Chapitre 27 - Thomas (2/2)

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>>> PARTIE 2 <<<

On s'est embrassés.

Alors que je tiens le manche de la casserole d'où bout de l'eau, mes pensées s'égarent rapidement tandis que je fixe les bulles qui apparaissent. Ce qu'il vient de se passer tourbillonne dans ma tête. Déjà, ce baiser. Incroyablement bon. J'ai encore du mal à réaliser que nous l'avons fait. Je savais, ou en tout cas je l'espérais, que je ne lui étais pas indifférent, mais je ne m'attendais pas à ce que je compte pour elle à ce point. Je l'ai embrassé en premier, pourtant elle n'a pas hésité à relancer le baiser avec plus de fougue. On aurait dit un rêve tellement c'était parfait.

C'était la première fois que j'étais aussi proche d'elle, intimement parlant. Ses lèvres étaient si douces, ses doigts ensorcelants, son parfum à en faire perdre la tête. Ambre me plaît mais je crois que c'est plus que ça. J'ai des sentiments pour elle, des sentiments forts. Est-ce que je suis en train de tomber amoureux d'elle ? Sûrement. Et rien que d'y penser, ça me chamboule. J'imagine Ambre ressasser notre baiser derrière moi et les battements de mon cœur s'emballent.

Et puis, je repense à ma mère, à ses rappels incessants et sa manie de contrôler ma vie, même à l'autre bout du monde. Pourquoi dès que j'arrive à oublier ma maladie, elle me revient à la gueule encore plus brutalement ?

Je pense ensuite à Ambre. Au fait qu'elle fasse tant d'efforts, qu'elle s'ouvre autant à moi. Elle me confie des secrets sur elle que personne d'autre ne sait, elle m'offre sa confiance sans hésiter. Elle m'a parlé de ses poèmes et m'a avoué qu'elle n'était pas vraiment muette. Et moi... je ne lui donne rien en retour. Je suis là pour elle mais je parle rarement de moi. Et surtout pas de cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de ma tête.

Mais maintenant qu'Ambre prend plus de place dans ma vie et surtout dans mon cœur... je commence à me demander si je ne devrais pas aussi faire des efforts en retour. Lui parler de moi, de ce que j'ai vécu dans le Sud, de ce que je vis actuellement. Malheureusement, rien que d'imaginer lui avouer à propos de ma maladie, ça me glace le sang d'horreur. Si je suis venu ici, c'est parce que personne ne sait à propos de moi. C'est mon paradis éphémère. Cependant, si je lui en parle, tout ça va s'effriter. Mais elle a dû se dire la même chose à propos de son secret à elle. Elle se protégeait en faisant semblant d'être muette, pourtant, elle me l'a avoué. Elle a dû avoir peur que je lui en veuille d'avoir caché ça mais elle l'a fait. Elle est tellement courageuse et moi, tellement lâche.

Si je lui parle de ma maladie, est-ce que ça va changer quelque chose ? Est-ce qu'elle va me regarder différemment ? Est-ce qu'elle va se mettre, comme les autres, à me voir comme un fardeau, une chose fragile à surveiller, protéger, couver ? Est-ce que je vais y lire chaque fois que je la vois une inquiétude permanente dans son regard, comme ma mère ?

Ça me briserait. Avec elle, je me sens tellement bien, je ne veux pas que ma maladie gâche ça. Parce que si Ambre commence à se comporter comme mes anciens amis, comme ma mère, alors j'aurais l'impression d'être de nouveau à Marseille, en prison. Et je pourrais dire adieu à mon paradis de trois mois – deux maintenant.

Non, je ne peux définitivement pas le lui dire. J'aimerais tellement, pour lui montrer que je lui fais aussi confiance. Mais ça reviendrait à condamner ma paix ici. Mon semblant de vie de mec normal.

Soudain, alors que je m'apprêtais à lâcher le manche et saisir le paquet de pâtes, une violente douleur me tord le ventre et je me plie en deux en gémissant. Cette soudaine compression se répercute sur mes poumons et provoque une toux brutale que me prend de court. Le combo est si violent que mes jambes lâchent et je m'écroule à terre. Malheureusement, je tenais encore le manche de la casserole, si bien qu'elle tombe avec moi : l'eau brûlante se renverse à moitié sur moi et la casserole s'écrase par terre dans un bruit assourdissant. Cela m'arrache cette fois à petit cri de douleur et je jure avant de me remettre à tousser. Bordel, que ça fait mal !

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant