« La nuit tombe. Il faut trouver un abri. »Les paroles du leader se noie dans le silence. Manquant de temps, nous n'avons pas pu quitter Atlanta. Le camion s’arrête net : personne n'a envie de bouger. Je pose le regard sur Maggie qui est rongée par la tristesse. J’ai besoin d'air.
Je rejoins alors Rick à l’extérieur.
« Ça va ? » demande-t-il.
« Hmm… Il faut que je me change les idées. »
« Trouvons un immeuble qui n'est pas détruit par le napalm. »
Après avoir prévenu les autres, nous marchons dans les rues désertes, armes en main. Les rôdeurs ont tendance à s’amasser en ville. Daryl, malgré les protestations de Rick, nous a rejoints.
« On avait Beth… Vivante. Mais Beth, a voulu, je pense faire peur à leur leader Dawn et lui a planté un ciseau dans l’épaule. Dawn lui a tiré dans la tête, comme par réflexe. » me raconte difficilement Rick.
Le cœur gros, je lâche un gros soupir tandis que les yeux du chasseur s’embrument.
« Je voulais que tu le saches. » continue-t-il.
« Merci. »
C'est tout ce que je pouvais lui répondre. Pendant notre marche, je fais la liste des morts dans ma tête, et celle-ci s’allonge. Combien perdrons-nous des membres du groupe encore ?
En tournant dans une ruelle, je m’aperçois qu'elle m'est familière. Un rôdeur, n’ayant plus de jambes et qui est coincé sous un cadavre squelettique, tente de nous attraper. Même si son visage est en état de décomposition avancé, je le reconnais par ses vêtements et ses bijoux. Je sais où nous sommes. Rick s'avance vers ce pauvre macchabée inoffensif.
« Attends… Je le connais. »
« Quoi ? » intervient le chasseur.
« Je connais cet endroit et cet homme enfin… Ce rôdeur. »
Je m'accroupis face à ce rôdeur.
« C’était mon manager, Mark. Si on continue tout droit, on débouchera sur l’entrée de la salle de concert. Quand tout a commencé et que je me suis enfuie, Mark était avec moi. Il s'est sacrifié pour moi ne sachant pas ce qu'il se passe. Alors je me dois de le libérer. »
J'enfonce tout doucement la lame à l’arrière de son crâne. Il est en paix maintenant.
Guidée par la nostalgie, je me rends devant l’entrée de l’immeuble. Comme des flash, je revois la vie d'avant : les gens qui marchent paisiblement dans les rues, le bal des voitures incessant, la ville illuminée,…
« Carmen, viens voir. » dit Daryl.
Posté devant un panneau publicitaire, il me montre du doigt une affiche. Pas n'importe laquelle : celle de notre concert. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant Jean se tenir devant moi.
Mes deux acolytes brisent la vitre puis prennent délicatement l’affiche et me la donnent.
« Vous êtes beaux tous les deux dessus. » commence Rick.
« Tant de souvenirs refont surface… »
Je place ce papier si précieux dans mon sac, à côté de la lettre de Jean. Quelques rôdeurs se montrent ce qui coupe cet instant nostalgique. Nous n'avons plus le temps de s’attarder ici.
« Pas loin, il y avait un hôtel. Je peux vous y emmener. » ai-je proposé.
« C'est mieux que rien. » rétorque le chasseur.
Nous parcourons le même chemin que j'avais emprunté le soir où tout a basculé. Les rues sont quasi désertes ce qui nous permet d'arriver rapidement à l’hôtel. Le bâtiment est légèrement marqué par le napalm mais quelques endroits ont été épargnés.
Armes en main, nous nous engouffrons dans ce qu'il reste de la réception. Les rôdeurs occupant les lieux sont vites éliminés par Daryl et Rick. Mais un des macchabées s’apprête à mordre le bras du leader quand je lance mon poignard.
« Pas de geste brusque pour toi. Mais… Merci. » dit Rick en me redonnant mon arme.
