

Accordage ApocalypseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant