Au-delà des mots

Chapitre 33 - Ambre (2/2)

>>> PARTIE 2 <<<

— Léo, on va être retard !! Bouge ton cul ! hurlé-je alors que je sautille sur le palier de la maison.

Des jurons me répondent à l'étage et je souffle, agacée et stressée. Néanmoins, des pas ne tardent pas à retentir et bientôt, mon frangin déboule dans les escaliers, un sac-à-dos plein à craquer sur les épaules.

— Désolé, j'avais oublié de faire ma trousse de toilette, lâche-t-il en enfilant ses baskets d'une main.

Ma nervosité excessive semble déteindre sur lui car il a adopté ce tic de se mordre la lippe à chacune de ses phrases. Ça m'attendrit quelque peu de le voir aussi anxieux que moi alors que c'est moi qui vais me retrouver devant des dizaines de personnes et un jury. Je crois qu'il attend ça presque autant que moi.

— Grouille, le pressé-je exprès en sortant de la maison.

— Oui, oui.

Sous mon empressement, Léo s'emmêle les pinceaux et manque de trébucher en marchant sur son lacet. Il jure, se rattrape de justesse et sort à ma suite en repoussant ses cheveux châtains en arrière avant de rapidement fermer à clé derrière lui. Je ris, lui montrant que je me fous de sa gueule, et il me fusille de son regard orageux que l'on partage.

— C'est ça, rigole. On verra bien si tu fais encore la maligne devant les jurys.

Je lui tire la langue en guise de réponse et cours me réfugier à l'arrière de la voiture avant qu'il ne m'attrape. Au même moment, j'entends notre père, qui est en train de faire rentrer nos petits bagages dans le coffre, nous lancer :

— Les enfants, vous vous chamaillerez à Paris sous la tour Eiffel si ça vous chante. Mais là, j'aimerais éviter les bouchons alors on se dépêche.

— Oui, chef ! s'exclame Léo en lui passant son sac.

Mon père le range et claque la porte du coffre. Les deux hommes de la famille Delaunay s'engouffre ensuite à l'avant de la voiture simultanément et mon père démarre enfin. C'est parti pour plus de quatre heures de route.

Dès que nous arrivons sur l'autoroute, mon frangin connecte son téléphone en Bluetooth sur la voiture et met de la musique. Pass Me By de R5 et nous nous mettons rapidement à chanter à tue-tête. Ce groupe est notre favori à Léo et moi depuis des années. On connaît l'entièreté de leurs chansons par cœur.

Deux bonnes heures s'écoulent ainsi, dans la joie et la bonne humeur. Les musiques défilent, le trafic n'est pas trop dense, le soleil brille dans le ciel. Ça suffit à m'apaiser et réduire mes craintes vis-à-vis de ce qui m'attend à Paris. The Voice. Une nouvelle étape vers mon rêve. Une épreuve qui me donne envie de vivre encore plus.

Alors que mon père garde les yeux rivés sur la route, un sourire aux lèvres, je m'occupe en embêter mon frangin à l'avant. Je suis une sœur chieuse et je l'assume pleinement.

— Tu verras, gamine, si tu fais encore la fière quand je t'aurais jetée dans la Seine, me menace Léo en essayant d'échapper vainement à mes chatouilles.

— Si t'oses faire ça, je t'attache et t'emmène en haut de la tour Eiffel, répliqué-je, sachant qu'il a le vertige.

— Faites, les jeunes, faites, fait notre père avec amusement. Au moins, j'aurais la paix.

— T'es méchant ! nous nous exclamons en même temps.

Nous finissons par rire tous les trois. Un grand sourire aux lèvres, je reporte mon attention sur la route en face. C'est là que je vois l'improbable se produire sous mes yeux exorbités : sur la voie à notre droite, le cargo que transporte un gros camion bascule soudainement sur le côté, déviant la trajectoire du conducteur qui perd le contrôle de son véhicule. Le camion bifurque sur la gauche à une vitesse folle et nous coupe la route.