Toujours et encore la même routine. Je voyage, je découvre de beaux paysages, je collecte tous les vivres et matériaux que je peux et les stocke à des endroits bien précis que je note sur une carte. J'ai fait de belles trouvailles, oh que oui. Des caisses remplies d'armes de tout calibre, de grenades, de vivres à long terme.Mes journées se résument à des fouilles intenses, à survivre et à stocker. Ça me permet d'oublier. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dehors : j'ai perdu toute notion de temps. Je me repère aux températures sauf qu'elles changent d’un État à un autre, c'est trompeur.
La solitude rend fou dit-on ? Non, je m'y suis habituée. Au début, c’était difficile mais maintenant, je m'y fais. Et je n'ai pas été toujours seule, j'ai croisé quelques petits groupes, certains sympas, d'autres méfiants et pour les mauvais, je les évite. J'en ai aidé quelques-uns, cependant je ne reste pas avec eux, je veux faire route seule. Excepté pour un groupe, ils m'ont hébergée une semaine. Pourquoi ils ont fait ça ? Car parmi eux, il y avait Morgan et Dwight. Ce dernier a eu peur en me voyant suite à la menace de Daryl. Mais je ne suis pas Daryl. Il recherche toujours Sherry et il a changé : ce n’est plus l’homme de Negan mais un homme en quête de pardon. J'ai dû leur expliquer ce qu'il s’était passé pour Rick… Dans leur groupe, j'ai rencontré d'autres survivants avec qui je me suis liée d'amitié : Alicia, John, June, Althea, Victor et bien d'autres. Je les ai quittés, malgré leurs protestations, car je veux voyager et être seule.
J'ai réalisé quelques-uns de mes anciens rêves : à moto, j'ai fait une partie de la route 66, j'ai été à la frontière du Texas, j'ai visité Nashville, c'est tout ce que je voulais faire étant adolescente. Pour l'instant, je ne pense pas à revenir à Alexandria, je ne sais même pas quand je pourrai…
À un moment, j'ai dû laisser ma moto, par manque d'essence, non loin la frontière de Washington D.C. Comme tout ce que j'ai stocké, j'ai noté l'endroit. Et oui, après tout ce temps à voyager, je reste autour de Washington. Je ne peux plus m'éloigner comme je l'ai fait, sans moto. Par chance, j'ai trouvé un bel étalon noir. Un peu rebelle au début, j'ai pris le temps de lui imposer ma présence. Cela a pris quelques jours avant qu'il m’adopte et que je l'adopte. Je l'ai baptisé Zeus. Il a fallu que je m'habitue à monter à cheval. Non, je n'ai pas fait d'équitation petite. Je suis tombée pas mal de fois, laissant sur mon corps quelques bleus et lâchant des jurons. Parfois, j'avais l'impression que Zeus se moquer de moi ou alors il était désespéré… Cette pensée me fait sourire.
Dans la grande banlieue de Washington, je traverse les rues avec Zeus à la recherche d'une… Intuition ? Pour optimiser la journée, il faut que je choisisse les bonnes maisons à fouiller et ne pas m'attarder sur celles qui sont délabrées. Les sabots qui claquent contre le bitume attirent des rôdeurs mais ils sont encore loin. Zeus n'a pas peur d'eux et heureusement.
Des silhouettes sortent d'une maison à quelques mètres. Rôdeurs ? Par précaution, je prends trois pieux dans ma main. Ils se tournent et braquent leurs arcs sur moi. Ce ne sont pas des rôdeurs mais quatre hommes vêtus d'armure un peu comme celle du Royaume. Mais ils ne sont pas du Royaume.
« Tout doux… » ai-je rassuré à Zeus en voyant les hommes s'approcher.
Un des gars s'avance les mains en l'air, les autres sont en arrière, arcs baissés.
« On cherche un des nôtres qui a été encerclé par des mordeurs. »
« Je viens du Sud, je n'ai rien vu. Désolée. » ai-je répondu.
D'un coup de rênes, j'ordonne à Zeus d'avancer.
« C'est rare de croiser une personne pacifique ces temps-ci ! Merci. » lance mon interlocuteur.
« De même… » ai-je marmonné.
Comme je l'ai déjà dit, je ne veux pas me mêler à un groupe. Je dépasse les hommes armés, ils ne bougent pas et tant mieux.
Je continue mon chemin, il reste moins de quatre heures de jour. En plus des fouilles, je cherche un endroit où dormir. Dans la banlieue, le plus souvent je trouve un garage où Zeus peut s'installer.
Dans une maison, j'ai découvert cinq boîtes de conserves et trois rôdeurs que j'ai tués même s'ils étaient inoffensifs. Leur corps en décomposition datant du début de l’apocalypse, ne pouvait plus se relever. Non, je ne les ai pas tués, je les ai libérés dans leur sort. À présent, on oublie qu'ils ont été des humains avant, on n'y voit que des menaces à éliminer.
Plus loin, je repère une habitation intacte avec un garage. Ça fera l’affaire pour Zeus. Pour la sécuriser, j'entre à l’intérieur. Elle est vraiment intacte. Si on enlève la poussière et les toiles d’araignées omniprésentes, on oublierait que les morts se réveillent. Toutes les photos de famille sont encore accrochées au mur. Pas de rôdeur au rez-de-chaussée. Mais ce que je trouve dans une chambre à l'étage me fige. Un oreiller troué. Deux squelettes d'enfant sont allongés sur le lit avec la mère au milieu. Tous avec un trou dans le crâne. Le père est assis sur une chaise face à sa famille, le pistolet à ses pieds. Même s'ils sont morts, j'ai l'impression d'avoir brisé leur intimité. Je ne prends même pas la peine de récupérer le flingue. Je sors de cette pièce précipitamment et la ferme à clé. Je crois que je n'aurais jamais pu faire comme eux, si j'avais été avec mes parents.
Zeus s’impatiente devant la maison, oui c’est bon… J'arrive. Lorsque je m’apprête à le rentrer au garage pour la nuit, des cris retentissent.
« Au secours ! »
Oh putain. Qu’est-ce que je fais ? J'ai dit que je ne voulais plus me mêler à ça. Les cris s’intensifient.
Et puis zut. Je remonte en selle et Zeus galope. Je cherche la source du bruit en parcourant chaque rue. Une petite cabane en bois, entourée d'une dizaine de rôdeurs, attire mon attention. Je mets Zeus en sécurité puis m'approche des râles habituels. Un arc comme ceux des quatre hommes de tout à l'heure est au sol, super c'est celui qui fait partie de leur groupe…
Moi qui ne voulait pas me mêler à des affaires de groupe, c'est mort. Je suis bien trop généreuse, ça me jouera des tours un jour.
Les rôdeurs occupés par l'homme dans la cabane, ne me voient pas arriver. Avec mon poignard, j'en abats trois par-derrière. M'ayant entendu, les autres se retournent en même temps. Je lance un à un mes pieux qui atterrissent dans le crâne de la cible. Les derniers, je les finis au poignard.
« Tu peux sortir. Les tiens te cherchent, ils sont allés au Nord. » ai-je soupiré en retournant voir Zeus.
« Merci… Attends, je ne peux pas marcher, ma cheville s'est tordue. Peux-tu m'aider encore une fois ? S'il te plait. » demande la voix masculine dans mon dos.
Je jette un œil à mon interlocuteur. En me voyant, il se fige bouche bée et moi aussi. Je ne pensais pas le revoir.
« Carmen. » souffle-t-il.
« Mason. »
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En couverture : une image d'une partie de Washington D.C. post-apocalyptique.
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Accordage Apocalypse
FanfictionPerdue. C'est le mot qui me convient le plus. J'ai perdu toute ma famille, mes amis, mes proches... Je me suis aussi perdue dans une forêt dense, au large d'Atlanta, mais, je commence également à me perdre sûrement à cause de la solitude. Cela fait...