« Ça tire un peu mais c'est supportable. » ai-je rassuré en me tenant le flanc droit.
Après avoir sécurisé l'escalier centrale, je rejoins le long couloir des chambres. Étonnamment, il est complètement désert et silencieux. Numéro 124. C'est la chambre de Jean et à côté la mienne : il reste un petit bout du post-it que j'avais collé à sa porte pour le prévenir du napalm. Bien sûr, j'ai toujours un infime espoir de le trouver ici.
Je me souviens que je n'avais pas fermé la porte pensant déjà que le monde était foutu. Et j'ai eu raison. Pendant que j'ouvrais, cette idée me fait sourire.
Rien n'a bougé. Mes affaires éparpillées partout sur le lit sont telles que je les avais laissées. Je m'empresse de prendre quelques vêtements de rechange pendant que Daryl et Rick force la porte de Jean.
Toujours au mur est disposée ma petite guitare acoustique couleur sunburst. Je ne peux pas la prendre : nous n'avons plus de maison, elle ne sert à rien sur les routes. Je détourne les yeux avec un pincement au cœur. Sur la table de chevet, une boîte en chêne gravée de mon prénom est présente. C'est celle où je rangeais mon poignard avant, lorsqu’il avait peu d’utilité. En un geste rapide, je la mets dans mon sac.
Je rejoins les deux acolytes dans la pièce d'à côté. Des affaires sont aussi en bazar sur le lit et son poignard avec sa boite a disparu. Il est bel et bien parti. Sur sa table de nuit, il y a son harmonica Hohner : je le prends. J'embarque aussi un de ses t-shirts, pourquoi ? Je n’en sais rien. En sortant, je remarque qu'une photo de sa famille est au sol, il a dû la faire tomber dans la précipitation. Je la mets avec mes propres photos dans le sac.
« Cet endroit semble sécurisé. Toutes les autres portes sont verrouillées, j'ai vérifié chacune d’entre elles. On va pouvoir amener le groupe ici. » annonce Rick.
« Les cuisines sont en bas, on y va ? » ai-je demandé.
Nous faisons marche arrière et descendons aux cuisines. Jean aimait bien aller voir le chef et ses collègues pour les remercier en personne. Bonne nouvelle : elles n'ont pas été fouillées, on va pouvoir faire les stocks.
Le groupe est installé dans le couloir, même si nous avons quelques lits, on préfère rester ensemble. La douleur est encore bien vive pour nous tous. Devant le feu, je fais des petites entailles dans la moquette rouge.
« On va où maintenant ? » ai-je demandé.
« Hmm… Je pensais Washington même s’il n’y a pas de vaccin là-bas. On découvrirait peut-être de nouvelles structures. » propose Rick.
« C'est loin. » dit Tyreese.
« C'était un de nos objectifs. Autant y aller. » ai-je répondu en haussant des épaules.
« Mais ce n'est pas à l'Est. » rétorque Daryl.
Comprenant tout de suite à quoi il fait allusion, je le fixe.
« Je sais. Mais je vous suis. »
« Donc Washington, comme ça on passe par la Virginie pour aller chez Noah, à Richmond ? C'est ce que Beth voulait. » vérifie le leader.
Le groupe semble d'accord. Aucun ne riposte.
« Le chemin va être long, mais le principal c'est qu'on soit ensemble. » termine-t-il.
Carl se repose sur mon épaule avec Judith à côté de lui. La photo de Jean et de sa famille à la main, je ne cesse de la regarder. Washington… Je m’éloigne de toi. Mais un jour ou l'autre, je te retrouverai.
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En couverture : une image montrant Atlanta ravagée par le napalm. (Et Beth au loin)
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Accordage Apocalypse
FanficPerdue. C'est le mot qui me convient le plus. J'ai perdu toute ma famille, mes amis, mes proches... Je me suis aussi perdue dans une forêt dense, au large d'Atlanta, mais, je commence également à me perdre sûrement à cause de la solitude. Cela fait...