Accordage Apocalypse

Chapitre 127

« Fais attention. » dit Jean.

« Ne t’inquiète pas, je reviens toujours. »

Cette phrase, je la disais à Carl chaque fois que je partais. Il me manque. Je me demande comment il aurait géré la mort de son père. Ou alors Rick aurait été sauvé si Carl était toujours en vie ? Arrête avec les si, Carmen… Ça te bouffe toujours.

Jean essaie de paraître impassible face à notre départ mais je le connais bien. Tous ses petits tics qui apparaissent : se mordiller la lèvre, se frotter les mains, prendre de grandes inspirations,… Tout ça montre qu'il est tendu.

Avant de passer le portail à dos de cheval, je lui lance un regard rassurant, ça va aller. Et nous voilà tous les six à l’extérieur. On peut encore entendre la voix de la femme de Mason lui disant d’être prudent.

« Elle s’inquiète toujours quand je pars. » se justifie-t-il en voyant nos regards amusés.

Seul Lamson, qui ferme la marche, semble indifférent à tout ce qu'il se passe.

Les yeux rivés sur la route, je suis aux aguets. Parfois je lance un coup d’œil en arrière pour savoir comment vont les autres. Crystal a l'air d’être contente malgré le danger permanent qui nous entoure. Elle a toujours voulu faire des expéditions et ces sorties sont le point final de l’entraînement. Après tout est question d’expériences personnelles et bien souvent, je parle de mauvaises expériences. Mason, lui, est dans son élément, juste à part quelques regards furtifs, il semble être tranquille. Quant à Maria et Lukas, ils sont un peu plus stressés. Ils n’ont pas l'habitude d’être en terrain et hostile et pour sa première sortie, Maria n'a pas eu de chance. Mais ils sont là pour apprendre et je suis derrière eux à les guider.

Le paysage change grandement des environs d'Alexandria, du Royaume et de la Colline. Là-bas toutes les routes sont bordées de forêts, de champs alors qu’ici, il n'y a que des maisons et des bâtiments sur des kilomètres. On est vraiment dans la banlieue de Washington D.C.

À part quelques rôdeurs, le chemin est calme, et c'est bien ! Ça permet à Lukas et Maria de s’entraîner respectivement au maniement de lance et à l'arc sur de vrais mordeurs. J'ai défendu Crystal de lancer un couteau pour l’instant, je veux d'abord la voir en combat rapproché.

« On est arrivés. » intervient Maria.

Face à nous se dresse l’entrepôt où plusieurs d’entre-nous avons déjà été. Je m'empare du papier que m'a donné Jean pour récupérer le bon élément. En plus d'avoir noté le nom, il a été dessiné très précisément par Alex sur le bout de papier. C'est pratique ça…

« C'est ça qu'on doit trouver. Un connecteur à trois prises micro Jack. » ai-je informé en montrant la feuille.

On s'avance au plus près du bâtiment puis nous laissons les chevaux à l’entrée.

« Une personne doit surveiller les chevaux. »

« Moi. Je n’aime pas trop fouiller. » dit Mason.

« S'il y a trop de mordeurs, tu les détaches. » ai-je prévenu.

Lorsque j'ouvre la porte coulissante de l’entrepôt, je découvre de longues et grandes allées d’étagères avec dessus des cartons remplis d’électroniques. Ça va être long…

« Je ne sais pas si tous les mordeurs sont morts, on en avait tué quelques-uns. » informe Lamson.

« Bien. Soyez sur vos gardes. Dès que vous avez l'objet, prenez-le, même plusieurs puis prévenez-nous. On fait deux équipes : Lamson et Crystal d'un côté et Lukas, Marie et moi de l'autre. »